Chapitre 27

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Godefroy ne parvenait pas à comprendre ce qu'il venait de voir. Pourquoi Cimeon se tenait la tête ? Pourquoi la foudre avait frappé les deux sœurs Sylvestres ? Comment un nuage noir était apparu de nulle part au-dessus de leur maison, alors que tout autour le ciel était encore bleu ? Est-ce que Maple avait vraiment pris feu ? Est-ce que c'était eux qui causaient tout ça ?

Certes les Sylvestres faisaient partie d'une secte, mais les sectes sont censées être des supercheries, elles ne sont pas censées donner des capacités paranormales à leurs adeptes. La seule chose dont il était certain c'est qu'il n'était plus en sécurité. Cette situation inexplicable s'était déroulé après sa visite à Ylena Vepe, ça ne devait pas être sans raison. Elle avait dû les prévenir, Godefroy estima qu'ils n'étaient pas d'accord sur ce qu'ils devaient faire.

Est-ce que Ylena Vepe était leur complice ou leur victime, il n'avait toujours pas statué sur la question. Si elle n'était pas leur complice, elle était tout autant en danger que lui. Il n'avait certainement pas arrangé sa situation en allant la voir. Peu importe ce que les Sylvestres attendaient d'elle, qu'elle soit une nouvelle recrue ou un sacrifice à un dieu quelconque, elle était en danger se décida Godefroy. Il ne pouvait pas s'empêcher de la comparer à sa mère qu'il n'avait pas su protéger, c'était certainement pour cela qu'il ne pouvait la considérer comme une suspecte.


Ylena était aussi bouleversée, elle aussi avait du mal à comprendre ce qu'elle venait d'apprendre. Quand ses pleurs s'étaient calmées, elle avait appelé sa cousine, Deborah. Elle lui avait dit en essayant de retenir ses larmes qu'elle venait de rompre avec Maple alors qu'elles venaient à peine de passer leur première nuit d'amour.

— Mais qu'est ce qui s'est passé ? demanda Deborah.

— Elle m'a menti, répondit Ylena en sanglotant.

— A quel sujet ? Elle voit quelqu'un d'autre ?

— Non, mais...

Elle ne put terminer sa phrase, elle ne pouvait pas avouer à sa cousine ce qu'il s'était vraiment passé. Elle n'était même pas certaine de comprendre elle-même. Maple n'avait pas dit qu'elle était l'étripeur, elle lui avait seulement dit que ce n'était pas ce qu'elle croyait. Mais peu importait, il était clair qu'elle était impliquée. Pour autant, elle n'avait pas envie de la trahir, de faire des conclusions hâtives, ni de la dénoncer à la Police. Elle l'aimait, elle ne pouvait pas le nier, et elle voulait la protéger malgré tout.

Cimeon avait été disculpé et Maple ne semblait pas s'inquiéter que le Lieutenant Delaplace puisse l'accuser d'être l'étripeur. Ce n'est pas ce que tu crois. Peut-être qu'elle n'était pas ce tueur en série, tenta de se convaincre Ylena, elle était simplement impliquée dans toute cette histoire d'une manière ou d'une autre. Elle et son frère devait être au courant de quelque chose qu'ils ne pouvaient pas confier à la police. Le lieutenant Delaplace n'avait aucune preuve de ce qu'il avançait, sinon il aurait arrêté tous les Sylvestres au lieu de rendre une visite officieuse à Ylena. Il cherchait certainement à faire pression, à la faire avouer les mauvais agissements de sa petite amie, mais elle n'avait rien à dire, pour elle, Maple restait la même jeune femme, mystérieuse et séduisante, tendre et chaleureuse.

— Tu devrais peut-être rentrer, lui dit Deborah après ce long silence, ça te fera du bien de prendre un peu de distances.

Ylena acquiesça en sanglotant de plus belle. Elle prépara un sac, regarda les horaires de trains et appela son père avant de quitter son appartement.

— Et tes cours ? s'inquiéta-t-il.

— J'ai pas cours lundi matin, rassura-t-elle.


Quand elle ouvrit sa porte d'entrée une masse flou fonça sur elle et la poussa à l'intérieur de l'appartement. Elle eut à peine le temps de reconnaitre le Lieutenant Delaplace, qu'il lui assena un coup violent sur la tête, lui faisant perdre connaissance.


Godefroy avait cherché les bons mots pour la convaincre de le suivre, mais n'ayant trouvé aucune formulation adéquate, il avait choisi la facilité lorsqu'elle avait ouvert la porte. Elle semblait sur le point de fuir comme en témoignait le sac qu'elle tenait encore à la main. Elle était donc bien au courant de la vie cachée des Sylvestres, pensa-t-il, il n'y avait aucune autre raison qu'elle veuille s'éloigner, à moins qu'elle ait pris ses recommandations au sérieux et qu'elle veuille s'éloigner du danger qu'ils représentaient. Il était trop tard pour étudier la question, il venait d'agresser cette jeune femme, il devait maintenant trouver un moyen de se sortir de cette situation. Il était trop tard pour reculer. Il ne pouvait pas retourner à son commissariat, de toute façon, on le prenait déjà pour un fou, cela n'allait pas prouver l'inverse. Si, comme il l'avait supposé, Ylena avait prévenu les Sylvestres de sa visite, ils ne devaient pas lui rester beaucoup de temps avant qu'ils ne s'en prennent à lui.

Godefroy suait à grosse goutte, il repassa tous les évènements des derniers mois en se demandant comment il aurait pu éviter tout ça. Il était un représentant de la loi respecté et le voilà en manque d'alcool un couteau de chasse à la main à côté d'une jeune femme qu'il avait assommé.

Pendant un cours moment de lucidité, il se dit qu'il était en proie à une crise psychotique. Il avait abusé des boissons alcoolisées ces derniers temps, il manquait clairement de sommeil et était particulièrement stressé. Il avait déjà vu ça, des hommes bons sous tout rapport qui, après avoir perdu leur femme ou leur travail, perdaient complètement pieds.

Il était persuadé de la culpabilité des Sylvestres, mais ce qu'il avait vu dans leur cours ne pouvait pas être réel. Il se mit à pleurer en se demandant s'il n'était pas simplement fou. Son comportement n'était pas celui de quelqu'un sain d'esprit. Les Sylvestres n'avaient rien de bizarre, Maple n'avait pas pris feu dans sa cours, sa sœur n'avait pas volé dans les airs sans raison. Mais lui s'était réellement introduit dans l'appartement d'une jeune femme innocente après l'avoir violemment frappé à la tête.

Il devait se rendre, arrêter tout cela avant de commettre une chose encore plus stupide. Il s'apprêtait à quitter l'appartement d'Ylena quand il entendit son téléphone sonner, elle avait reçu un message d'un numéro qu'elle n'avait pas enregistré. Godefroy hésita, mais fini par saisir la main de la jeune femme pour déverrouiller son téléphone avec son empreinte. Il lut le message et renonça à partir. Kase, le plus jeune des Sylvestres demandait à Ylena ce que le Lieutenant Delaplace lui avait dit. Il n'était pas fou, Ylena était impliquée et les Sylvestres étaient des criminels, des meurtriers.

Il attendit que la nuit tombe, en espérant qu'Ylena ne se réveille pas, pour pouvoir la mettre dans sa voiture et la transporter dans la maison de ses parents. Il pensait qu'il y serait en sécurité et qu'il pourrait l'interroger pour comprendre une bonne fois pour toute qui était les Sylvestres et le rôle qu'elle jouait dans cette histoire. Il ne cessait de regarder par la fenêtre, s'assurant que personne ne vienne à la recherche de la jeune femme si elle les laissait sans nouvelles. Il gardait son couteau à la main, se persuadant qu'il pourrait le protéger de toute attaque. Il n'était pas certain que tout ce qu'il ait vu soit réel, il ne comprenait plus ce qui se jouait réellement, mais il était prêt à se battre pour sa vie si nécessaire.

Le Fou de la ReineWhere stories live. Discover now