À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 101 - Jusqu'à la mort

Louisa soupire puis les observe un par un.

—Nous sommes des criminels... ALLOS doit se racheter. On doit se racheter. Nous avons causé trop de dommages, trop de morts inutiles, et nous n'avons pas respecté la promesse que nous nous étions fixée l'année dernière, à ce même endroit...

Julien observe amoureusement Louisa, tandis qu'Hélène reste un peu perplexe par toutes ses annonces.

—Del-Orti et mon père sont morts à cause de leurs erreurs... André est mort à cause des miennes... Je ne veux pas qu'on me voit ainsi. Je veux aider les gens, permettre que la puissance d'ALLOS fasse un peu le bien autour d'elle. Vous comprenez ?
—Bien-sûr Louisa, mais le monde des cartels est intraitable... rétorque Hélène. Tu ne peux pas promettre ce genre de chose. D'autres guerres viendront... Il y aura d'autres Andrej Kïska, d'autres Rof Throsen ou d'Henrique Tavares . Toutes ces enflures peuplent la Terre et voudront ta peau, tu le sais...
—Hélène a raison, dit Rof. Des hommes comme moi voudront ton empire. Ils voudront ton pouvoir. Mais je serais là et je ferais tout mon possible pour contrer leurs plans. Je les connais par cœur, chacun d'entre eux et même si la plupart ont été sauvagement assassiné sur ce navire, je peux maîtriser le reste. Nous rebâtirons un cercle des cartels plus fort, et plus sûr.
—Et nous sommes les plus puissants, ajoute Louisa. Personne n'osera nous défier.
—Oui... personne n'osera affronter la Reine d'Europe ! lance avec vigueur Rof en levant son verre. Et croyez moi après l'épisode de la station pétrolière, Louisa a calmé les ardeurs de pas mal de gens ! Surtout moi !

Les rires fusent à nouveau.

—Alors ? Vous êtes d'accord ? demande Louisa.

Toute l'équipe se regarde un court instant. Julien tend son verre, suivit de Hélène, Jules, puis Rof. Face à la reine d'Europe, tous acceptent son offre.

—Donc je vais vraiment faire partie de l'équipe ? demande Jules.
—Oui, tu apprendras avec moi à gérer les affaires extérieures. Nous serons en liens avec des associations écologistes pour réparer nos dommages, mais aussi humanitaires. Plus tard, tu reprendras la gestion de tout cela et tu seras le visage médiatique de la grande fondation ALLOS.
—Sérieux ?!
—Tu auras des millions de dollars en fonds disponibles, tu feras ce que tu voudras. Tant que tu le feras bien et que tu penseras aux autres avant toi.
—Promis ma sœur ! Maman sera fière de moi...

Jules se tait aussitôt et devine avoir fait une bourde. Louisa lui sourit.

—Ne t'en fais pas. Maman reviendra par elle-même, j'en suis sûr. Maintenant que je connais toute la vérité sur papa, elle ne pourra plus me mentir. Peut-être qu'elle me pardonnera et moi aussi.
—Et comptez sur moi pour être la reine de la sécurité ! Aux moindres soucis, je trancherai des gorges aussitôt ! lance Hélène, couteau à la main.
—T'es bizarre ce soir. T'as vraiment envie de couper des gorges toi, dit Julien.
—Je te jure... ces mois de prisons m'ont donné faim.. j'ai envie de sang !

Hélène voit le regard médisant de Louisa.

—Mais en respectant tes ordres, évidemment... conclue-t-elle le regard fuyant.
—Quant à moi, j'en profite pour que vous soyez tous réunis pour faire aussi une annonce, proclame Julien.

Ses yeux viennent imémdiatement se poser sur Louisa.

—Moi et Louisa, on sort ensemble.
—Quoi ?!
—Oh non c'est reparti... dit Hélène.
—Oui et peu importe vos opinions personnelles, ajoute Julien en fixant Hélène. Nous voulons essayer quelque chose et elle n'aura jamais le cran de vous le dire. Alors voilà...
—Devant tout le monde ?! T'es sérieux ? lance Louisa qui observe du coin de l'œil Rof tout sourire.
—Oui Louisa ! Ras le bol de se cacher et de s'engueuler à propos de ça !
—On reparlera de ça plus tard ! Maintenant ferme la !

Hélène se met à rigoler et lance des reste de nourriture sur Julien.

—Booouh ! Le râteau que tu t'es pris !
—Oh ferme ta gueule toi !

Rof se lève de sa chaise.

—En vous voyant ce soir, je sais pourquoi ALLOS est grand. Parce que vous êtes soudés. Vous ne faites qu'un. Comme un seul être dirigeant un seul empire et je suis fier de faire partie de cette beauté. Mais j'ai conscience que le temps doit faire son œuvre et je...

Rof hésite mais Louisa vient à ses côtés.

—Ici... au cœur de la vallée... vous pouvez tout nous dire. Cela restera entre nous. À jamais, proclame-t-elle.

Rof, les yeux perlés de larmes, sourit à Louisa puis reprends.

—Si je suis ici c'est grâce à André... je... lui dois ma vie. Il m'a forcé à quitter Oléana qui était déjà parti et...

Rof ferme les yeux.

—Et il m'a protégé au gré de sa vie... il était tellement blessé... il savait qu'il n'allait pas s'en sortir... il m'a forcé à partir et à quitter le navire. Il a pensé à Louisa avant tout... Alors, pour lui, pour Oléana, je vous serai fidèle. Jusqu'à la mort...

Louisa observe longuement Rof puis vient se réfugier dans ses bras. Un peu égaré, Rof la sert à son tour en étant inondé par des images de sa fille. Les larmes tombent sur la chevelure de Louisa et il sert encore plus fort son étreinte lorsque le sourire d'Oléana et de sa précieuse Susanna lui apparaisse.

—André pensait toujours à Louisa... ajoute Hélène nostalgique.
—Avant sa propre vie... dit Julien en levant son verre.

Louisa, parmi sa famille, admire chacun d'eux. Au cœur de la vallée inondée par la lumière du soleil couchant, dans le refuge de Del-Orti, Louisa lève son verre.

—Pour André...

Toute l'équipe lève à son tour leur verre.

—Pour André !