Briser le silence

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Un silence règne sur la pièce chaotique. Tout est devenu calme depuis l'annonce de Frank, il était silencieux et sérieux à son retour. « Paul n'est pas notre fils. » il nous apprend formellement. La nouvelle nous surprend et désarme, tous. Mon courage est un traitre qui a disparu il y a quelques minutes.

Quelqu'un casse la tension :

« Qui sont ses vrais parents ?

-Sam, je t'en prie, changeons de sujet.

-Pardonnez-moi, je vais dormir, part Frank.

-Je suis désolé de m'être emporté, ajoute Evan.

-Non, c'est à vous de m'excusez.

-Est-ce qu'on peut voir la chambre de Paul ?

-Bien sûre. » Accepte la femme.

Les yeux de l'homme se couvrent, mouillés de larmes alors qu'il s'éclipse. On se lève, empruntons les escaliers, je découvre la chambre de Paul pour la première fois. A nouveau, c'est Sam qui entreprend le début de la conversation :

« Comment vous vous sentez ?

-Je ne m'attendais pas à ce que les choses tournent de cette façon.

-Personne ne l'aurait anticipé. Paul, murmure Evan, il n'est pas leur fils ?

-Qu'est-ce que ça change ?

-Tout Sam, absolument tout ! S'ils ne se sont pas précipités sur le téléphone pour prévenir la police, c'était pour préserver leur réputation. Je suis convaincu que Paul le savait.

-Ce serait une adoption illégale ?

-Probablement, répond Evan perdu. On en apprendra plus ici.

-Evan, Sam, j'ai l'impression qu'il y a eu une dispute entre Paul et eux. Il ne serait pas parti sans raison.

-Je vois, c'est plus net. »

Sam jette un œil au placard, Evan fouille une table de chevet et je regarde son ordinateur et notes. Brisons la glace Paul. D'après ses écrits, je remarque :

« Notre disparu était un grand romantique.

-Ça ne m'étonne pas vu sa façon de voir les choses.

-J'aimerai les lire Eva. Et Sam est un fou, j'ai trouvé ses quinze appels manqués, se moque Evan.

-Je croyais que Paul nous ignorait, je voulais m'en assurer, avoir une raison de m'en faire. Finalement il est juste idiot. Et c'est vraiment rassurant de voir qu'il ne change pas. » S'explique Sam.

Il écrivait souvent à un homme, sûrement quelqu'un ayant un rapport avec ce que ses parents m'ont dit au téléphone ce matin. Assise sur un banc, attendant à côté de Sam qui balançait ses pieds, je composa le numéro d'Alicia :

« Allô ?

-Allô, c'est Eva, une amie de Paul.

-J'aurai préféré qu'elle soit plus, se plaint une voix d'homme étouffée.

-D'accord ? Paul n'est toujours pas rentré, je suis désolée.

-On pourrait passer en parler, je suis avec Sam et Evan, on traînait souvent ensemble.

-Oh, Sam a une copine alors ? continue le père de Paul.

-Passez dans l'après-midi, je vous accueillerai, Sam vous donnera l'adresse.

-Parfait, à tout à l'heure ! » Je raccrocha.

Je note le pseudo sur ma main Evan s'en aperçoit et me laisse utiliser son carnet. Je sors mon appareil et capture l'écran de Paul d'une de leur conversation, une des dernière dans laquelle ils se donnaient rendez-vous. Ce serait horrible d'avouer que ma photo a une certaine esthétique intrigante ?

« Aïe ! » se cogne Sam. On se retourne vers lui, je lui demande :

« Tout va bien ?

-Oui, je me suis relevé et ma tête s'est pris un bout de placard. Je n'ai rien.

-T'es tombé sur quelque chose ?

-Quel jeu de mot, juge ironiquement Sam, mais j'ai trouvé une affiche à propos de vaincre des addictions. Paul fumait, je lui ai déjà dit que ça me dérangeait.

-Moi aussi.

-Je me souviens que je l'ai convaincu que ça abimerait ses poumons, ajoute Evan.

-On a des photos joyeuses alors que notre génération semble triste.

-Profondément sombre. » Complète Evan.

Mon seul moyen de montrer que ça ira ressemble quasiment à celui de Sam, je ne rappelle déjà plus de celui de Paul, nous aurions pu devenir plus proche, en attendant, je m'approche d'Evan, le prenant dans les bras. Sam se retourne et nous rejoint « Vous n'êtes vraiment pas obligé, je vais bien, je vous l'assure. Seulement un peu submergé par... » tente Evan, « La ferme Evan. » le coupe Sam. Il finit par accepter le câlin « Merci de ne pas être cons. » il nous lance.

Puis on s'éloigne, on n'a certainement plus rien à faire là, alors, on embarque nos affaires. Madame Weaver excuse le comportement de son mari, encore, expliquant que c'est loin d'eux cette situation, que ça fait chaud au cœur de se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls à être dépassé. A qui se fier après la guerre ? Pauvre Paul.

On part d'une autre maison foireuse, au passé merdique. Evan nous parle d'une lettre perturbante dans laquelle c'est Marlène qui s'exprime à Alicia, sur un procès contre son mari pour la garde de son fils. Elle donne sa précédente adresse. Alors qu'on erre dans le quartier, Evan nous expose :

« Je crois que la maison abandonnée est reliée à Paul.

-C'est notre planque, normal, relève Sam.

-Non. Pas dans ce sens. Je veux dire que Paul porte le même nom que le fils de Marlène et cette lettre rend le tout complexe.

-Ta théorie part loin, c'est effrayant, je comprends.

-Je vérifierai la concordance des noms.

-Pas aujourd'hui, nous sommes fatigués, allons au café mes amis. »

Nous voilà dans un café restaurant, je suis au bord de la fenêtre, regardant l'extérieur, je cherchais mieux, peut-être que Paul aussi. Je hais les apparences, parce que notre groupe semblait bien, pas suffisamment pour lui.

Une serveuse en uniforme arrive avec des cartes, elle est plutôt mignonne. On a tous l'air distrait et cette fois, je brise le silence :

« Tout va bien ?

-Pas vraiment mais je sais qu'on a besoin d'une pause alors autant en profiter.

-Exactement, c'est si différent mais on a besoin de se reposer.

-Pour moi aussi, le moral est touché.

-On va se noyer dans le café au moins. »

En sortant, Sam insiste du regard sur Evan qui perplexe, l'interroge :

« J'ai quelque chose sur ma face ?

-Non, ce n'est pas ça. Je ne savais pas que tu clopais.

-Je ne fume pas.

-Assume-le, tu viens de sortir un paquet de cigarette.

-Sam, laisse-moi !

-Ça ne te ressemble pas !

-Comment tu le sais ?

-S'il te plaît Evan réponds-nous, je les interrompt.

-Ce n'est pas le mien ok ? C'est celui de Paul !

-Quoi ? je laisse échapper.

-Ce n'est pas un crime de se rattacher aux souvenirs !

-Désolé Evan, on se souci de toi vieux. » Se rattrape Sam.

Pas de bagarre ce soir. La façon dont on se parle sonne tellement confuse à cause de nos inquiétudes, de nos préoccupations, de Paul. Encore une fois, même s'il nous défendait, s'est battu pour nous, il ne brise pas le silence, c'est Paul qui nous force à finir en désordre.

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