Ses yeux, qui sont les mêmes que moi, me détaillent avec déception.

- Maintenant Benito aussi va mourir à cause de toi - fait-il d'un ton accusateur.

Ma salive est pâteuse, mes lèvres comme ma gorge sont sèches. Je n'ai pas la force de lui répondre. Je me laisse à sa merci à l'écoute de tous ces actes monstrueux que j'ai pratiqué dans le passé.

- Tu luttes contre la pédophilie, le trafic d'humain et surtout les violeurs parce que tu te sens coupable de ce que t'as fait. Tu leur fait payer leurs actes, alors que t'es pas pas si différent d'eux.

Mon cœur rate un battement. Il sait très bien que je n'avais pas le choix. J'étais obligé.

- Ferme là...ferme là...ferme là - murmure-je faiblement.

- T'as pas voulu dire à Rosa que-

- PARLE PAS DE ROSA! - je m'écrie avec le peu de force que mon corps possède. Au même moment, la silhouette de Rosa apparaît alors que celle du fantôme disparaît.

La brune me regarde avec les sourcils froncés alors que j'essaie de reprendre lentement le souffle.

Ces crises m'ont toujours effrayés. Elles me donnent l'impression que je suis un fou mourant.

Avec une main sur la poitrine j'essaye de me calmer. Je ne veux pas que Rosa me voit dans cet état.

- ça va? - me demande-t-elle. À cause de la blessure, elle avance vers moi en boitant.

Je déglutis et essaie de reprendre mes sens comme si rien n'était.

- Tu vas te faire mal - je désigne du menton sa plaie.

Elle secoue nonchalamment ses épaules et contourne le bureau jusqu'à être à côté de moi où elle finit par s'asseoir sur le bureau et jeter un regard rapide sur les feuilles éparpillées.

Je me rappelle que les dossiers sur Gabriele sont parmi eux, je range donc rapidement les feuilles sous son regard curieux.

- Tu parlais avec qui?

Je sors une clope que j'allume et tire une latte laissant la nicotine noircir encore plus les poumons.

- Personne - dis-je en fixant l'endroit où le fantôme qui me hante était présent. Comme si je voulais m'assurer qu'il n'est plus présent.

- Menteur - souffle-t-elle. J'arque un sourcil face à sa réponse le tout en détendant mon dos contre le dossier de ma chaise le laissant s'effondrer dedans - J'étais là. T'avais pas remarqué ma présence. T'étais sombré par tes angoisses et par l'apparition imaginaire de quelqu'un. Tu faisais une crise d'angoisse.

Sa présence m'apaise. Entendre sa voix mielleuse me parler aussi calmement, je pourrais l'écouter pendant des heures sans jamais m'en lasser. Si seulement je pouvais garder chaque chose d'elle, qu'à moi je le ferais.

Sa voix, son toucher, son goût, ses battements de cœur, son sourire...tout.

- Pourquoi t'es venue? - Je lui demande.

D'habitude elle ne quitte pas sa chambre pour me chercher, mise à part quand elle devait aller au salon ou à la cuisine. C'est la première fois qu'elle me cherche et me rejoint de son propre gré.

- Je t'ai envoyé un message pour demander des nouvelles de Ben mais tu ne m'as pas répondu, donc je suis venue les chercher en personne.

Je prends le téléphone posé sur le bureau que je n'ai pas touché depuis que j'ai commencé ma recherche sur Ben, et voit qu'effectivement qu'elle m'a envoyé plusieurs messages.

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