Chapitre 24

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La veille, Godefroy s'était vu accabler par l'inquiétude. En début d'après-midi, alors qu'il s'apprêtait à prendre sa voiture accompagné de sa chienne pour se rendre dans le quartier où il flânait de plus en plus souvent, Goldy avait commencé à pousser un jappement inquiétant. Quelques minutes plus tard, elle vomissait en continue et restait couché sur le sol. Godefroy avait immédiatement pensé que sa chienne avait été empoisonnée. Il l'emmena directement chez le vétérinaire, laissant tombé tout ce qu'il avait prévu.

Le vétérinaire avait demandé à Godefroy de quitter la salle de consultation, il était trop agité et empestait l'alcool, à tel point qu'on avait suggéré que sa chienne avait pu en consommer elle aussi. Godefroy avait pu retrouver son calme que lorsqu'on l'avait menacé d'appeler la police. Il avait protesté en rappelant qu'il était lui-même flic, mais personne ne le prit au sérieux.

Il avait patienté dans la salle d'attente, son corps tremblant alors qu'il hésitait à partir à la recherche de ceux qu'il pensait derrière tout ça, persuadé que les Sylvestres cherchaient à empoisonner son chien pour qu'il cesse ses investigations.

— On l'a mis sous perfusion pour la réhydrater, avait dit le vétérinaire en le retrouvant dans la salle d'attente. L'antivomitif a fait son effet. On lui a fait une prise de sang, on aura les résultats assez rapidement. Elle se repose, mais vous pouvez aller la voir.

La prise de sang ne révéla rien, pas même une intoxication à l'alcool. Le cas était un réel mystère pour le vétérinaire qui ne comprenait pas pourquoi la chienne s'était mis à vomir des litres d'un instant à l'autre et avait retrouvé son état normal tout aussi vite. Il préféra la garder pour la nuit. Godefroy voulait rester auprès de Goldy, mais le vétérinaire ne le laissa pas faire. Il faisait déjà nuit quand il sorti sur le parking du cabinet. Il hésita à rendre une petite visite surprise aux Sylvestres, mais il ne savait pas à quoi s'attendre. Ils étaient peut-être armée, il ne pourrait pas faire long feu avec son simple couteau de chasse. Il était monté dans sa voiture et avait pris la direction de son appartement. Le véhicule était dans un état pitoyable, la banquette arrière était recouverte de vomis et dégageait une odeur âcre. Il s'arrêta pour la nettoyer sa voiture, mais l'odeur resta. La nuit était bien avancée quand il passa enfin la porte de son appartement. Il s'écroula sur son lit et s'endormi en sanglotant.


Au petit matin, sans vraiment s'en rendre compte, il se retrouva dans la rue où vivaient les Sylvestres, persuadés qu'ils étaient responsables de l'état de Goldy. Il observa la maison qui semblait encore endormi jusqu'à ce qu'une jeune femme un peu boulotte, le visage illuminé par un grand sourire, sortir de la cours. Il l'avait déjà aperçu en compagnie de la cadette des Sylvestres, mais jamais il ne l'avait vu avec d'autres membres de la famille. Il se questionna sur le rôle qu'elle pouvait avoir dans toute cette histoire, cherchant à se rappeler son identité alors qu'il se mit à la suivre au travers des rues, marchant à quelques mètres derrière elle.

Elle lui rappela sa mère. Elle aussi était guillerette quand elle avait commencé à fréquenter les membres de la secte qui l'avait tué quand Godefroy était encore adolescent. Il se souvenait très bien qu'au début elle était particulièrement enjouée, heureuse comme il ne l'avait jamais vu heureuse. Mais plus le temps passait, plus elle était sous l'emprise de la secte, plus elle sombrait. Elle était devenue dépressive, paranoïaque, elle ne faisait plus confiance à personne et surtout pas à sa famille. Elle était l'ombre d'elle-même, de plus en plus amaigri à en perdre ses cheveux et puis elle s'était donné la mort, sans que Godefroy n'ait jamais pu l'aider.

Cette jeune femme qu'il s'obstinait à suivre était peut-être sur le point de vivre la même chose. Il devait l'aider. Il l'observa entrer dans l'immeuble et alla vérifier sur l'interphone s'il reconnaissait son nom. Il n'avait pas prévu d'aller à sa rencontre, mais lorsqu'il lu son nom, Ylena Vepe, il appuya sur le bouton. La porte s'ouvrit, il hésita, mais fini par entrer, c'était l'occasion de poser des questions à la jeune femme, d'en apprendre plus sur les Sylvestres.

Le Fou de la ReineWhere stories live. Discover now