XVIII.

563 51 4
                                    


Je n'ai pas dormi depuis la conversation que j'ai eu avec Maurice, tourmentée par ses propos. Ce matin après le petit-déjeuner et le départ de Maurice, je me rends chez maman Lou. Je ne sais pas si c'est approprié ou sage, mais j'ai besoin des conseils d'un aîné.

- Mayite ! Pas de ça entre nous.

- En faite c'est par rapport à Maurice.

- Et pourquoi tu ne pourrais pas me parler de ta nouvelle relation ? Tu es ici en tant que ma fille ou en tant que l'ex de mon fils ?

- Ta fille.

- Alors, parle.

Je lui explique que contre mon avis, Maurice est allé investir tout l'argent de sa scolarité dans une affaire et que comme ça a mal tourné, il me demande lui prêter de l'argent. Je partage avec elle mes impressions et mes craintes.

- C'est ça.

- Ok j'ai entendu. Déjà c'est une bonne chose que tu prennes autant à cœur les intérêts de tes frères. Tu es très responsable et mature, c'est à féliciter. Cependant tu es un peu trop dure je trouve. L'erreur est humaine. Aujourd'hui c'est lui, demain ça peut être toi. A son niveau il t'a soutenue lorsque tu avais besoin de lui. Se réveiller à 3h pour prier avec toi, ce n'est pas rien.

- Je sais.

- Il a fait une erreur, je pense qu'il a compris. Pourquoi penser que ça deviendra une habitude ?

- J'ai cette crainte la.

- Et elle est toute à fait légitime vu la situation. Mais n'oublie pas que vous êtes aussi en train de construire une histoire. Si ça va loin, qu'il trouve un bon travail grâce à ce Master, ne vas-tu pas en profiter ?

- Si.

- Ce que tu as, ce que tu peux donner, donne. Tu as déjà tapé du poing sur la table, j'ose espérer qu'il ait compris. Tu penses à tes frères et c'est louable mais il faut aussi penser à toi. Tu es appelée à aller en mariage. Attention !

- Merci.

Je vais à la banque retirer cent mille de mes économies personnelles pour les remettre à Maurice. Évidemment je ne manque pas de lui dire que ça ne deviendra pas une habitude. Il me remercie et je continue à la maison.

Est-ce que je dois revoir mes critères à la baisse ? Est-ce que je suis trop exigeante ? Je ne cesse de me poser ces questions.

Je préfère aller me promener dans le marché à la recherche de pépites à petit prix. Je dépose aussi deux pagnes chez le tailleur. Au centre commercial comme au marché, quand j'entre je ne vois pas le temps passer. J'achète des polos, teeshirts et sous-vêtements pour les garçons. Je vois de belles baskets mais si je les prends, ils vont bouder parce que ce n'est pas l'original ou ce n'est pas à leur goût. Surtout Lucas pour bouder ce qu'on lui achète.

Je rentre bien tard mais surtout bien chargée. C'est toujours un moment de joie que de distribuer à chacun ses sachets et de les voir excités d'essayer leurs nouveaux vêtements. Les essayages finis, je mets tout à laver et on peut manger en rigolant.

- Ah ! J'avais oublié de vous dire, tante Agathe ne lâche pas l'affaire. Je suis attendue au tribunal la semaine prochaine.

- Si par magie, comme on est dans un pays où c'est l'argent qui parle. Si par magie elle réussit à obtenir gain de cause, je demande l'émancipation. J'ai déjà quinze ans.

MayiteWhere stories live. Discover now