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— Vous êtes de véritables génies !

J'éclate de rire en voyant Madame Herrero, Lucile et une de mes voisines qui habite au deuxième étage. Je ne sais pas quand est-ce qu'elles ont eu le temps de préparer tout ça mais leurs costumes sont incroyablement bien trouvés.

Les trois sorcières mythiques de Hocus Pocus.

Les perruques noire, rousse et blonde de mes voisines me font délirer. Sans parler de leurs longues robes et de leurs maquillages presque burlesques. À vrai dire, elles sont aussi marrantes que resplendissantes.

— Et toi, tu es magnifique ! s'écrit Rosalía.

Elle me fait tournoyer devant son mari, fière de son choix. Ce dernier est déguisé en Billy Butcherson, le fameux mort-vivant maudit dans le film. Leur inventivité me rendrait presque jalouse.

— Depuis quand est-ce vous aviez prévu cette soirée ? je demande. Vous semblez prêts depuis des mois avec des costumes aussi élaborés !

— Rosie a convaincu le propriétaire depuis qu'elle a su que le projet du voyage était devenu sérieux, rigole Ernesto. Je n'étais pas forcément emballé mais je ne peux rien refuser à ma formidable femme.

Je souris, attendrie par l'usage de ce surnom ainsi que par ses paroles. Ils sont si amoureux. J'ignore depuis combien de temps ils se connaissent, toutefois, leur passion semble aussi intacte qu'au premier jour.

Monsieur Herrero l'invite ensuite à danser et elle le suit en gloussant comme une adolescente. De son côté, Lucile m'empoigne pour me conduire auprès de la table des boissons. Je lui montre mon verre à moitié plein lorsqu'elle me propose une coupe de champagne.

J'ai dit que je me tiendrai bien. Au moins durant la première heure pour préserver les apparences. Après je ne promets pas de pouvoir résister à l'appel de l'ivresse.

Moi, faible face à l'alcool ? Jamais, voyons.

Je sirote mon whisky-coca en regardant les autres personnes présentes. Plusieurs d'entre elles -hommes comme femmes- me sourient quand elles surprennent mon regard sur elles. Je réponds comme je peux.

Je ne suis pas habituée à tant de gentillesse, j'ai l'impression que les gens sont toujours plus attentionnés avec moi dans un pays qui n'est pas le mien.

La musique est vraiment bonne, si je n'étais pas une coincée du cul incapable d'oser sans l'aide d'un peu d'éthanol, j'aurais sûrement été en train de danser.

Madame Herrero revient vers moi après au moins quatre morceaux enflammés aux côtés de son mari. Elle s'empare d'un verre de tequila puis m'en fourre un dans les mains malgré mes protestations -clairement fausses mais quand même !-.

— Allez, amuse-toi Sativa ! rit-elle. Nous sommes au Mexique et tu es jeune. Si tu ne profites pas maintenant, tu ne le feras jamais.

Je suis tentée de lui dire qu'elle semble plutôt bien profiter à son âge aussi mais je préfère hocher la tête en vidant la tequila. J'intercepte le regard de mon colocataire au moment où je dépose le verre vide sur la table. Il est probablement en train de constater une nouvelle fois mon alcoolisme chronique.

Rien à foutre, il peut aller se brosser les dents.

Malheureusement, Rosalía l'aperçoit aussi. Le rictus taquin qui naît sur ses lèvres ne me plaît pas du tout. J'ai à peine le temps de cligner des yeux qu'elle me pousse vers Angel.

— À en juger par tes talents pour le tango, je suis certaine que tu excelles à la bachata, glisse-t-elle malicieusement à mon oreille. Angel est aussi un très bon danseur.

Sativa: Feel in a HeartbeatWhere stories live. Discover now