🦋Chapitre 24 : La dernière

Depuis le début
                                    

— Comment tu as remarqué ?

— Tout le monde l'a remarqué. Dit-il simplement.

   Troublée, je n'ose pas le regarder. Son comportement est bizarre aujourd'hui. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe dans sa tête. Ça me stresse légèrement beaucoup cette situation.

   Une notification apparaît sur mon écran. Ma poitrine se resserre jusqu'à m'en faire mal. J'ai le souffle qui se coupe. Mes mains se mettent à trembler. Je me lève d'un coup, attirant le regard de mes enfants autour de la tablée. Je ne veux pas ouvrir le message de mon père.

— Je vais fumer.

   Je leur offre un sourire peu sincère et je me dirige vers la porte principale. L'air de dehors est plus rafraîchissant que tout à l'heure. Ça fait du bien. Je prends quelques secondes pour respirer et je m'adosse au mur à quelques mètres, juste à côté de la baie vitrée du bar. J'attrape mon paquet de clopes et j'en grille une la seconde qui suit.

   La rue est calme, quelques passants qui viennent sûrement de finir la journée se pressent de rentrer chez eux. Un groupe de huit entre dans le bar en chahutant comme des gosses. Des bruits étouffés par le double vitrage se distinguent légèrement, sauf lorsque le groupe ouvre la porte pour échapper à la froideur de la nuit. Là, on entend le brouhaha incessant du lieu.

   Je me penche légèrement pour regarder à travers la vitre, ma colonie de vacances a le sourire aux lèvres, ils rigolent sans que je ne puisse les entendre distinctement. Ils sont heureux.

   Et ils ne savent pas.

    Ils ne savent pas que la douleur est constamment présente.

   Ils ne savent pas que mon corps grince à chaque instant, que mon cœur se casse à tout moment.

   Ils ne savent rien de mes pensées qui fusent, qui s'emmêlent, qui cognent, qui me brisent.

    Ils ne savent rien de mes larmes qui coulent, qui m'étranglent, qui m'empoisonnent.

    C'est déchirant de ne pas pouvoir leur dire, de ne pas trouver les mots, et de finir par me taire.

    Ils sont les témoins silencieux de mes chutes répétées.

   Je pose ma tête sur le mur en fermant mes yeux, je sens quelque chose couler le long de mes joues. J'en ai marre de toujours broyer du noir. Est-ce qu'un jour, j'arriverais à tourner la page ?

— Lee ? Est-ce que tu pleures ou tu as eu de la fumée dans les yeux ?

   Je soulève brusquement mes paupières pour distinguer le nouvel arrivant.

— Je sais ce que ça fait d'avoir la fumée dans les yeux, c'est horrible.

   J'essuie mes larmes et je renifle par la même occasion. J'offre un léger sourire à Noah qui s'installe à mes côtés, le visage soudainement plus sérieux. Quelques minutes passent durant lesquels j'arrive à me calmer.

— Tu sais que j'étais accro à la drogue. Mais est-ce que l'on t'a dit comment je l'étais devenu ?

   Un seul un coup de tête sur la gauche lui signifie que non.

— J'avais un groupe d'ami à l'époque. Ils étaient tous fumeurs. J'étais le seul clean. Ils me proposaient toujours d'essayer, mais j'ai toujours tenu tête. Jusqu'au jour où je me suis pris un râteau par une fille que j'aimais énormément. Tu peux rire, mais j'ai pris ma première taffe le soir même, et je me suis tellement senti bien derrière que j'ai voulu continuer.

Eclat d'espoir : Le combat pour l'espoir, jusqu'à la dernière pageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant