A. Mon plan Q de l'Enfer

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On ne finit jamais de connaître quelqu'un. Les gens se cachent, régulièrement, derrière des masques. Et malheureusement, c'est souvent bien trop tard qu'on réalise que certains sont des démons vêtus comme des anges.

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J'ai rencontré un mec sur un réseau social. On a bien discuté et on a décidé de se voir. Vu que je m'ennuyais, j'avais besoin de m'évader un p'tit peu. C'est toujours dans ces moments de faiblesse qu'on s'expose au danger.

Je donne ma localisation au mec que je devais rencontrer et celui-ci vient à la maison. À l'époque, je vivais chez ma grande sœur qui est mariée à un colonel. À ce moment-là, son mari était en mission.

Mon invité est arrivé pendant que ma sœur se reposait dans sa chambre. Donc, j'en ai profité pour monter avec lui dans la mienne. On a discuté pendant un bon moment avant de faire l'amour. On va appeler mon invité "Double face". Vous comprendrez pourquoi.

Après nos ébats, Double face décide de rentrer chez lui. Or, c'est à ce même moment que la CIE (Compagnie Ivoirienne d'Électricité) a choisi de couper le courant. Par conséquent, ma grande sœur qui était dans sa chambre décide de se rendre au salon parce qu'elle avait chaud.

Double face et moi, étions donc bloqués dans la chambre. Si on prenait le risque de descendre, elle aurait pu nous voir et se mettre à avoir des soupçons sur la nature de notre relation.

Double face n'arrêtait pas de me dire qu'il voulait rentrer chez lui. Il insistait. Pourtant, il voyait bien qu'on ne pouvait pas sortir. Nous sommes donc restés dans la chambre durant un bon moment. Puis, soudainement, Double face m'envoie un message. Je le lis. Il disait qu'il voulait 30.000 francs CFA. Surpris, je lui rappelle qu'étant dans la même pièce, il pouvait me parler directement au lieu de m'envoyer un SMS.

C'est à ce moment-là que mon invité va faire quelque chose de choquant. En effet, il a décidé de faire sortir son côté woubi. Pour les non-ivoiriens, il s'est mis à jouer le mec efféminé. Il s'est complètement métamorphosé. Le mec masculin que j'ai connu au début était devenu plus féminin que ma propre sœur. Je ne comprenais rien.

Pour éviter un scandale, je me suis mis à lui demander pardon. Je savais qu'il voulait se montrer ainsi à ma sœur pour me mettre dans la merde. Dans ma famille, personne ne savait que j'aimais les hommes. Double face voulait leur montrer ma double face et il fallait que je l'en empêche.

Plus je demandais pardon, plus il devenait incontrôlable. Mon cœur battait la chamade parce que ma sœur n'était pas loin. C'était un vendredi. Pour le stopper dans ses délires, je lui ai dit que j'allais lui donner l'argent qu'il me réclamait lundi. Il m'a mis en garde en m'affirmant que si je ne respectais pas mon engagement, il viendrait révéler toute la vérité à ma famille. J'ai réussi à le maîtriser et finalement, il a pu partir.

Malgré son départ, j'avais la boule au ventre. Je n'étais plus tranquille. Pour éviter que Double face vienne me mettre dans une position inconfortable, j'ai décidé d'en parler à ma sœur sur le coup.

Je suis allé la voir dans sa chambre. Quand bien même, j'étais tout apeuré et craintif, j'ai réussi à lui en parler. Elle m'a demandé si DF était rentré. Je lui ai répondu par l'affirmative. Elle a acquiescé. Fin de la conversation.

Comme je l'ai dit, c'était un vendredi. Le samedi, ma sœur ne m'a pas adressé la parole de la journée. Entre temps, son mari est revenu de sa mission.

Le dimanche, personne ne m'a adressé la parole. Ils m'ont tous ignoré.

Le lundi, ma maman devait venir à Abidjan. Mais, elle devait loger chez une autre sœur. Donc, je me suis rendu là-bas pour la voir. Or, n'oubliez pas, j'avais dit à DF que j'allais lui donner les 30.000 francs qu'il m'exigeait le lundi.

Pendant que je suis avec ma mère, la servante de ma sœur m'appelle pour m'informer qu'il y a deux jeunes qui sont veulent forcer pour rentrer dans la maison, et qu'ils sont en train de faire un vrai scandale.

Juste après, la servante a aussi prévenu ma grande sœur. Par conséquent, celle-ci m'a appelé pour me demander si je savais ce qu'il se passe. J'ai confirmé que je savais bel et bien ce qui était en train de se passer. Elle m'a donc demandé de revenir à la maison. J'y suis allé avec ma mère qui devait la voir.

Jusque-là, maman n'était au courant de rien. Par conséquent, j'ai été obligé de lui faire mon coming out avant qu'on n'arrive là-bas. Je ne voulais pas qu'elle l'apprenne de la bouche d'une autre personne. La pauvre avait tellement mal qu'elle s'est mise à pleurer sur le champ.

Quand nous sommes arrivés chez ma grande sœur, DF ainsi que son ami étaient là.

Ma grande sœur a donc demandé à DF pourquoi il faisait tout ce scandale. Voilà le scénario qu'il va nous servir maintenant.

Il se présente comme un jeune qui cherchait du boulot et dit que l'un de ses amis lui a donné mon numéro. C'est pour cette raison que je l'aurais invité chez moi avant de le faire monter dans ma chambre. Il dit qu'on a beaucoup causé et que j'ai commencé à lui faire des attouchements, par la suite. Mais lui, n'en voulant pas, c'est moi qui ai dû insister avant de finalement le violer. Et vu que selon lui, il s'y opposait, il a menti que je lui ai promis 150.000 francs CFA pour qu'il accepte de coucher avec moi.

La camarade de ma grande sœur, vu qu'elle était là, lui demande : « Toi tu dis qu'on t'a violé oh, et puis tu n'as pas crié ? Nous même qui sommes des femmes, quand ça rentre, on crie. Cui qui est petit comme ça, on te viole et tu ne cries pas ?! »

Il répond avec la plus grande sérénité que j'avais attrapé sa bouche.
Voilà l'affaire maintenant !

Pendant ce temps, le colonel (le mari de ma sœur) a appelé son épouse. Elle en a profité pour lui expliquer le problème avant de le mettre sur haut-parleur.

Il a répondu que si DF prétend avoir été violé, on va devoir tous se rendre à la PISAM (Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie) pour qu'on lui fasse des analyses qui prouvent qu'il a été bel et bien été violé. Et si jamais c'était le cas, mon beau frère nous a dit qu'il ne se gênerait pas pour me foutre en prison sans état d'âme. Mais, il a ajouté que s'il n'y avait pas eu de viol, DF et son ami auraient de graves problèmes.

Les deux imposteurs ont commencé à avoir peur et finalement, ils ont avoué la vérité. DF a travesti ses propos et a avoué à l'amie de ma sœur qu'il n'avait pas été violé. Il s'est justifié en disant qu'il a juste vu une grande maison et donc pensait pouvoir se faire facilement du fric.

Pour éviter d'envoyer l'affaire plus loin, pour ne pas que mon nom ainsi que celui de la famille soit cité, on a laissé tomber. Toutefois, on a beaucoup menacé DF et son ami avant qu'il ne repartent.

Étant chez ma sœur, je devais gérer une petite entreprise qu'elle mettait en place. À cause de l'histoire en question, j'ai dû quitter la maison. J'ai perdu ainsi l'opportunité qui m'était destinée. Du côté de ma famille, j'ai fait mon coming out à mes parents. Ma maman avait beaucoup de peine et m'en voulait car je ne lui en ai pas parlé depuis que j'ai commencé à ressentir mon attirance pour les hommes.

Dix années se sont écoulées depuis cette affaire. Le mari de ma sœur ne m'a plus jamais adressé la parole. Tandis qu'avec ma sœur, ce n'est plus comme avant.

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S'il y a bien une chose qu'on peut retenir de cette histoire, c'est qu'il faut être très prudent. Je m'adresse aux gays qui vivent dans des pays où l'homosexualité est mal vue. Le manque de sexe ne va pas vous tuer oh ! Travaillez dur pour être indépendants ! C'est le plus important.

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