Écorchés Tome 1 (Correction)

40. Pimenter une soirée

Anabel

Vendredi 17h50,

Je me garai devant le cabinet du Dr Linch un peu stressée et pressée de le revoir. Je n'avais plus reçu de message de Joshua. Il n'avait rien répondu à mon "je t'embrasse". Je me demandai si je n'avais pas été trop vite en besogne le concernant.

Certes notre relation avait pris un tournant différent, pour le mieux, et il avait accepté sans trop de réticence que je le rejoigne chez lui après mon rendez-vous. Mais il s'agissait de Joshua Bennett, je n'étais pas assurée qu'il ne soit pas contrarié par ce qu'il devait estimer être un affront de ma part.

J'entrai dans ce que je pensais être une salle d'attente. Il n'y avait pas de secrétaire. J'attendis sagement en vérifiant encore une fois sur mon téléphone que je n'avais pas reçu de message de sa part, mais rien.

Un diner au restaurant ne veut pas dire non plus qu'il est prêt pour les mamours et les bisous dégoulinants de mièvreries. Je ne dois pas m'enflammer, il a été très claire, pas de sentiments, ni d'affection particulière envers moi... Il ne peut pas... ou il peut mais ne veut pas... ?

Le Dr Linch ouvrit une porte sur ma gauche.

-- Bonjour Anabel, vous êtes prête ? demanda-t-il enjoué.

-- Bonjour Alec, prête, souris-je en enfermant mes dernières réflexions dans un coin de mon cerveau.

-- Suivez-moi, m'intima-t-il gentiment tandis que j'obtempérai.

-- Vous pouvez vous asseoir dans ce fauteuil, dit-il en me le montrant. Ou dans ce canapé, c'est vous qui choisissez.

-- Je vais prendre le fauteuil, merci.

-- Bien quand vous êtes prête à parler, on y va, m'encouragea-t-il.

-- Alors par où commencer. Il y a eu tellement de nouveaux évènements.

-- Commençons par Joshua, si vous le souhaitez.

Je fus assez nerveuse en abordant ce sujet. Pourtant je lui parlai de lui en essayant de rester la plus objective possible. Je lui racontai tout ce qui s'était passé cette semaine. De mes fesses violettes à mon voyage à Phœnix, j'essayai de ne rien oublier dans mon récit.

J'appréhendai son jugement. Même s'il n'en portait jamais ouvertement et qu'il était censé être impartial. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'imaginer ce qu'il pouvait bien penser de moi. Il devait forcément avoir un avis sur le sujet.

Je suis sûr que le soir il fait des debriefs de ses patients à sa femme ou à son mari. Il doit me décrire comme une pauvre fille transit d'amour pour un homme horriblement cruel et insensible qu'il suit depuis des années. A nous deux, on fait la paire !

-- Comment définiriez-vous votre relation avec Joshua ? demanda-t-il une fois que j'eus terminé de parler.

-- Je ne sais pas comment la définir. Je ne sais même pas si je peux la définir, répondis-je incertaine.

-- Comment aimeriez-vous que cette relation soit ? ne vous limitez pas, laisser vos envies vous porter, continua-t-il.

-- J'aimerais qu'elle soit uniquement remplie de moments comme ce matin ou comme hier soir au restaurant, commençai-je. Bien que je ne sache pas si c'est possible. Parfois j'y crois, puis il me montre cette facette de lui qui est froide, dure et violente, et je ne sais plus.

-- Vous ne pensez pas Joshua capable d'être uniquement avec vous cet homme doux et attentionné qu'il est parfois, c'est bien ça ?

-- Il est toutes ces facettes, avouai-je. Il a besoin de l'être, alors non je ne le pense pas.