Leurs lèvres ne bougeront pas

29 10 0
                                    

Une nuit de rêves incontrôlables m'affecta tellement que j'en serai presque devenu narcoleptique. Tout différa cette nuit, tout mon conscient me lâcha, m'offrant quelques heures de répit. Et pour une minute dans cet état, celui qui me manquait presque autant que Paul, je trouvais un paradis me permettant de reprendre là où je m'étais arrêter sur tous les plans.

Je n'ai jamais été autant submergé par quelque chose d'aussi abstrait ces derniers temps. Mon subconscient me manipule à sa guise, me force à admettre mes pires craintes et je le hais et l'aime en même temps.

Il m'impressionnera toujours. Jamais je ne saurai comment atténuer son influence sur tout mon être parce que c'est une partie de mon propre corps. Parce que j'admire mon subconscient quand il m'effraie sauf dans ces derniers cauchemars qui me tuaient.

Cette nuit, j'ai hurlé comme mon moi enfant dans sa phase de terreurs nocturnes, plein poumons, rien ne me bloquait jusqu'à ce que l'astuce ne fonctionne plus.

Je ressentais moins de pression, malgré l'anormalité banal. On traînait dans ce lieu désaffecté, je ne portais pas réellement attention à ce que je fabriquais. Paul était là et emballait des meubles à l'aide de scotch et cartons, il m'a soufflé :

« Je vais m'enfuir, tu viens ?

-Non, reste.

-Toi et moi savons que ce n'est pas possible. »

Et là, tout s'enchaîne, il escalade un mur, saigne comme une cadavre mutilé et se laisse tomber dans une mare et son corps se réanime. Je me réveille sans savoir quoi dire, à nouveau confus.

Mon alarme me retient, me réoriente. Je me rafraichis le visage à l'eau gelée, la cause de mes mains froides est due à ce rituel je parie. La dernière fois que je devais noyer ma figure à la même température, je manquais de littéralement tomber de fatigue, bon sang, je crains. Je file sous la douche puis me lave les dents et m'occupe de mes cheveux. Je regretterai sûrement puisque je suis persuadé qu'on va me les ébouriffer.

Je lasse mes chaussures, je sais que Paul les fait différemment, il nous l'a montré un jour et je dois être son préféré parce qu'il m'a appris. Eva a remarqué que j'avais changé de pair, je devrais laver les anciennes mais je n'ai pas l'énergie pour tout ce que j'entreprends.

Je rejoins Eva et Sam qui me sourit narquoisement, m'adressant :

« J'ai trouvé plus en retard que moi ?

-Quelle connerie...ok, je l'admets mais ce sera la seule et dernière fois.

-C'est parce que tu t'occupes de tes cheveux plus que Sam ça, elle se moque en me décoiffant. Sinon t'as dormi ?

-Oui.

-Ça ne me dérange pas de devenir plus ponctuel que toi, tu peux dormir, me charrie Sam.

-Je n'y suis pour rien si t'es plus motivé quand il s'agit de nous retrouver.

-Vous trois, enfin...vous deux, se corrige-t-il, vous me donnez de l'énergie. »

Une courte forêt nous sépare de notre objectif, la maison désaffectée, on s'élance dans les piles de feuilles, sans prêter attention à l'environnement tout autour, on tombe sur notre planque habituelle, toujours aussi vide.

Nos habitudes n'évoluent pas, on continue d'emprunter les mêmes passages pour se glisser dans la maison vacante. Pas juste une maison, mais plus notre lieue infréquenté et oublié.

Un pas sur ce sol délavé par le temps et grinçant me suffit, je revois la découverte du médaillon sous le canapé, ce pendentif dévoilant la photo d'une femme enceinte et son mari. Eva le garde par fierté de la découverte. Je me souviens de tous les noms au dos des photos, de Paul qui comparait nos trouvailles aux lettres dans 'Les liaisons dangereuses', un affreux livre, toujours d'après lui et de Sam qui paniquait tellement que pour le rassurer, on a reconstitué des scènes familiale, plus fidèles aux anciens propriétaire.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant