Chapitre 13 : Tomahawk

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  A cette époque de l'année le soleil se lève tard sur Moscou, c'est pourquoi les rayons orangés illuminent chaudement la cathédrale Saint-Basile de toutes ses vives couleurs ; rouges, verts, bleues et jaunes. Mes paupières se protègent de leurs éclats quand ils atteignent mon visage.

Je repense à cette folie qui m'a prise quelques instants plus tôt.

— Maintenant si vous ne voulez plus me soutenir je comprendrais. Je n'ai pas besoin de vous.

Je frôlai ma coach sans un regard pour qui que ce soit et grimpai les escaliers deux par deux jusqu'à ma chambre. J'avais besoin de partir. Pas une seconde à perdre, je rassemblai mes affaires de toilettes, un pyjama et quelques paires de sous-vêtements, sans oublier mon chargeur de téléphone et mes écouteurs. Je balançai le tout dans ma valise et m'empressai de dévaler à nouveau l'escalier dans l'autre sens.

Je fus stoppée à l'étage suivant par la blondasse qui montait.

— Tu penses aller où comme ça ?

— Assez loin pour ne plus faire chier personne et le plus important, que plus personne ne me fasse chier.

Il souffla du nez, sarcastique.

— Quel plan. Tu vas aller chez Mila ? Tu ne pourras pas la foutre dehors de chez elle quand tu en auras marre de l'entendre chouiner sur ses ex's.

— Rien de tout ce qui m'arrive en ce moment ne faisait partie du plan, Plisetsky, vociféré-je entre mes dents.

Mais il marque un point, Mila est gentille mais je ne la supporterai pas au quotidien.

Il me fixa sans rien dire, puis détourna les yeux. Sa mâchoire tressauta alors qu'il la desserrait.

— Je connais un endroit, finissait-il par dire.

Je lui adressai un regard suspicieux.

— C'est sécure et propre, je te le jure.

Ce n'est pas comme si j'avais le choix.

J'ai accepté. Après qu'il ait fait son sac nous nous sommes dirigés au premier bureau de tabac pour acheter des tickets de tramway. Le calme m'a regagné une fois assise et bercée par le transport. Je baisse la tête sur mes chaussures. J'espère que j'ai eu raison.

Yuri pose une main sur mon épaule. Pourquoi le soleil rend ses yeux émeraudes plutôt vert jade ? Pourquoi je voudrais les voir de plus prêt ? Pourquoi m'aide-t-il ?

— On descend au prochain arrêt, dit-il.

Nous nous arrêtons bientôt dans un quartier d'immeubles simples, situés entre le centre-ville et la banlieue muni d'une supérette, d'un PMU et d'un lavomatique. Le strict minimum pour une population mixte en revenus et en ethnicités. La Russie n'est pas connue pour être une dame clémente mais ses enfants le sont encore moins avec les immigrés, même s'ils sont voisins.

Yuri salue quelqu'un au balcon que je ne vois pas avant de nous faire entrer dans l'immeuble.

— Au fait, je te remercie, dis-je en regardant les chiffres de l'ascenseur clignoter.

— Pourquoi ça ?

— Parce que tu me trouves un endroit pour m'héberger malgré le fait que je suis... Enfin j'ai été...

Je n'ai pas eu le temps de trouver mes mots que les portes s'ouvrent et un vieil homme portant un béret et une barbe soigneusement taillée parsemée de filaments gris nous tendent les bras.

— Yuratchka !

— Dada !

Wow, je ne l'ai jamais vu sourire de cette façon, si librement.

Freeze(d) [Yuri Plisetsky x OC]Where stories live. Discover now