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Je comptais passer la journée enfermée dans ma chambre mais l'énième grognement furieux de mon ventre finit par me convaincre. Parfois, j'ai l'impression d'héberger un ours là-dedans.

Je pousse la porte. Il n'y a pas un bruit dans l'appartement. J'espère que Monsieur De Los Santos utilise sa nature démoniaque pour vaincre la faim et qu'il est toujours terré dans sa tanière.

Malheureusement, mes espoirs sont vains. En dépit du téléviseur éteint, Angel est sur le sofa, allongé sur le dos de tout son long. Ses bras sont croisés derrière sa tête.

Il dort.

Je ne croyais pas que ce type pouvait dormir. Est-ce que les démons ont eux-aussi besoin de sommeil ?

Je pourrais faire exprès de provoquer un raffut monstre, histoire de le réveiller, cependant, je préfère éviter toute confrontation.

Il m'agace. Et l'épisode de la voiture est encore trop frais. C'est pourquoi, je m'avance à pas feutrés vers le frigo puis saisis un yaourt.

C'était le dernier, j'ai hâte de voir sa tête lorsqu'il réalisera que son met de prédilection a déserté.

J'imagine que je suis la seule folle à aimer les yaourts avec des morceaux de fruits dedans car les siens sont mixés. À la fraise.

Basique. Je n'en attendais pas plus d'un type sans âme.

Mes yeux décident de glisser vers lui. Ses cheveux bruns tombent un peu sur ses paupières closes. Il a de sacrés cils mine de rien, je pourrais presque en être jalouse.

Le petit tatouage sur l'arrière de son avant-bras droit attire mon attention. Une structure moléculaire avec cinq cycles carbonés et un groupement CH3 en son extrémité droite.

Même si mon père a dû me voir renoncer à des études purement scientifiques, j'avais longuement hésité à suivre un cursus sur la toxicologie. Ironique pour une fille qui s'appelle Sativa.

C'est la représentation de la morphine -j'en connais deux ou trois par cœur, principalement celles des drogues les plus dangereuses-.

Angel est donc le genre de mec à se tatouer la structure d'un analgésique. Super, il est encore plus étrange que ce que je croyais. Après tout, il m'a dit qu'il ne fumait pas, pas qu'il ne touchait pas à d'autres trucs plus forts.

Un troisième toxico à ajouter à la liste de mes connaissances. Diego et mon père volent déjà les deux premières places.

Je secoue la tête pour m'extraire de ma contemplation. Il ne mérite pas mon temps, ni mon intérêt. Qu'il aille crever sous un camion.

Ma main glisse vers le tiroir des couverts. Ce serait l'occasion rêvée de le tuer. Il est juste là, sans défenses -d'ailleurs, je trouve ça très stupide de sa part de taper un somme sur le canapé alors qu'il sait très bien qu'on ne s'apprécie pas-. Je dois juste réfléchir à la façon dont je vais cacher son corps et expliquer sa disparition.

— Dépose le couteau.

Je sursaute au son de cette voix avant de baisser la main vers mes doigts. Je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais saisi un couteau au lieu de la cuillère que je cherchais au départ.

Ok, je suis peut-être bien plus dérangée que ce que je pensais. Je n'ai pas dû lire assez mes cours de psychologie.

Je range le couteau à sa place et le troque contre une cuillère.

— Tu possèdes quoi au juste ? lancé-je. Un sharingan ?

Il semblait dormir il y a de cela deux minutes et il n'a même pas ouvert les yeux, comment se fait-il qu'il ait su -avant moi- que j'avais pris un couteau ?

Sativa: Feel in a HeartbeatWhere stories live. Discover now