Une voix grinçante me perça les oreilles et me tira de mes pensées.
« — T/P ! »
J'ai tourné la tête et ai perçu le visage furieux de ma professeur de français qui me fixait d'un regard noir.
« — Euh... je n'ai pas la réponse », lui répondis-je d'une voix tremblante.
« — C'est bien ce qu'il me semblait », conclue-t-elle en se retournant vers le tableau.
Il faut dire que je l'avais cherché. J'avais passé toute l'heure à ne rien écouter tellement je cogitais sur la discussion que j'avais eu avec Draken ce matin.
Comment je vais aborder Mitsuya maintenant ?
Eh salut Mitsuya ! Je peux te parler deux minutes ?
Non, ça ne va pas. Si il est occupé je n'aurais jamais le courage d'aller lui demander une deuxième fois. Il faut que j'essaye de trouver une excuse.
Dis Mitsuya, je crois qu'il y a un problème au club tu peux venir voir ?
Encore pire. Il ne me prendra plus jamais au sérieux lorsqu'il verra que le club se porte très bien. En plus, il passe sa vie là-bas donc il le saurait bien avant moi s'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Et si j'essayais de discuter avec lui au club ? Non plus. Il y a toujours quelqu'un qui a besoin de lui ou qui lui demande de l'aide, je ne réussirais jamais à lui parler seul à seul.
« — Raah j'en ai marre ! » proclamais-je en m'avachissant sur ma table.
Mes voisins se retournèrent en même temps dans ma direction.
Merde, j'ai pensé à voix haute.
Je me suis redressée comme si de rien était, puis ai continué de griffonner sur mon cahier.
Je n'aurais jamais cru qu'il était aussi compliqué d'aborder quelqu'un.
Dès que la sonnerie retentit, je sortis au plus vite de la classe et allai m'asseoir sur un banc à l'extérieur. J'allais renoncer à avoir une conversation avec Mitsuya lorsqu'un morceau de papier déchiqueté vola jusqu'à mes pieds.
Ça y est j'ai trouvé !
J'ai pris un bout de papier dans mon sac et ai écrit :
« Rejoins-moi à l'entrée du collège à la fin des cours.
T/P »
Voilà ! J'ai plus qu'à glisser ça dans son casier et le tour est joué.
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╰╮✾╭╯
Une fois les cours terminés, je me suis précipitée à l'entrée afin d'attendre Mitsuya.
« — J'espère qu'il va venir... » chuchotais-je en jetant des coups d'œil successifs de droite à gauche.
« — Je suis là ! »
J'ai sursauté lorsque j'ai vu Mitsuya qui se tenait juste derrière moi.
C'est une manie chez lui de faire peur aux gens ?
« — Alors, tu voulais me voir ?
— Oui, en fait Draken m'a dit qu'il avait eu une conversation avec toi hier...
— Je vois, répliqua-t-il d'un air plus sérieux tout en se mettant face à moi, les mains dans les poches, pour être honnête avec toi, j'ai l'impression que depuis l'autre soir tu me parles de moins en moins, que tu es gênée et mal à l'aise lorsque tu es à proximité de moi. Je ne sais pas si c'est à cause de ce que je t'ai dit, mais si tu ne veux plus me parler parce que ma situation familiale te mets dans l'embarras, alors je préfère que tu me le dises droit dans les yeux, plutôt que de m'éviter. »
Il avait dit ça avec tellement d'assurance qu'il me fit presque perdre tous mes moyens.
Je ne l'avais jamais vu dans cet état là, il avait vraiment l'air de prendre ça à cœur, ce qui me fit sentir coupable de ne pas avoir su comment réagir face à lui. J'aurais sans doute dû lui faire part de mon ressenti plus tôt.
« — Écoute Mitsuya, continuais-je d'une voix plus ferme, j'admets avoir été distante avec toi ces derniers jours, mais ce n'est en aucun cas à cause de ta situation familiale. À vrai dire, après la soirée que j'ai passé avec toi, je ne savais plus comment réagir lorsque je te voyais au collège. J'avais peur de faire une connerie et que tu regrettes de t'être confié à moi. Mais en ayant peur que tu t'éloignes de moi, c'est moi qui me suis détachée de toi... »
Surpris par ce qu'il venait d'entendre, Mitsuya se tut quelques secondes puis poursuivit :
« — Et Takemichi et Chifuyu alors ?
— Hein ? » m'exclamais-je me demandant ce qu'ils avaient à voir dans la discussion.
Mitsuya devint légèrement gêné lorsqu'il réalisa ce qu'il avait dit et reprit :
« — Pourquoi tu étais avec eux à la bibliothèque la dernière fois ? Et le stylo que tu avais dans ta trousse, il était à Takemichi n'est-ce pas ?
— Eh bien ils m'ont aidé à réviser pour mon contrôle de maths, et Takemichi m'a donné ce stylo en guise de remerciement parce que j'avais recousu son pantalon. »
Il avait l'air assez décontenancé par ma réponse, puisqu'il parut hésitant avant de répondre. Je me demande ce qu'il avait bien pu s'imaginer.
« — Ah... d'accord. J'ai cru que..., il s'interrompit brusquement au milieu de sa phrase, enfin... laisse tomber c'est rien.
— Je suis désolée pour toute cette histoire en tout cas », lui avouais-je.
Je vis un sourire rassurant s'esquisser sur son visage, puis il se rapprocha vers moi et posa sa main sur le dessus de ma tête. Sa paume était tellement grande que je la sentais presque recouvrir toute la surface mon crâne.
« — T'en fais pas, répliqua-t-il en me caressant les cheveux, mais je te pardonne seulement si tu sors avec moi ce soir. »
J'ai senti mon visage s'embraser à l'entente de sa demande et cru presque que mon cœur allait sortir de ma poitrine.
« — Avec plaisir », acceptais-je d'un large sourire tout en essayant de cacher mon excitation.
« — Je passe te prendre à 19h. Tâche d'être à l'heure », répliqua-t-il en partant avec son sac à l'épauleet me faisant signe de la main.
J'observai sa silhouette s'éloigner peu à peu, perdue au milieu des autres élèves qui se dirigeaient vers la sortie.
