🦋Chapitre 23 : Elles fonctionnent de nouveau

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   « Lorsque j'y pense, ça a à toujours été comme ça. De se bourrer le crâne de fausses idées en espérant un jour les voir se réaliser. On devient des putains de pantins de cette société, on n'agit pas pour nous-mêmes, mais en fonction des autres. On est dicté par leurs regards et leurs jugements, on ne sait même plus ce que l'on veut réellement, au fond de nous, on se cherche, mais il n'y a plus que le néant.

  On ne croit plus en rien, mais on écoute tout, toutes les conneries que les gens peuvent déblatérer au cours d'une journée.

   C'est aberrant.

   C'est triste de voir que l'humain en est réduit à ça, de voir que notre espèce n'évolue plus, mais se dégrade de jour en jour.

   L'amour, je n'y crois plus, on l'a trop idéalisé et pendant trop longtemps, qu'on en devient déçu. On arrive plus à croire en cette petite étincelle, nous sommes devenus des putains de cœur qui ne savent plus aimer.

   J'étais comme ces pauvres chiens abandonnés sur le bord de la route, que les voitures évitent pour ne pas les faucher, mais un jour, une personne ne voudra pas s'arrêter.

   Alors on traîne dans ces rues en cherchant ce en quoi on croit. On laisse les cadavres de bouteilles, qu'on a vidés, traîné sur le sol, brisées, éparpillées comme nos âmes déchues.

   Je laisse le vent me guider parce que moi-même, je ne sais plus où je veux aller alors, même si je ne crois plus en rien, je laisse faire le destin. Parce que, peut-être qu'un jour, j'aurais ce foutu sourire scotché au visage que tout le monde semble s'approprier.

   Puis, je me dis qu'on ne fait vraiment rien pour arranger les choses, on reste le cul assis posé sur la chaise au milieu de nos problèmes sans bouger. On continue de se plaindre, jour et nuit, mais est-ce qu'on a essayé au moins ? Est-ce qu'on a essayé d'aller au-delà de nos pensées ? Moi, je peux honnêtement répondre non. Je pourrais même me le tatouer sur le front.

   Je suis la spectatrice de ma propre vie et je sais que ce n'est pas comme ça que les choses vont changer.

   Mais je ne crois plus en rien, même plus en moi depuis tant d'années.

   C'est sûrement pour ça que j'ai essayé de recommencer à zéro.

   Les amis sont les anges qui nous soulèvent quand nos ailes n'arrivent plus à se rappeler comment voler. Je crois que mes colocataires sont ses amis-là.

   Ils redonnent un sens à ma vie, j'espère qu'ils me feront décoller les fesses de la chaise pour affronter mes démons. »

   Trois coups sont frappés à la porte, j'en sursaute en me redressant. La poignée s'abaisse et une tête apparaît.

— Je peux ?

   Il n'attend pas mon autorisation et pénètre dans la pièce. Je m'assieds en position du lotus pour l'observer s'approcher. Il me fixe tout en s'asseyant devant moi. Il est tellement proche que sa cuisse frôle mes genoux. Son regard brille légèrement, je n'arrive pas à déchiffrer ce que ses yeux veulent me dire. Un sourire en coin apparaît lorsqu'il détaille mon visage. Sa fossette toute mignonne est présente. Il est vraiment beau, je ne peux pas le nier.

   Le silence qui s'éternise me rend nerveuse, je me mets alors à me gratter le coude. Ses yeux suivent mes gestes et je me souviens qu'il sait pourquoi je fais ça. J'arrête alors pour poser mes mains derrière mon dos et mettre quelques centimètre de distance. Sa main se lève avec une lenteur désagréable pour finir sa course derrière mon oreille. La mèche qui s'était échappée de mon chignon improvisé venait d'être mise derrière. Nom de Dieu. On se croirait dans un livre.

Eclat d'espoir : Le combat pour l'espoir, jusqu'à la dernière pageWhere stories live. Discover now