Chapitre 90 - Remarquable

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On est bloquées toutes les deux dans des vulgaires chiottes... mon père et ton mentor son probablement mort... et toi, tu m'attrapes par la main pour me sauver la vie... T'es vraiment une connasse.
—Les hommes armés continuent de chercher, ça veut dire qu'ils ont pas réussi à les avoir. Et tu sais, j'ai couru pour sauver ma propre vie. J'en ai rien à foutre si tu finis crever.
—C'est ce que tu dis mais tu n'étais pas obligée de m'aider, réplique Oléana.
Ils sont ici pour nous tous. Tu as vu ce qu'ils ont fait à Ajay ? À Zaklov et aux deux sœurs canadiennes ? On doit s'entraider si on veut survivre. Et ensuite, on pourra reprendre nos vies là où elles en étaient.
—Tu veux dire reprendre notre guerre ? Si on est ici, c'est à cause de toi.

Louisa sourit et repense à sa conversation avec Rof.

Oléana... On est ici à cause de nos choix. Nous sommes les deux responsables. Regarde où notre guerre nous a menée. On est toutes les deux traquées par des hommes qui veulent nous massacrer... Aucune de nous ne va ressortir gagnante. Ton père a raison, on doit mettre un terme à cette guerre et conclure un accord qui nous satisfera tous.
—Je vous ai vu discuter et je dois dire que rarement j'ai vu mon père autant captivé par une conversation. Même ton précieux André semblait jaloux de vous voir tout les deux.
—Arrête de dire n'importe quoi. Ton père est un homme d'affaire et contrairement à toi, il sait l'importance de négocier et d'échanger. Tout comme André, il a de l'expérience et ça se voit.
—Tu as beaucoup plus de points communs avec lui que j'en aurais jamais. Tu es comme lui... impitoyable.
—Ton père n'est pas l'homme auquel je m'attendais. Il est...
—Fou ? coupe Oléana sourire au coin.

Louisa sourit en devinant la relation plus que compliquée que doit entretenir Oléana avec lui.

Surprenant, reprend-elle. Il est réfléchi et bon parleur mais il est très facile de voir son côté manipulateur. Néanmoins, je l'ai trouvé sincère lorsqu'il m'a parlé de ta mère. Je ne le connais pas aussi bien que toi, mais au-delà de la folie, il semble plus humain que la plupart des dirigeants des autres cartels.
—Il t'a parlé de ma mère ? rétorque Oléana étonnée.
Oui.
—Eh bien... Même avec moi, sa propre fille, il évite le sujet. Rof ne veut jamais me parler du passé par peur de faire revivre les fantômes de sa vie.
—C'est toujours compliqué pour un parent d'aborder ce sujet avec ses enfants. Ma mère était exactement pareille que Rof. J'avais très rarement des histoires sur mon père ou son enfance...

De nouveau, des bruits de pas résonnent dans le couloir. Oléana et Louisa se taisent aussitôt. Quelques secondes plus tard, le claquement d'une porte se fait entendre et le silence refait surface.

Ton père te manque ? demande doucement Oléana.
Tout les jours, répond Louisa. Tu sais, si j'ai repris ALLOS c'est parce que je voulais des réponses. Peut-être qu'inconsciemment son absence est devenue trop lourde à porter pour moi et reprendre ALLOS était la solution pour...

Louisa s'interrompt sous l'émotion.

Était la solution pour faire revivre ton père ..?

Louisa acquiesce.

C'est drôle... Lorsque mon père m'a confié la direction de la Norway Arctic, j'ai immédiatement pensé à ma mère. Je voulais qu'elle soit fière de moi, fière de me voir intégrer l'empire Thor Industries et le faire s'étendre... Comme si nos vies, nos choix, étaient étroitement liés aux morts...
—Nous subissons le passé, réplique Louisa. Le passé possède une influence extrême sur le présent, surtout dans le monde des cartels. André à subit les choix de Del-Orti, tout comme moi. Quant à toi, tu as subi les choix de ton père.

Oléana sourit.

On va presque devenir meilleures copines, lance-t-elle en ricanant.
N'exagère pas... Pour l'instant, il va falloir qu'on s'échappe de ce bateau...
—Tu es une fille remarquable Louisa.
—Merci Oléana, même si je te déteste, je suis touchée.
—Tu me déteste vraiment ?

Dans la chaleur étouffante des toilettes, Louisa fixe intensèment Oléana.

Hélène est ma meilleure amie. Par ta faute, je l'ai perdu et pour être honnête avec toi, j'ai du mal à t'accorder mon pardon. Surtout en imaginant Hélène enfermée et sûrement martyrisée par le lieutenant Bérard...
—Je n'ai jamais voulu cela... Jamais ! J'avais conscience que je prenais un risque en t'enlevant l'un de tes collaborateurs mais sur l'instant, je pensais sincèrement que c'était la meilleure solution pour te forcer la main. Je n'ai pas prévenu la police, je peux t'en assurer.
—Je sais mais l'aurais-tu tuée ?

Oléana reste silencieuse.

Répond moi. Aurais-tu tué Hélène si j'avais refusé ton accord ?
—Je pense oui, lance crûment Oléana.

Louisa soupire. Sans surenchérir, elle colle son oreille contre la porte des toilettes et entends toujours le silence...

La Norway n'est pas ALLOS, dit Oléana, le regard grave. Je n'ai pas une famille qui m'entoure et me guide dans mes décisions. Je n'ai pas un roi de l'informatique comme Julien, une tueuse professionnelle comme Hélène et un homme paternel et connaisseur comme André... Mon père n'a rien à voir avec André... Je suis la seule à prendre les décisions... et je commets des erreurs Louisa. Comme tout le monde.

Oléana fixe intensèment Louisa.

Alors... Je suis sincèrement désolé pour Hélène et si nous sortons vivantes de ce bateau de l'horreur, je t'aiderai à la récupérer. Je mettrai tout les moyens en ma possession pour la faire sortir de prison.
—Et à mettre fin à cette guerre ?

Les deux femmes se sourient puis se sert la main. Une poignée ferme et vigoureuse concluant un accord entre ALLOS et la Norway. Mais aussi légère qu'est l'ambiance dans ces minuscules toilettes, une voix dans le couloir refroidie immédiatement les deux jeunes femmes.

Vous deux, fouillez cet étage et chacune des portes de ce couloir ! Ils ne doivent pas nous échapper !
—Reçu lieutenant !

Louisa et Oléana s'observent avec gravité sachant qu'elles devront se battre pour survivre.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOnde histórias criam vida. Descubra agora