4. Garder la tête haute

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Anabel

Samedi après-midi,

Je m'étais changée en quatrième vitesse dans la cuisine. A présent je me faufilai derrière le comptoir pour sortir de la boutique.

Mon groupe se réunissait dans vingt-cinq minutes au cœur de L.A. dans le quartier de Downtown. Si je prenais en compte la circulation de cette fin d'après-midi, ainsi que le démarreur capricieux de ma vieille Jeep Wrangler, certes une antiquité mais que j'adorais. Il ne me faudrait pas moins de quarante bonnes minutes pour y arriver. Autant dire que j'étais encore en retard.

Je bousculai Yvi et m'en excusai immédiatement. Elle m'arrêta en me tirant par le bras pour nous entraîner sur le côté du comptoir.

-- Tu comptes sortir comme ça ? me dévisagea-t-elle de la tête au pied. On croirait que tu vas affronter un froid glacial alors que nous sommes en plein mois de septembre et qu'il fait encore chaud à en mourir.

Elle leva un sourcil en croisant ses bras. Elle attendait une réponse de ma part. Elle était déjà prête à me sermonner tel une mère avec ses petits. Je détestais quand elle faisait ça.

-- Je n'ai pas le temps d'avoir cette conversation avec toi. N'oublie pas la prépa des commandes, à demain, lui lançai-je en la contournant et en courant jusqu'à la porte.


J'arrivai avec 20 minutes de retard, je râlai intérieurement contre moi-même. Je fis des signes de tête aux autres habitués du groupe, en m'excusant à demi-mot en me faufilant, puis je pris la dernière chaise de libre. J'étais en nage, essoufflée. Mais je tentais de garder une certaine contenance.

Je tendis l'oreille en essayant de revenir à l'instant présent pour écouter le récit de Sandy. Elle avait intégré nos séances il y a quelques semaines seulement. Elle n'avait pas été épargnée, comme nous tous ici, elle était tombée enceinte à la suite d'un viol.

Quelque part le fait de l'écouter en me mettant à sa place, rendait mon agression moins grave. Certes mon corps avait été mutilé mais ils ne m'avaient pas violé ce soir-là. Je me sentais chanceuse face à Sandy, ils n'avaient pas pénétré mon intimité. En même temps je ressentis de la honte d'éprouver ce soulagement.

Je suis vraiment une horrible personne, c'est confirmé.

Chacun pris la parole et mon tour arriva, Tom notre chef de groupe m'invita à me lever pour parler. Comme à chaque fois, je me focalisai sur le chambranle de la double porte d'entrée avant de prendre la parole.

C'est là que je vis ses yeux bleus polaires me dévisager. Il était là dans l'encadrement et il me fixait. Je le reconnus immédiatement, l'inconnu sexy de la salle de sport. Son regard me transperça, il me glaça le dos. Ce qui contrebalançait avec son visage d'ange qui me faisait fondre littéralement.

Il paraissait ne pas avoir plus de la trentaine de prime abord. Mais les pattes d'oie marquées qu'il avait au coin des yeux me laissaient supposer qu'il était un peu plus âgé que ça. Il était grand et affublé d'un corps d'Apollon. Musclé juste ce qu'il fallait.

Mon dieu, c'est complètement criminel. Ça devrait être interdit d'être aussi canon.

Il se passa la main dans ses cheveux châtains en bataille. Un léger coiffé décoiffé composé de mèches rebelles qui lui allait à la perfection. Mon corps réagit automatiquement à son geste, je sentis de l'électricité parcourir ma peau.

Il ne détourna pas son regard, je ne pus m'empêcher de laisser courir le mien sur son visage dont ses traits semblaient détendus. Je m'attardai sur sa mâchoire carrée, puis sur ses lèvres pulpeuses qui n'étaient autre qu'un appel aux baisers. Je descendis mes yeux sur son cou, je remarquai le bout d'une feuille tatoué dans le creux de sa clavicule que son pull fin ne couvrait pas.

Écorchés Tome 1 (Correction)Where stories live. Discover now