Chapitre 2 - Aurel

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Mes sacs s'échouer au sol dans un bruit lourd et je m'adosse au mur. Je suis le premier. Les autres ne sont pas encore arrivés.

Comme demandé, je suis sur le parking du gymnase à 17 h 30. Les écouteurs dans les oreilles, j'essaie de cesser de m'agiter. Qu'est-ce que ce week-end nous réservera ? Impossible de le savoir, ni même de me relâcher. Je relève la capuche de mon sweat noir puis ferme les yeux. La fatigue accumulée des derniers jours pèse sur mes paupières. J'appréhende tant que j'ai eu un mal fou à trouver le sommeil cette nuit. Cette fin de trêve sportive a été remplie de sensations fortes et je ne cesse de ressasser tout ce qui s'est passé.

J'enfouis mes mains dans mon jogging.

Va-t-il venir ?

La question tourne en boucle. Léo ne s'est pas pointé hier à l'entraînement et je ne comprends pas pourquoi. Mon cœur s'accélère à la pensée du meneur et capitaine des WARRIORS. J'imagine ses yeux en amande et ses nombreuses éphélides. Celles-ci soulignent son regard châtain qui me fixe toujours avec cette intensité, cette légendaire provocation qu'il a en lui. Léonard Legrand est capable de vous river au sol d'un coup d'œil. Je ne suis jamais vraiment en possession de tous mes moyens lorsqu'il plonge ses iris dans les miens. J'ai sans cesse l'impression de me débattre pour qu'il m'accorde un peu de répit. Malgré ça, je ne peux pas vraiment supporter qu'il se désintéresse de moi.

Nous pourrions très bien nous ignorer ou laisser l'autre vivre sans s'en préoccuper. Nous ne sommes même pas amis. Pourtant, depuis que Léo est mon capitaine, il a réveillé cette partie de moi, ce besoin de démontrer que je ne suis pas singulier... Que je ne suis pas n'importe qui.

Je n'ai rien à lui prouver, mais je déteste le voir s'éloigner. Je suis incapable d'expliquer la relation que nous avons créée avec Léo depuis ce début de saison.

Et je ne pourrais rien y changer...

Le minibus conduit par le coach apparaît devant moi et je lève la tête. J'aperçois soudain la silhouette de Léo à travers les vitres du véhicule et ma respiration se coince dans ma gorge. Il est là. Léonard passe sa main dans la capuche de son pull pour replacer sa casquette et empêcher sa tignasse décolorée de manger son visage. J'observe les traits de sa mâchoire tandis qu'il se mordille la lèvre, jouant avec son piercing au labret. Ses sourcils bruns et fournis sont froncés, comme bien souvent et mon cœur rate un battement. Le sweat noir qu'il porte est beaucoup trop grand pour lui, mais tombe parfaitement sur ses larges épaules. Son jean déchiré au niveau du genou et de la cuisse, laisse voir ses muscles fuselés.

Ce type n'est pas humain, c'est pas possible.

Il ne fait aucun effort pour être présentable, mais d'une certaine manière, finit toujours par attirer le regard. Sa démarche nonchalante lui donne un air prétentieux, comme s'il se foutait de tout. Ça a le don de m'agacer d'ailleurs. L'attitude est accordée à son sarcasme et ne falsifie en rien le personnage.

Quel chieur.

Je gronde en me rendant compte qu'il approche. Je n'ai pas vu Léo depuis hier matin et j'appréhende sa réaction. Avec chance, Bisot ouvre les portes du minibus, je me dépêche de m'y engouffrer.

— Bonjour coach.

— Salut Faure, tu es le seul arrivé à ce que je vois, grommelle-t-il. C'est déprimant.

Je m'installe au fond à gauche de la dernière rangée, contre la vitre, puis souffle de soulagement, la tête baissée. Je n'ai pas du tout envie de me retrouver nez à nez avec Léo. Là, au moins j'aurais la paix.

WARRIORS - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant