Je vois clair dans ton jeu

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Enfile quelque chose de jolie, résonne la voix de Zach dans mon esprit. Je lui en foutrais des choses jolies, moi ! Ce que je veux, c'est du confortable. Ma tenue va se réduire à mon short de pyjama, et le sweat fin aux couleurs de la fac que j'ai l'intention de piquer dans son sac de voyage. Un sourire satisfait étirant ma bouche, je pose ma valise de cabine sur le lit et ouvre la fermeture éclair. Le premier truc qui me saute aux yeux, c'est son contenu... Ou plutôt, son manque de contenu. La plupart des hauts que j'ai embarqués ont disparu. Sur les trois bas que j'avais sortis de mon armoire, il ne me reste qu'une jupe longue, et pas une seule des robes d'été que je prévoyais d'emporter ne se trouve dans les parages. Et puis...

— Je rêve ! articulé-je en retournant ma valise.

Je me souviens parfaitement avoir glissé une poignée de shorty en dentelles, mon maillot et un soutif là-dedans. Et devinez quoi ? Hormis mon maillot, le reste a bizarrement disparu. À leur place, je découvre la robe couleur chair que j'ai achetée en présence de Zach au semestre dernier. Coïncidence ? Tu parles ! Je n'aurais jamais dû confier ma valise à ce fourbe !

— Il y a un problème ?

Une serviette autour de la taille, Zach s'appuie contre l'entrée de la chambre. Ses cheveux dégoulinent sur son front. Les gouttes continuent leur course sur son torse, pour lentement descendre le long de ses abdos...

— Pas le moins du monde, répliqué-je après m'être raclée la gorge.

Je saisis la robe et passe devant Zach en lui adressant un sourire faussement mielleux. Dans la salle d'eau, mon expression de confiance s'évanouit. Qu'est-ce que je suis bien censée faire, maintenant ? Je veux dire, cette robe... Je n'oserai jamais ! Sans culotte, sans soutif, ce serait... impudique. Peut-être même provocateur. Je n'arrive pas à croire qu'il ait osé se débarrasser de tous mes vêtements ! Comment je vais faire pour me vêtir pendant deux semaines, moi ? En compagnie de sa famille, qui plus est ! Et en même temps...

J'avoue que, le temps d'une soirée, l'idée m'excite un peu. Un peu beaucoup. Plus j'y pense, plus je vois le rose prendre possession de mes joues dans le miroir. Je crois que ce qui me fait capituler, c'est le fait que Zach ait préparé la robe pour moi. Il veut me voir devant. Je parie qu'il ne tiendra pas jusqu'au dessert sachant que sous ma robe moulante, je ne porte absolument rien.

J'applique une légère touche de mascara et une discrète couche de rouge à lèvres, puis je me brosse les cheveux. Je décide de les garder détachés. Ils cascadent dans mon dos jusqu'au milieu de ma colonne vertébrale, subtile invitation à être décoiffés par les mains de Zach.

Je prends une profonde inspiration pour me donner du courage, puis je sors de la salle de bain. Zach est allongé sur le lit, un bras derrière la tête. Il porte l'un de ses bermudas de sport, ainsi qu'un t-shirt blanc. Je fais beaucoup trop habillée à côté de lui.

— Je suis prête.

Je devine à l'expression de son visage qu'il est en plein conflit intérieur : aller au restaurant et manger, ou rester au motel et baiser. Pardonnez ma vulgarité, mais il n'existe vraiment pas d'autres façons d'imager ce qui va se passer ce soir. La lueur affamée de ses yeux m'en dit tant.

Bien qu'elles jurent avec ma robe, j'enfile mes filas. Je me penche en avant d'un mouvement débordant de sensualité, le dos courbé et les fesses en arrière, pour refaire mes lacets (notez qu'ils n'ont pas besoin d'être refaits). Malgré tous mes efforts, Zach ne dit rien. Il paraît sur le point de me bondir dessus, sans pour autant s'y résoudre. Qu'est-ce que c'est frustrant !

— Parfait, alors on y va.

Il s'avance vers moi. Je m'attends à ce qu'il me plaque contre le mur et qu'il s'attaque à mes lèvres, mais non. Il enfile ses baskets noires et ouvre la porte de la chambre. Quelque part, ça me fait rire. Nous savons tous les deux que sa résistance est inutile : il ne fait que repousser l'inévitable. Mais c'est ce qui fait monter la pression, et... J'adore ces petits jeux entre nous ! C'est comme ça que l'on entretient la passion. C'est ça que je désire. C'est tellement plus exaltant qu'une relation « simple » qui me fait me sentir aussi vivante qu'une jonquille assoiffée dans le désert.

The hate theory [Tome 2/2]Where stories live. Discover now