D'autres yeux

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Parfois je me sens à l'écart du monde alors je filme et photographie parce que je veux vivre. — « Les gens écrivent parce que personne n'écoute. » affirmait Evan. — il me coupe en cachant l'objectif puisque Sam et lui s'apprêtent à se confier, aussi facilement que dans un accouchement.

Je range l'appareil photo mais les deux restent silencieux. Sam ronge ses ongles et Evan le réprimande :

« Arrête, c'est dégoûtant.

-C'est une vieille habitude ! Je stresse.

-Je vous écoute, je les coupe.

-Finalement, on pourrait se voir ce soir au café ?

-Sérieusement ? s'étonne Sam.

-Je me mets en retard pour vous entendre, Sam, déballe.

-Vous ne me croirez jamais ! »

Je m'impatiente : « Abrège ! » il s'explique, laissant traîner le suspens : « J'essaie, ce n'est pas simple de rester calme. » Il respire et annonce :

« Lucien a été accusé du meurtre de sa femme.

-Marlène ?

-Non ! Non, si ça avait été elle, la maison ne serait plus là.

-Elle ne s'est pas volatilisée dans les airs non plus, j'insiste.

-Elle s'appelait Marie, l'autre femme. Elle s'est suicidée.

-T'es certain qu'il y a un lien ? doute Evan.

-Son nom de famille est le même, certains noms coïncides et l'adresse évoquée est celle qu'on a trouvé, inscrite sur la lettre.

-Marie, Marlène, les noms de familles, le début en 'M-A-R' je crois qu'elle se cachait sous son faux nom dans notre ville. » Réfléchit Evan et sa théorie se tient.

Sam ajoute que Lucien est, lui aussi, censé être mort, qu'on devrait passer chez Alicia et Frank pour se renseigner avant le café, ce soir. Evan ne réagit plus, garde un air perplexe puis se reprend et on s'éparpille dans nos classes.

Je croise l'italienne, Sierra, elle sortait avec Daniel, le même à propos duquel Sam et Evan s'embrouillaient l'autre jour. Je le sais parce que dans mes premiers jours à l'université elle m'a accueilli et je craquais presque pour elle. Je me mordais les lèvres, hésitant à tenter ma chance mais elle a mentionné qu'elle aimait quelqu'un alors je me suis éloignée mais parfois, quand elle n'ignore pas le monde, elle m'adresse des sourires. —

Elle s'immisce dans la vie des gens comme si elle avait toujours existé, elle ne passe pas par quatre chemins pour faire apparaître la vérité, elle aimes les drames et les potins et parfois, le monde semble lui appartenir, comme si tout lui était égal. Je ne me serai pas sentie aussi bien si elle n'avait pas essayé de sympathiser avec moi.

Si une couleur la représentait, ce serait le rouge, comme ses lèvres maquillées ou son aura chaleureuse compatible avec sa forte personnalité. Et puis, elle se passionne et se lasse rapidement de ce qui l'entoure, elle se plaignait de son petit ami un soir, on s'est embrassée, elle s'est contentée de remarquer : « T'embrasses bien mais je suis désolée, je ne suis pas attirée par les filles. » J'étais déçue, au moins je le savais, elle souhaitait qu'on reste proche, au fond on l'est encore et je plairais à d'autres yeux. —

Je parviens à ne pas vraiment arriver en retard et on nous présente la théorie des couleurs, je pense immédiatement à sa couleur, compliqué de l'oublier. Paul est rose, Sam, jaune et Evan, vert. Ils représentent des personnes apaisante, optimiste et créative. On ne peut pas lutter contre ce qui nous correspond.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant