Chapitre 82 - Pour toi

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Louisa voit André changé d'expression.

Impitoyable... dit-il doucement.
Qu'est ce qu'il a fait ?
—Del-Orti voulait frapper en un seul coup. Un coup propre, brutal, pour éradiquer les dirigeants polonais d'une seule frappe. Alors, il a attendu la « Fête de Dieu » en Pologne. Une longue tradition remontant au 18e siècle où l'on célèbre la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie. Les familles et les amis se réunissent, vont à la messe et à des processions organisées dans toute la ville puis se retrouvent pour partager le dîner. De part leur puissance économique, les polonais possédaient tout un village au Nord de Varsovie... C'était parfait pour Del-Orti...

Louisa reste silencieuse tout en sentant les battements de son cœur s'accélérer.

À ce moment de sa vie, Del-Orti n'avait aucun pitié... aucun maître... aucun Dieu... Sous ses ordres, son escouade a enfermé plus de trois cents personnes dans cette ancienne église... et a mis le feu... Absolument toutes les familles et proches des dirigeants ont été tué... Il ne restait plus rien...
—Toutes les familles... ? demande Louisa la voix enrouée.
Oui... répond André dépité. Les femmes et les enfants... les grands parents, les paroissiens, les sœurs, les chanteurs de la chorale religieuse... absolument tout le monde... mais Del-Orti avait atteint son objectif. Il avait tué les polonais et vengé ton père...
—Mon père n'aurait jamais voulu ça ! jette Louisa avec colère. Tout ces vies innocentes pour mon père ! Del-Orti avait complètement perdu l'esprit ! Ce n'est pas l'homme que j'ai connu !
—Non Louisa... Il aimait ton père... Tellement fort qu'il n'a pas supporté sa perte. Après sa vengeance accomplie, il est resté terré pendant des années dans son manoir. Il ne me l'a jamais vraiment avoué mais je suis persuadé qu'il veillait sur toi et ta famille... Ce n'était pas un hasard si il fréquentait le bar dans lequel tu travaillais... je suis même sûr que tu as dû le voir plusieurs fois au cours de ta vie mais sans jamais y prêter attention... Dans ses moments les plus sombres, Del-Orti agissait comme une ombre.
—Oui mais notre vie était chaotique...
Je sais... mais Del-Orti respectait le choix de ta mère... C'était à elle de décider pour toi et ton frère. Après la mort ton père, il ne pouvait pas lui enlever ses enfants.
—Je comprends mais je me sens comme abandonner dans cette histoire.. finalement, j'ai perdu mon père et Del-Orti... ma mère s'est enfermée dans ses mensonges et sa tristesse et j'ai hérité de ce monstre qu'est ALLOS... à mon tour de perdre la raison comme Del-Orti... Moi aussi j'ai massacré des centaines de personnes et je vais devoir vivre avec ça toute ma vie !

André serre les épaules de Louisa.

Mais tu ne comprends toujours pas ? lance-t-il vigoureusement. Tu es totalement différente de Del-Orti. Tu n'as pas décidé de t'en prendre à Rof ou Oléana Thorsen... ni à leurs familles... Tu as traité la crise comme une vraie dirigeante et ton choix d'attaquer la station pétrolière avait un comme simple objectif d'affaiblir économiquement la Norway. Et ça a marché !
—Mais à quel prix André ?! J'ai perdu mon âme dans cette histoire ! Comme Del-Orti ! Et je vais finir comme lui ! Sous les roues d'une voiture à me faire broyer les os... Toi aussi tu étais contre cette attaque ! Tu m'avais prévenu !
J'étais contre car les conséquences étaient imprévisibles et tu n'as pas pris en compte qu'une guerre entre l'Ukraine et la Russie a complètement bouleversé l'Europe. Louisa, il faut que tu comprennes que Del-Orti n'avait personne ... Il était seul et isolé... Contrairement à toi. Tu peux reprendre le contrôle de la situation et je serai là pour t'épauler, jusqu'à ma mort.
—Et si je n'en ai plus envie André ? Si je n'ai plus la force de continuer, plus l'envie de me battre... pourquoi devrais-je reprendre le contrôle ?
—Parce que ALLOS ne doit pas mourir Louisa... Dans la lettre qu'il t'a laissé à la Banque de France, cette phrase de Del-orti n'était pas anodine. Louisa... la nature à horreur du vide. Si la Reine d'Europe abdique, d'autres dirigeants sanguinaires viendront s'emparer de ton empire. La Norway sera la première dans la bataille. Et finalement, toute notre histoire, tout nos destins liés, croisés et broyés... toutes ces vies perdues... tout cela n'aura servi à rien.

André pose délicatement sa main sur la joue de Louisa.

Louisa... aux yeux de ton père et de Del-Orti, tu es une Reine. Tu ne peux pas renoncer, pas ainsi, pas comme cela...

Louisa soupire doucement en vient saisir la main d'André.

Je sais André... je le dois pour ALLOS... pour mon père... pour Del-Orti... pour Hélène...

Louisa vient se plaquer entièrement contre André.

—Et pour toi...

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant