Chapitre 5

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Le mercredi, contrairement à ce qu'il avait espéré au départ, était pratiquement sa journée la plus chargée. En découvrant son emploi du temps à la rentrée, Gabriel en aurait pleuré. Avec ces deux heures de français en plein milieu de l'après-midi, il lui avait été impossible de s'inscrire au club de volley de la ville. Les seuls cours de son niveau étant pile aux horaires des cours de madame Granger, la déception avait été de taille. Sa mère avait bien essayé de lui faire avaler qu'avec un nom pareil, cette prof allait au moins leur donner quelques cours d'incantations ou de défense contre les forces du mal, mais cela n'avait pas suffi à Gabriel à accepter la situation plus facilement.

Pourtant, après seulement quelques semaines de cours, et sans aucun doute grâce à ses deux nouveaux amis, il fallait bien avouer qu'il s'y était fait et que le volley ne lui manquait plus autant. Gabriel en était même venu à se demander si c'était le volley qui lui manquait ou le fait de ne plus pouvoir pratiquer avec son frère. La seconde hypothèse avait de plus en plus ses faveurs, ces derniers temps.

Ce jour-là, de toute façon, son esprit était bien malgré lui focalisé sur tout à fait autre chose. La nouvelle théorie sur l'accident de Lenny était sur toutes les lèvres. Si les cours du matin avaient accaparé la majorité de leur attention, le trio aborda de nouveau le sujet à la cantine. Théo et Saïd tentaient de tirer les vers du nez du nouveau, comme ils l'appelaient encore parfois.

Le père de Gabriel, Quentin Delmotte, était policier. C'était d'ailleurs l'un des principaux griefs de Lenny à son égard. Il l'appelait poussin ou fils de poulet et le malmenait autant que possible en le défiant d'aller cafter à son père le flic.

— Tu ne vas pas me dire que ton père ne sait rien du tout ? insistait Saïd entre deux bouchées.

— Pourtant c'est le cas, sourit Gabriel. Déjà, mon père n'est pas inspecteur, donc il ne participe pas aux enquêtes. Quand il y a des trucs dans ce genre, il l'apprend souvent en même temps que le grand public.

— Mais c'est un flic quand-même, il doit bien savoir des trucs avant nous, non ?

Gabriel soupira. Il avait lui-même été étonné, les premières fois où il avait abordé le sujet avec son paternel. Il comprenait donc, ce que pouvaient ressentir ses camarades. D'un autre côté, il avait l'impression de répéter le même discours inlassablement.

— Mon père est de la police municipale, pas nationale, répondit-il avec tout le calme dont il était capable. Si tu veux, tu peux le comparer à Iron Fist.

— Genre ton père à une main qui s'allume ? se moqua Saïd.

— Non, bien sûr que non, rigola Gabriel. C'est surtout que par rapport à des civils, c'est un flic, mais en fait, son chef c'est le maire, pas le ministre de l'Intérieur.

— Où est le rapport ? demanda Théo, un sourcil levé.

— Bah Iron Fist c'est un super héros, mais c'est pas un Avenger.

— Ha ! Ha ! Ha !

Saïd manqua s'étouffer avec son morceau de steak et dut boire quelques gorgés pour s'en remettre.

— Il est quand même plus fort que Hawkeye, crut bon de préciser Théo.

— On s'en tape ! claqua Gabriel. T'as compris le principe.

— Ouais, sourit Saïd, ton père ne sert à rien.

Il marqua une courte pause avant de préciser qu'il plaisantait. Gabriel lui sourit pour confirmer qu'il ne lui en voulait pas. Par ailleurs, mais il garda cette réflexion pour lui, il était plutôt d'accord.

— Tout ça pour dire que je ne sais rien, reprit-il enfin. Mon père ne sait rien non plus, mais je crois que personne ne sait rien, en vérité. C'est juste les délires de quelques mecs sur Youtube, je vous rappelle.

Meurtres en story (Wattys2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant