CHAPITRE 19: A bout de souffle

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- Relâche mon frère, laisse le partir et j'irai avec toi aux États-Unis. C'est promis.

- Tu es une menteuse, sale pute.

Joshua profita de ce moment d'inattention de l'américain pour lui mettre une fois de plus un coup de pied dans sa partie intime. Cependant, cette fois la douleur fut atroce. L'américain lâcha un cri et Joshua se retira de son emprise. Fikilé et lui prirent immédiatement la fuite. Toutefois, avant qu'ils ne franchissent la porte, un tir se fît entendre dans la pièce. Fikilé et Joshua restèrent figés, la bouche ouverte, le regard porté sur l'américain. Et le sang se mit à couler.
En un fragment de seconde, Fikilé s'écroula au sol, la main dans son dos ruisselant de sang. Sur le coup, Joshua fut tétanisé. Sa sœur venait de recevoir une balle dans le dos sous ses yeux. Il ne savait que faire. Il resta bloqué comme une statuette. Son organe vital avait cessé de fonctionner dans sa cage thoracique. Quelques secondes après, des fusillades et des cris se firent entendre, faisant sortir Joshua de son état d'inconscience. L'américain s'empressa immédiatement de prendre la fuite à son tour. Cependant, rongé par la colère et déterminé à venger sa sœur, Joshua fit sortir l'arme qui lui avait été donnée par les braqueurs afin de se protéger et tira deux fois successivement sans frayeur dans le dos de l'américain qui chuta lamentablement sous ses yeux.

- Joshua qu'as-tu fait ? S'écria Fikilé allongée par terre et se vidant de son sang.

- Il le méritait Fikilé. Répondit Joshua se tenant au dessus des deux corps blessés.

Après un moment de silence, Joshua fit tomber l'arme de sa main puis il accourut vers Fikilé dont l'état semblait grave.

- Fikilé, viens, nous devons nous en aller. Je dois t'emmener à l'hôpital. Tu perds assez de sang. Ajouta Joshua en relevant sa sœur avec délicatesse.

Il retira sa chemise pour laisser place à son t-shirt blanc qui était en dessous de celle-ci, puis il fit une bande partant de la poitrine au dos de sa sœur avec sa chemise. Il prit soin de couvrir correctement la blessure et il la serra très fort afin d'arrêter l'hémorragie. Il fit debout Fikilé afin qu'elle prenne appui sur lui et tous deux s'éclipsèrent de la chambre, laissant l'américain se vider de sang. Toutefois, en sortant Joshua reprit l'arme dont il s'était servi pour abattre l'américain.

- Que veux-tu faire avec cette arme une fois de plus ? Questionna Fikilé en fronçant les sourcils.

- Elle pourra nous servir de protection pour sortir d'ici. Répondit Joshua.

- Si la police te voit avec une arme à la main, tu seras pris pour l'un des braqueurs et tu risquerais d'être abattu.

Fikilé prit l'arme des mains de son frère et elle la lança sous le lit.

- Prends le trousseau de clés qui est posé sur la commode. On passera par l'arrière, il y a sans doute une porte de sortie. Renchérit Fikilé d'une voix tremblante et peu audible.

Ignorant leur présence, la police se centrait sur les braqueurs. Fikilé et Joshua en profitèrent pour sortir de la villa sans se faire repérer. Quelques instants après, les policiers prirent d'assaut la villa. Ils entrèrent et arrêtèrent les trois braqueurs qui n'avaient pas pu s'enfuir et qui avaient survécu aux coups de feu.

Pendant ce temps, Fikilé et Joshua se trouvaient à quelques mètres de la villa. Joshua sentait sa sœur s'affaiblir. Elle était épuisée, moralement et physiquement. Joshua la rassura. Il savait qu'un jour, les choses reviendront à la normale. Mais, pour l'heure leur vie était devenue insoutenable. Il avait l'impression que le ciel leur tombait sur la tête. Il eut l'envie de s'écrouler au sol en hurlant. Cependant, il ne le pouvait pas. Il devait rester fort. Il devait se battre pour Fikilé qui avait plus que jamais besoin d'aide. Il sortit son téléphone de sa poche, puis il rechercha sur Google l'hôpital le plus proche de la zone. Le nom de l'hôpital apparut. Il l'inscrit sur Google Maps puis Fikilé et lui partirent dans un taxi en suivant le chemin que leur indiquait l'application.
Ils arrivèrent quinze minutes plus tard à l'hôpital. L'hôpital était plein à craquer. Les gens couraient de partout affichant un air de tristesse et d'inquiétude. Joshua courut vers un homme, un médecin.

- Ma sœur, elle est là.. elle perd beaucoup de sang. Elle a reçu une balle dans le dos.

Le médecin portait comme toutes les personnes présentes dans l'hôpital, un masque. Il avait l'air ailleurs. Il ne prêta aucune attention à Joshua. On pouvait lire sur son visage le désespoir, la peine et la colère.

- S'il vous plaît, écoutez moi. Suppliait Joshua, la gorge nouée et les yeux qui viraient au rouge.

- Docteur, venez vite. Le patient de la chambre 110 fait un arrêt cardiaque. S'écria une infirmière éprise de panique.

Le médecin voulut partir aussitôt, mais il fut stoppé dans son élan par Joshua qui lui prit la main.

- Et ma sœur, docteur ? Questionna Joshua, les yeux imbibés de larmes.

- Désolé, l'hôpital est débordé. Il a été transformé en un centre d'accueil pour les souffrants de l'épidémie de listériose. Les patients sont indénombrables. Il n'y a plus de lits. Même les couloirs sont pleins. Le pire, c'est que les médecins ne suffisent pas, pourtant de nouveaux cas de listériose ne font que s'accumuler. Nous sommes à bout de souffle. Désolé.

La listériose est une épidémie qui a fait des ravages en Afrique du Sud. Elle se transmet le plus souvent à l'homme par l'intermédiaire d'aliments contaminés par la bactérie Listeria. Figurant parmi les zoonoses, maladies transmises de l'animal à l'homme, les plus dangereuses, cette maladie bactérienne provoque fièvre, vomissements et diarrhées, nécessitant un traitement aux antibiotiques. Le dernier bilan fait état d'environ 1000 cas et 300 morts au total. Les autorités sanitaires avaient pourtant appelé la population à respecter des règles d'hygiène strictes: lavage des mains très régulier, recours à l'eau potable pour les usages domestiques, rinçage des légumes et fruits, cuisson à feu vif des viandes, etc. La province du Gauteng, dont la capitale est Johannesburg, était la région la plus touchée et les premières victimes étaient les nourrissons, les personnes âgées et les femmes enceintes.

Joshua resta figé au milieu de ce centre de santé. Seul, les mains sur la tête, les larmes aux yeux. Tant son désarroi était grand. Il regardait Fikilé allongée sur un banc. Sa sœur allait mourir car ce centre de santé privilégiait les patients atteints de Listériose. Fikilé allait mourir car elle s'était condamnée à être une prostituée pour lui offrir de meilleurs conditions de vie. Fikilé allait mourir car elle avait choisi de se sacrifier pour lui.
Il se retourna et il courut vers le banc où se trouvait sa sœur. Elle lui fit un sourire mais elle n'allait pas bien. Il resserra la bande qu'elle avait au dos pour stopper l'hémorragie. Sur le coup, Fikilé se cambra, un geste qui était dû à la douleur. Joshua sentit sa peine. Il sentit son mal. Il prit Fikilé dans ses bras et lui chuchota à l'oreille.

- Ne t'inquiète pas !
Nous allons nous en sortir, grande sœur.
Tout ira bien...

À SUIVRE...

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