Chapitre 15

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Parfois, le hasard faisait bien les choses. Les étoiles s'alignaient, à moins que ce ne soit Dieu, ou quelqu'un dans ce genre, qui exauce les vœux silencieux. Qui que soit le responsable, Gabriel en était ravi et ne put retenir un sourire en découvrant Déborah qui s'éloignait, seule, du Lycée, dans la même direction que lui.

Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour la rattraper et lui proposer de marcher avec elle. Ne sachant pas vraiment comment aborder la discussion, il se contenta de remarquer qu'il ne l'avait encore jamais vue à cette heure-ci, alors que lui finissait toujours à seize heures quarante-cinq, le jeudi.

— Monsieur Delorme est absent, répondit Déborah sans expression.

— Sérieux ? s'étonna-t-il. Et demain, tu sais s'il sera là ?

Déborah lui accorda un sourire moqueur.

— Pourquoi, tu l'as demain ?

— Ouais, on fait danse, maugréa-t-il. En plus, c'est mon dernier cours de la journée.

— Du coup, tu iras jouer à la console au lieu de danser ?

Gabriel fit de son mieux pour ne pas se vexer. Théo avait raison, elle n'aimait pas tellement les gars comme lui. D'un autre côté, à en croire le peu qu'il savait d'elle, ses dernières relations n'avaient pas été les meilleures qui soient. Lenny était un sale type et Nathan semblait se révéler du même genre.

Gabriel garda le silence, incapable de réagir comme il faudrait dans ces cas-là. D'ailleurs, comment fallait-il se comporter quand la fille qui l'attirait se moquait ouvertement de lui ?

— Je t'ai contrarié ? demanda soudain Déborah.

Gabriel réalisa enfin qu'il avait gardé les lèvres closes un long moment.

— Ah ! Euh, non, pas vraiment...

— Un peu quand même, donc, sourit-elle. Excuse-moi, ce n'était pas le but. Je suis un peu à cran, en ce moment.

Gabriel lui jeta un regard interrogateur, mais puisqu'elle n'approfondissait pas, il se jeta à l'eau.

— Y a un rapport avec Nathan ? Il t'a fait quoi ?

Silence.

— Théo a raison, tu sais, tu n'as qu'à demander et on va lui casser les genoux.

Déborah pouffa en gardant le regard fixé sur le trottoir.

— Je ne te connais pas beaucoup, toi, mais s'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est que Théo ne cassera les genoux de personnes. Il est doux comme un agneau.

— On voit que tu l'as jamais affronté en arène, railla Gabriel.

— Tu me parles de jeux vidéo, j'imagine. Moi, je te parle de la vie réelle. Théo n'est pas du tout un homme d'action.

— Tout est une question de motivation, tu sais. Mais ça ne me dit pas ce qu'il t'a fait, insista Gabriel.

— Oh, laisse tomber. C'est un con, c'est tout, j'ai pas du tout envie de parler de lui.

Elle n'avait pas été agressive, au contraire, sa voix s'était faite plus triste et Gabriel décida de ne pas continuer de la torturer.

— Tu es pressé ? demanda-t-elle tout à coup.

— Absolument pas !

Gabriel avait répondu avec un peu trop d'enthousiasme, pensa-t-il. Il aurait voulu reprendre la scène et se la jouer un peu plus décontracte, mais c'était trop tard.

Déborah ne fit aucune remarque et se contenta de lui proposer de se balader un peu. Ils arrivaient au centre-ville, là où Gabriel prenait le bus pour rentrer chez lui. Il accepta la proposition de la jeune fille et ils bifurquèrent vers la zone piétonne. Déborah ne voulait pas parler de Nathan, en revanche, elle précisa qu'elle n'était pas non plus prête à rentrer chez elle. Léa l'avait lâchement abandonnée, selon ses termes, pour faire des recherches avec Iris.

Meurtres en story (Wattys2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant