Miradjinn

Chapitre 7 : Les chaînes de l'injustice

Nous étions dans les entrailles du domaine, un cachot sombre et froid. Les murs pleuraient d'humidité, et les ombres dansaient comme des spectres d'un passé oublié. Mais même dans cette horreur, il y avait une beauté tragique, une humanité qui brillait comme une étoile dans la nuit.

Je fixai Suraken, ses yeux remplis de douleur, son visage marqué par la souffrance. Le silence s'était prolongé, un voile épais qui enveloppait nos âmes. Finalement, ma voix trouva son chemin à travers le silence.

"Suraken," murmurai-je, "Comment as-tu survécu à tout cela ? Comment trouves-tu encore la force de continuer ?"

Il tourna lentement la tête vers moi, ses yeux emplis de tristesse. "Zayn," répondit-il, "la survie n'est pas un choix, c'est une nécessité. La force vient de l'espoir, de la foi en un avenir meilleur."

Nous nous regardâmes, deux esprits brisés mais non soumis. L'inquiétude me rongeait, et je posai une autre question. "Qu'est-il advenu de tes amis, des autres villageois, et surtout de ta petite sœur, Anaya ?"

Il ferma les yeux un instant, puis répondit d'une voix douce. "Ils ont tous été achetés, Zayn. Anaya a été emportée par un maître différent. Je suis inquiet pour elle."

Ses mots résonnèrent en moi, éveillant une série de questions qui avaient germé dans mon esprit lors de son récit. Des incohérences, des anomalies qui défiaient la logique et l'ordre du monde tel que je le connaissais.

"Lorsque mon père m'éduquait et m'apprenait le monde, il m'avait raconté qu'avant ma naissance, les 6 continents avaient signé un traité de paix," avais-je dit, ma voix tremblante, trahissant ma confusion. "Un traité qui interdisait l'esclavage entre continents alliés. Comment était-ce possible, Suraken ? Comment Novea avait-elle laissé passer ça, et pourquoi Kibara avait-elle fermé les yeux là-dessus?"

Suraken m'avait regardé, deux esprits brisés mais non soumis. Il avait pris une profonde inspiration, comme s'il cherchait à rassembler ses pensées, puis avait répondu lentement, pesant chaque mot. "Je ne peux que supposer, Zayn. Les informations que j'ai pu glaner sont fragmentaires et contradictoires. Mais ce que je sais, c'est que l'attaque de notre village n'était pas un acte isolé."

Il avait marqué une pause, son regard sombre. "Il y a des êtres hauts placés, suffisamment puissants pour avoir osé enfreindre l'une des clauses du traité de paix. Quant à Kibara, notre monarque était dans une position délicate après la signature du traité, et il n'avait pas l'autorité nécessaire pour réagir."

Je pouvais voir la douleur dans ses yeux alors qu'il continuait, sa voix tremblante. "Je me rappelle de Jengo, ivre de la réussite du plan, exprimant ses craintes que le plan échoue. Mais leur chef avait donné l'ordre de continuer, malgré l'interdiction. Nous étions pris dans une toile d'intrigues et de trahisons, où les règles étaient bafouées par ceux qui devraient les défendre. Nous étions victimes de la cruauté de nos maîtres, mais aussi des machinations de forces puissantes et insaisissables."

Le silence était retombé dans la cellule, lourd de révélations et de questions sans réponse. Nous nous étions regardés, deux âmes brisées mais indomptées, unies dans notre lutte contre l'injustice et la cruauté.

La trahison, l'intrigue, la complexité de la situation – tout cela résonnait en moi. "Je ne peux pas croire que des êtres si haut placés puissent agir de la sorte," dis-je, ma voix chargée d'indignation. "Comment peuvent-ils jouer avec nos vies?"

Je regardai Suraken, cherchant à comprendre. Mais ses yeux ne reflétaient que la dure réalité, une réalité amère que nous devions accepter.

Après un moment de réflexion, marqué par le poids des révélations et la dure réalité de notre situation, je sentis le besoin de détourner nos esprits de ces pensées accablantes. "As-tu déjà entendu parler de la légende du Soulmaster ?" demandai-je, ma voix cherchant à apporter une lueur d'espoir dans l'obscurité de notre cellule.