Conversation

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Le reste de la journée s'est bien passé même si au fond, je sais qu'il reste un silence à cause d'une absence. Je suis parti un peu plus tôt que les autres. Je suis installé dans ma chambre, fidèle à l'ermite que je suis devenu ces derniers jours.

C'est si surréaliste ce qu'il se passe, ce qu'il nous arrive. Ça m'a pris tous mes sens et, je le vois, je le sens, je jure ce n'est pas marrant.

Combien de temps pour lutter contre le naufrage ? Je suis à la dérive sans pouvoir empêcher ce qu'il m'arrive. Je parle comme lui des fois, avec, ses rimes.

J'ai l'impression de rester bloqué à ce point. Je suis assis là, à devoir me remémorer tous les bons souvenirs, abîmés par le temps. C'est comme si j'étais condamné à ne pas faire avec.

Est-ce que je devrais continuer à me droguer avec ces stupides pilules, juste pour fermer les yeux ? Peut-être que ça devrait être plus définitif...

Je suis de retour dans ma chambre vide et silencieuse. Je suis un homme vide dans une maison vide.

J'enlève ma veste noire pour la poser sur ma chaise de bureau. Je regarde le pot à crayons sur mon bureau. Il n'y a pas que ça... il y a aussi du scotch, une paire de ciseaux et, un cutter.

Quelque chose de définitif hein ? Il y a beaucoup de possibilités dans cette chambre pour mettre un terme à mon histoire.

C'est une tempête de vérité que je ne peux pas affronter. Ça me rend fou. Ça me fait mal, comme cette lame que je mettrai en relation avec mon bras dans quelques instants.

Je m'installe sur mon lit, cutter en main, juste le bruit du silence, avant d'entendre des coups à la porte. Merde. Je cache le cutter sous mon oreiller, c'est assez ironique comme image.

Daniel entre, il me demande :
"Je peux m'asseoir ?
-Bien sûre, j'accepte.
-On peut parler ? il m'interroge.
-Ouais, de quoi ?
-Je voulais savoir, est-ce que tu veux en finir ? il me questionne avec une voix calme."

C'est comme s'il lisait dans un livre ouvert. Comme une question rhétorique. Ça semble si irréel parce-que, personne ne te pose ce genre de question dans la vraie vie. Je laisse un blanc dans la conversation un peu perturbé par la question.

Il continue :
«Je ne veux pas que tu fasses ça, je ne peux pas te laisser faire ça...
-Pourquoi ?
-Parce-que je sais ce que ça fait et, je ne veux pas que ça t'arrive, il fait, d'une voix tremblante. »

C'est comme si on s'était toujours connu. Et qu'il savait vraiment. Une envie irrépressible de tous lui déballer me vient mais, rien ne sort.

Je demande, sans émotion dans ma voix :
"Comment tu peux savoir ça ?
-Je suis passé par là, c'était compliqué, il avoue."

Je reste de marbre, dans un silence de glace. Je ne le regarde pas dans les yeux, je pense que c'est plus facile comme ça. Je ne sais juste pas comment réagir, tout reste bloqué. C'est comme, dans ces manèges à sensation forte, quand c'est trop, tu ne ressens plus rien.

Il me persuade :
"T'es pas seul à traverser ça, pense à tes amis. Je t'ai vu et, t'as essayé de te comporter normalement avec eux et, tu ne t'es pas enfuie. Écoute, t'es pas une mauvaise personne."

Je voudrais m'enfuir six pieds sous terre ou, être envoyé dans un univers interplanétaire mais, je ne peux pas éviter cette situation. Pas de regard fugitif maintenant.

Il finit :
"Merde. Je pensais que ce serait plus facile. Il faut que tu restes ici, ils ont besoin de toi."

Je regarde ses yeux, ils sont au bord des larmes, Daniel essaie de les retenir. Son visage semble inquiet. Je suis vraiment con parfois. Je ne peux pas agir normalement, quoique je fasse, je ne peux pas le cacher. On dirait que je n'en ai rien à foutre mais c'est parce-que j'ai peur.

Il y a des fois où je suis en craquage émotionnelle. Je sais que ça pourrait me conduire à faire des actes stupides, sur un coup de tête comme, me suicider par exemple. J'ai envie de lui sortir la lame que je cache, qu'il l'emmène au loin mais, je ne veux pas paraître fou.

Je m'excuse sincèrement en omettant un tas de choses :
"Je suis désolé.
-Tu ne vas probablement pas mieux après ce que je viens de te dire. Je me trompe ?
-Pas à cent pourcent, j'avoue.
-Ça prendra du temps mais, t'es plus fort que ce que tu ne crois, il me confie."

Il se lève et marche avant de s'arrêter devant ma porte pour me dire :
"Oh et, toute mes condoléances, vous étiez là pour lui, au moins.
-Daniel, je l'interpelle.
-Oui ? il fait.
-Vraiment merci. Je te jure ça a de l'impact. C'est juste compliqué en ce moment, je lui dévoile.
-Je comprends, Eva a mon numéro, si t'en as besoin, appelle-moi, me dit-il avant de partir."

Je suis perdu mais, il a bien fait de venir, je crois. Il y a tellement à dire. Je ne peux pas juste dire aurevoir comme ça à quelqu'un que j'ai connu toute ma putain de vie. Je devrais essayer de dormir, sans médicaments, cette fois. C'est une bonne chose de pouvoir parler à quelqu'un mais, je ne sais pas comment faire.

Je me sens vraiment fatigué, c'est naturel ces derniers temps mais, est-ce que le résultat est le même sans médicaments ? Avant de m'endormir, je range le cutter dans le pot à crayon. Je ne suis pas prêt à me revoir sans avoir un sentiment amer envers moi-même. C'est probablement parce que je pense trop.

Je finis par me poser dans mon lit, et à essayer de trouver le sommeil. Un insomniaque est fatigué mais ne parvient pas pour autant à trouver le sommeil. Pourquoi tout est aussi compliqué ?

Je finis par fermer mes yeux. En les ouvrant, c'est un autre monde parce-que Paul est là.

Paul me sourit, comme il le faisait avant de venir me parler ou juste me voir. Ça m'a toujours rassuré avant, maintenant, c'est juste bizarre que je trouve ça encore rassurant.

Je veux que tous changent et que je puisse rester là, plus longtemps. Tous me semblent si proche mais, si loin.

Je m'avance vers lui, il me lance un :
"Est-ce que tu voulais vraiment te tuer ?
-Probablement et, c'est parce-que je suis vraiment perdu sans toi.
-T'as bien avancé, sans moi. N'oublie pas, on est des musées fait de peurs, il m'assure.
-Mais, tu es mort, je lui rappelle sans tact.
-Pas ici, il affirme.
-Il n'y a pas de mots qui peuvent exprimer combien tu me manques.
-On n'a pas besoin de parler, mon chère."

Il s'approche il enroule ses bras autour de mon coup avant de m'embrasser. Il m'ordonne :
"Quoiqu'il en soit, prend soin de toi.
-J'essaierai, je lui dis en détournant les yeux sans conviction.
-Tu ne peux pas les laisser seuls, il continue.
-Mais, tu nous as laissé seuls, je lui retourne.
-Je sais, je suis désolé, s'excuse Paul.
-Je vais essayer de faire de mon mieux."

Je le voulais, il me voulait mais, la réalité nous a rattrapé. J'ai rouvert mes yeux, c'était un nouveau jour. C'est pathétique.

Je sais que ce n'était pas Paul, juste une version imagée, le fruit de mon imagination, comme tous les gens que je vois en rêve. On ne peut juste pas inventer la tête des gens dont on rêve.

Je dois être un écrivain et, je parle comme un livre. Mais, il sera toujours les mots et s'exprimera comme un poème.

Juste nous [En Réécriture]Where stories live. Discover now