XXIII.

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Pour le nouvel an, on n'a rien prévu avec les garçons. Je compte faire un repas normal mais simplement en grande quantité. Je serais bien partie à l'église mais sortir un trente-et-un, il vaudrait mieux éviter. J'en profite pour faire un peu de repassage car ça commençait à s'accumuler mine de rien. Lucas et Raphaël sont dans leurs chambres respectives et Maurice devant la télé donc non loin de moi. Depuis un moment son téléphone ne cesse de sonner et lui d'ignorer. Je ne m'en occupe même pas.

- Finalement tu sais si ta sœur fera quelque chose pour le nouvel an ? je lui demande.

- Je ne pense pas.

Je ne pose pas plus de questions et lui présente un drap pour qu'il m'aide à le plier. Je ne sais pas pourquoi il est aussi tendu mais s'il veut m'en parler, il sait qu'il peut le faire.

Je poursuis mon repassage et le termine même. C'est seulement à ce moment que je vais faire à manger pour le soir. Des feuilles de manioc et le cœur du palmier comme légumes, et du poulet frit pour les deux petits qui ne peuvent pas faire une journée sans poulet. Je sors le poulet macéré du froid et attends que l'huile de la friteuse chauffe pour les plonger à l'intérieur. Soudain j'entends des voix au salon, mais vraiment des personnes qui se chamaillent. Je sors voir et c'est Maurice qui se dispute avec sa sœur devant leur mère. Naturellement je demande ce qui se passe mais personne ne veut me répondre. La mère de Maurice est en larmes sur sa chaise roulante. Je me demande d'ailleurs comment ils ont fait pour la faire monter les escaliers. Comme personne ne veut parler, je vais terminer ma cuisson.

A 18h tout est prêt, mais je ne sers pas encore. Maurice et sa famille sont assis au salon silencieusement et l'atmosphère est lourde. Je veux aller dans la chambre quand la sœur de Maurice m'interpelle.

- Je peux te parler deux minutes s'il te plaît ?

- Ok, suis-moi.

Je l'entraine sur le balcon de la cuisine et on s'assoit.

- Tu vas vraiment m'excuser, j'ai honte de ce que je m'apprête à faire mais je n'ai pas trop de choix.

- ...

- Je ne sais pas si Maurice t'a expliqué la situation. Je vis chez quelqu'un et en ce moment c'est compliqué au point où il m'a demandé de partir. Tu sais qu'il y a des gens dans la maison, ils nous ont demandé deux mois pour trouver une autre maison, pendant les deux mois je peux me gérer chez des amies, mais maman ne le peut pas. Je te le demande mais vraiment sur mes deux genoux, s'il te plaît, maman peut rester ici pendant deux mois ? Dès que les locataires sortent je reviens la chercher.

Je soupire dans ma tête. Je n'apprécie mais vraiment pas que ça soit elle qui m'en parle.

- J'ai entendu, seulement je ne vis pas seule ici. Je dois consulter mes petits frères car c'est aussi leur maison.

Elle me regarde de travers sans gêne comme si j'étais obligée d'accepter. Non mais le culot de certaines personnes !

- Et s'ils refusent ?

- Bah ça ne sera pas possible.

Elle tourne sa tête en allongeant sa bouche et roulant ses yeux. C'est vraiment parce que c'est sa mère, une dame âgée et infirme. Je me lève et vais demander aux garçons de me retrouver dans ma chambre. On s'assoit tous sur mon lit.

- Les garçons, je vais vous demander de m'écouter jusqu'au bout et de faire preuve d'altruisme. Vous savez que la maman de Maurice est infirme non ?

- Oui, ils répondent en cœur.

- Elle vivait avec sa fille chez le petit-ami de cette dernière. Sauf qu'ils ont eu des problèmes et il les a mises dehors toutes les deux. Or la maison de Maurice est en location.

MayiteDär berättelser lever. Upptäck nu