AUTOFOCUS

Chapitre 8

-Peut-être, je réponds de la même manière.

-Je vais culpabiliser maintenant.

Je ris doucement et remonte ma cuisse contre mon torse.

-Louis, je...

Il souffle profondément et passe sa main dans ses cheveux.

-Qu'est-ce qu'il y a ? je l'encourage un peu.

Au fond de moi, j'ai une drôle de sensation, un mauvais pressentiment. Il se mord la lèvre et semble assez stressé.

-Tu veux me virer ? je plaisante gentiment.

-Non, il rit en secouant la tête. Non, pas du tout. Pourquoi ? Tu veux partir ?

Le chanteur tourne à nouveau la tête vers moi, appréhendant ma réponse.

-Non... Pas du tout.

Harry sourit, sans me quitter des yeux. On se regarde pendant un petit moment sans rien dire et je sens peu à peu les battements de mon cœur s'emballer.

Il faut que j'arrête ça tout de suite.

Je me redresse et reprends mon ordinateur sur la table basse.

-Sérieusement, Harry... arrête de regarder l'appareil. Ce soir je n'ai pas une seule photo où tu n'es pas tourné vers moi.

-T'as quand même conscience que ce n'est pas ton appareil que je regarde ?

Ma respiration se coupe alors que j'arrête de faire défiler les photos. Je ne sais pas quoi lui répondre, choqué par son aveu. Je me racle la gorge, cherchant comment fuir cette conversation.

-Arrête de me regarder, alors.

-Je n'y arriverai pas. Je te jure que j'essaye vraiment, mais...

Il se rapproche un peu de moi et par réflexe, je me lève pour m'éloigner du chanteur. Il observe mon mouvement de recul, choqué et un peu blessé.

-Je... je devrais aller me coucher.

Je range mon ordinateur et mon appareil alors qu'Harry se lève. Il s'approche de moi et ses doigts entourent délicatement mon poignet pour m'inciter à arrêter. Je frissonne en sentant la chaleur de son contact se propager sur ma peau.

-Tu ne vas pas me dire que je me fais des films depuis que tu es arrivé ?

J'ai du mal à respirer tellement mon cœur bat vite alors que mon estomac se noue d'une manière très agréable.

-Harry, tu... t'es mon client, je...

-Arrête de réfléchir.

Je sens sa main libre passer sous mon menton pour m'inciter à relever la tête. Nos regards s'accrochent aussitôt et je sens déjà que je suis en train de craquer. Son souffle effleure mon visage alors qu'il se rapproche en douceur, collant son front contre le mien. Il est si proche, je...

On sursaute tous les deux et on s'éloigne lorsque la porte du salon s'ouvre, laissant apparaître une employée de l'hôtel. Elle semble aussi surprise que nous et s'excuse à plusieurs reprises avant de repartir.

J'inspire profondément, encore choqué par cette interruption qui m'a remis les idées en place et prends mon courage à deux mains pour regarder Harry. Il me fixe, restant bien silencieux.

-Tu ne t'es pas fait de films...

Son regard s'illumine et il refait un pas vers moi, mais je secoue aussitôt la tête.

-Mais je ne peux pas, je suis désolé. C'est... On ne peut pas.

-Mais pourquoi ?

-Je travaille pour toi, c'est... c'est pas professionnel.