Chapitre 20 : Honey

57 5 0
                                    


 L'odeur de feuilles et de poils de chien devrait être davantage appréciée pour ses vertus thérapeutiques.

La tête enfoui dans le cou épais du golden je retiens mes pleurs. Quand bien même j'aimerais me secouer les puces et aller de l'avant, je n'ai pas souvenir d'avoir vécu autant d'épisodes bouleversants en une seule malheureuse journée. Pourtant, celle-ci avait débuté sur une mélodie exaltante. Revenir au Canada, je me doutais que ce ne serait pas de tout repos et cela a transformé les braises en moi, en flammes. Bon, à peine ravivé Emilio, puis Yuri, et puis Colin ont jeté leurs sauts d'eau dessus.

— Rhââ les hommes !

Cookie gigote dans mon étreinte et se met à me lécher le bout du nez.

— Combien de fois Cookie ? Combien de fois vais-je devoir me battre pour montrer aux autres qu'ils n'ont pas le droit de me marcher dessus ?

Une voix sortie de nulle part intervient :

— Tu devrais aussi commencer à te demander combien de fois encore tu auras besoin de moi pour te sortir du pétrin !

L'image de mon frère revenant sur ses pas m'incite à bondir sur mes pieds, prête à fuir. Je ne m'attendais pas à le voir ici.

— Au contraire Plisetsky, je crois t'avoir spécifiquement dit ne pas venir, grondé-je.

Il hausse les épaules dans sa veste noire léopard.

— L'air de dehors est meilleur que celui de ma chambre d'hôtel.

— Hmm. Et j'imagine que l'air de Mississauga est meilleur que celui de Toronto ? Tu n'as pas mieux à faire ?! tempêté-je.

Ses yeux déjà dans l'ombre de sa capuche, s'assombrissent un peu plus et sa bouche se tord en une grimace mauvaise. Mon ventre se contracte et je tiens le chien à ma jambe. J'ai eu assez d'actions pour la journée pour me montrer imprudente. La méfiance coule dans mes veines à cet instant et il s'en aperçoit.

— Ne me confonds pas pour cet enfoiré. Sois logique, je ne vais pas te faire de mal.

— "Ne pas me faire de mal" ? Tu m'as littéralement enfoncé à coup de marteau ce matin ! (J'agite rageusement les bras en l'air) Ooh les hommes ! Bande de plaies !

— Ah ne me mets pas dans le même panier qu'eux !

— Aller on s'en va Cookie, tourné-je les talons.

— Non attends !

Sa main m'agrippe le coude, aussitôt le chien s'interpose les babines frétillantes et oblige Yuri à mettre de la distance entre nous.

Je n'aime pas la lueur peinée qui traverse ses belles iris. Mais cela ne m'intéresse plus, je dois l'éloigner de moi.

— Écoute ! Je ne vais pas passer par quatre chemins. Au début, je pensais que tu cherchais à m'humilier, parce que bon sang, tu es un meilleur patineur que moi. On m'a toujours répété que j'avais du talent, mais toi, tu l'as dans le cœur Mehreen.

Mon corps me contredit une nouvelle fois et arrête ma progression à l'entente du ton suppliant de son appel.

— Le fait que tu bloques sur ta peur et ton chagrin aurait dû me répugner. Pourtant, dès le jour où tu m'as juré de rester avec moi jusqu'aux Grand Prix, je n'ai pu... que t'admirer. J'en suis passé de te détester à envier tes amis de t'avoir connu plus longtemps. De t'avoir connu épanouie sur la glace.

Ses mots me laissent bouche bée et petit à petit, ils atteignent ce petit coin de ma poitrine secret. Je me sens obligée de le regarder alors que sa voix faiblit. Il n'a pas pour habitude de faire de grands discours émotionnels, mais il fait un effort.

Freeze(d) [Yuri Plisetsky x OC]Where stories live. Discover now