Chapitre 7

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Mes lèvres s'étirent légèrement lorsque mes yeux se posent en premier sur la liste de citations collée au mur en face de son lit. Jordan s'allonge sur ce dernier et brandit un casque qu'il met sur ses oreilles. J'inspecte l'endroit, c'est un vrai bazar ! Le lit n'est pas dressé, le bureau est dans un sale état, regroupant reste de chips, paperasse de toute sorte et bouteilles d'eau vides ou presque. Le sol est jonché d'objets, je marche sur un câble électrique qui relie l'ordinateur de bureau à une rallonge à l'autre bout de la pièce. La penderie déborde d'un tas d'habits. La pièce est sombre et sent le renfermé.

— Fais comme chez toi, lance-t-il, les yeux plongés dans son téléphone.

Je n'ose lui avouer que ce serait chose impossible au milieu de ce désordre infernal. Je me dirige vers la fenêtre et l'ouvre, histoire d'aérer un peu. Celle-ci offre une vue panoramique du quartier, me rappelant que la maison est située en hauteur.
Je retourne près du bureau et me pose sur la chaise.

— Tu ne ranges jamais ici ?

Mes paroles ne semblent pas lui parvenir, pas étonnant vu qu'il a un casque aux oreilles. Je renonce à vouloir me faire entendre sur le champ, toujours un petit peu mal à l'aise. Lorsqu'il s'écoule le temps de trois chansons au moins, ma nature reprend le dessus et me mène vers Jordan. En me voyant plantée devant lui, il retire le casque et m'interroge du regard avant d'amorcer :

— Tu as besoin de quelque chose ?

Je réponds négativement de la tête.

— Par contre je te conseille de faire un peu de ménage.

Il esquisse une grimace contestante.

— Mouais, je marmonne tout en posant une main sur ma hanche... ça ne me surprend guère à vrai dire.

— Tant mieux.

— T'es quand même au courant d'avoir enfreint la deuxième règle, n'est-ce pas ?

— Arrête, il restait moins de 30 minutes...

— Assez pour mettre ta dissertation au propre.

— Je le ferai ce soir et te l'enverrai sur WhatsApp.

Je souffle, un brin énervée.

— Tu sais quoi, j'ai une idée : on devrait travailler ici les week-ends pour éviter d'être interrompus par Boris, il n'entre pas dans ma chambre.

— Hors de question. Jamais je ne tiendrais ici plus de vingt minutes.

— Roh... fais pas genre aussi hein, je suis presque sûr que chez toi c'est pareil.

Il a tort. Je ne suis sans doute pas une maniaque compulsive mais je suis loin d'être aussi bordélique.

— Absolument pas. Tu peux vérifier par toi-même un de ces quatre.

Une seconde. C'est moi, ou ma phrase semble véhiculer un message pas très catholique ? Je prie pour que ce soit moi.

Zut ! Le sourire mutin qu'il affiche me fait comprendre que ce n'est pas moi.

— Tu sais que ce n'est pas ce que je voulais dire, je râle en levant les yeux au ciel.

— Ah, fait-il en levant les mains d'un air innocent, moi je ne sais rien du tout, j'ai entendu ce que je devais entendre, et sache que c'est volontiers que je te laisserais me faire visiter ta chambre.

Je croise les bras sous ma poitrine, dépitée.

— Vraiment ? Je croyais que je n'étais « pas ton genre de fille ».

Le roman de Kelly Where stories live. Discover now