44/

15 2 2
                                    




Je joue avec ma valise en attendant que Madame Herrero finisse de s'entretenir avec son ami et propriétaire de l'hôtel. Tous les autres sont déjà dans le mini-van qu'elle a appelé pour nous ramener à l'aéroport.

Pour l'instant, je n'ai pas envie de me mêler à la masse. La nuit s'est écoulée dans un brouillard, graciée par ce sommeil étrange qui donne l'impression de ne pas s'être reposée au réveil.

Je crois que je me suis endormie dans les bras d'Angel et cette pensée pèse lourd dans ma poitrine.

Quand j'ai ouvert les yeux, sa valise était déjà bouclée et il était parti se réfugier sur la terrasse. Je n'ai rien dit lorsqu'il est rentré pour jeter son mégot à la poubelle. Après tout, nous avons tous nos mauvaises habitudes.

J'ignore tout de son histoire, toutefois, l'horrible idée que j'ai pu le faire replonger dans une ancienne addiction à cause de mes conneries m'a serré l'estomac.

Au moment où ma voisine me fait signe pour y aller, j'inspire un grand coup puis la suis vers la sortie. Je prends le temps de m'imprégner une dernière fois de la vue, de l'air et de la chaleur du Mexique.

Cet endroit va me manquer, en dépit de toutes les bêtises que j'ai faites sur son sol.

Je charge ma valise dans le coffre plein et me glisse jusqu'à la banquette arrière en souriant comme je peux aux petits vieux déjà installés.

Cette attitude morose ne me ressemble pas. Il faut que je me ressaisisse.

Pourtant, mes résolutions se heurtent aux yeux bruns de mon colocataire. Comme à l'allée, nous sommes condamnés à nous retrouver côte à côte, mais tant de choses se sont produites depuis ce jour que j'ignore ce que je ressens à ce propos.

C'était tellement plus simple lorsque j'étais convaincue de le détester.

Pour une fois, aucune vanne ou pique ne me vient à l'esprit alors je me contente d'attacher ma ceinture en silence. Madame Herrero vérifie à nouveau que tout le monde est prêt avant d'indiquer au chauffeur qu'il peut démarrer.

J'appose ma tête contre la vitre, me concentrant sur le paysage qui défile à l'extérieur. Mon doigt s'est mis à jouer avec l'ongle de mon pouce sans que je ne puisse le commander.

Cependant, une pensée horrifique vient perturber mon épisode de martyr.

— Putain ! ne puis-je m'empêcher de lâcher tout bas.

Mon juron n'était pas assez fort pour que les autres l'entendent, par ailleurs, il n'échappe pas au jeune homme assis près de moi.

— Laisse-moi deviner, tu as oublié ta charlotte dans la chambre, c'est ça ? raille Angel.

Le fait qu'il s'adresse à moi de son ton monocorde me rassure presque. Ce côté de sa personnalité est bien plus facile à gérer que celui que j'ai entrevu hier. Il réveille mon irrépressible envie de l'invectiver à mon tour.

Je grimace.

— Non, ne t'inquiètes pas, mes cheveux se porteront bien cette nuit et les nuits d'après, contré-je. J'ai juste oublié d'acheter le magnet que m'a demandé ma mère. Elle tient à en avoir un de tous les pays qu'on a visités.

Mon colocataire souffle du nez. Encore une fois, l'entendre se moquer de mon malheur me conforte malgré moi.

— Tu n'auras qu'à en acheter un à l'aéroport.

Je prends enfin la peine de me tourner vers lui afin de le dévisager avec dédain.

— Et payer un stupide aimant à frigo plus de sept pesos ? Tu me prends pour un pigeon ou quoi ?

Sativa: Feel in a HeartbeatTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang