Chapitre 23

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« Ta gueule »

paroles de Jord


« Bang bang, et mon cœur s'arrête pour un amour sans queue ni tête », se moquait la petite voix en son esprit distordu. La vie ne connaissait rien de la logique. Derrière sa nature bien ficelée et ses plans établies avec minutie, la raison cachait le masque de la psychose ignorée. Qu'il était facile de feindre et de se cacher, de taire les vérités. La réalité n'en devenait que plus difficile et étrange à appréhender. Si tenté qu'elle ait existé.

« Bang bang, petit cri dans la nuit et tout disparait », taisait la larme effacée. La continuité ne vivait que parce qu'elle cesserait un jour d'exister. L'oublier n'empêcherait pas cela d'arriver. Dès que le souffle devenait un cadeau, ce ne pouvait qu'être temporaire.

Mais pour Hayja, il n'existait que la mort, parce que la mort était bien plus facile à comprendre. Elle était un instant unique, sans retour possible. Un voyage bien trop court, un ultime soupir.

— Si la vie est véritablement un cadeau, pourquoi la mort a-t-elle été créée ?

A sa propre question, Hayja possédait une réponse. La vie était cruelle et la mort possessive. Pas de libération, cet aspect bienveillant n'existait que pour tromper les esprits encore trop amoureux de la vie ou terrifiés par la mort. Mais Hayja n'aimait ni la vie, ni la mort. Ce qu'elle aimait, c'était les morts.

— Que la mort est belle.

Hayja aimait les morts, et la mort aimait Hayja au moins autant que la vie. Mais la vie était cruelle et la mort possessive...

Bambino et Bambina n'avaient-ils été qu'un rêve ?


— Je t'aime.

Ça ne servait à rien, Hunter n'était pas capable d'écouter ce que j'aurai pu exprimer. Tout ce qui l'intéressait, c'était des gestes de ma part. Ou seulement que j'acquiesce devant ses mots tendres pour une oreille sensible à la flatterie.

Mes oreilles en acceptaient les compliments mais la raison l'emporte bien souvent sur le cœur... Et lorsque ce même gars vous avoue son amour tout en vous maitrisant de ses hormones après avoir retrouvé sa véritable « âme sœur », vous ne pouviez les entendre comme vrais.

Ses doigts se glissèrent dans les miens, sans réelle résistance parce que je n'y parvenais pas. Ses lèvres chatouillaient ma peau et j'aimais ça, parce que je n'arrivais pas à en être dégoûtée. Son corps attirait le mien, comme aimanté, parce que je ne le contrôlais pas. Sa peau brûlante contre la mienne, nos jambes entremêlés et les murmures à l'oreille... J'aimais ça au point de le haïr, lui, ce maudit loup-garou !

La vie est un conte de fée, Hella. Chacun existe paisiblement et rencontre des complications qu'il surpassera sans jamais le tuer. Un dénouement heureux. Mais nous, nous sommes comme les méchantes sorcières, Hella. Et pour survivre, nous ne devons jamais rencontrer les héros, ou alors leur trancher la tête sans même prendre la peine d'exposer notre plan machiavélique.

Les mots de ma mère. Même morte et loin de moi, ses paroles et ses discours moralisateurs demeuraient dans mon esprit, surgissant au moment où j'en avais besoin. Pour me protéger. La raison n'avait jamais tort et le cœur se soumettait bien trop facilement.

« Maitrise-toi Hella. T'es une bombasse, une connasse, pas une nunuche glamour ! »

Se soumettre, même à ses hormones de force, ça ne me ressemblait pas. Ce n'était pas moi. Ma mère m'avait fourni des armes, ma tante m'avait enseigné la sorcellerie et ma grand-mère m'avait appris à ruser.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant