Chapitre 18 - 2/2

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Du rhum, des femmes et d'la bière nom de Dieu ! s'écriait Lettie en chantant en français.

Lorsque sa sœur l'avait appelé en pleure il y a quelques heures, il n'avait pas pensé la retrouver dans un bar de créature à chanter avec des sirènes toutes aussi beauf que la blonde au visage si semblable au sien.

Lettie n'avait jamais été saoule de sa vie. Pas à sa connaissance tout du moins. Et là, elle entamait sa quatrième bière. Un micro était disponible pour un karaoké, mais pas besoin pour que l'alcoolique en devenir puisse exprimer la médiocrité de sa voix à plein poumon. Apparemment, elle s'était disputée avec une amie.

« J'ai recommencé Jord, j'ai été cruelle », lui avait-elle sangloté à l'oreille depuis le téléphone. Il secoua de la tête. Vraiment, elle était censée être sa grand-sœur. Depuis quand était-il devenu le membre mature de la famille ?

Lorsqu'un homme s'approcha de sa sœur, Jord se souvint de la raison pour laquelle il restait ici à surveiller sa sœur pendant qu'elle pétait un câble. Les insectes n'étaient jamais loin. Il ne pouvait décemment pas la laisser seule dans un état aussi vulnérable. Déjà qu'en temps normal – sobre il entendait – Lettie était incapable de repousser un individu malveillant, alors bourrée...

Il s'approcha mais n'eut pas le temps de défendre sa sœur. Cette dernière éclatait son verre encore plein sur le crâne de l'individu. Ce dernier avait commencé à la tripoter. La poignée en verre dans les mains, elle s'apprêtait même à... Oh...

— Lettie, ne fais pas ça ! s'écria-t-il en empêchant sa sœur d'égorger l'harceleur.

— Mais non Jord, tout va bien. J'ai vu comment faire dans les films. Tu dois bien prendre au niveau de l'artère si tu veux tuer. Mais je veux laisser à ce connard l'occasion de survivre. S'il survit, alors Dieu l'aura voulu. S'il meurt, son âme appartiendra à l'Enfer.

Il ne lâcha pas sa main menaçante, permettant à l'homme de se retirer et au reste du bar de reprendre sa vie de débauche. Avec plus de force que de parole, il parvint à sortir avec sa sœur sans tracas. Il ne l'avait jamais vu se battre. Encore moins menacer de mort quelqu'un ! Habituellement, Lettie poussait au suicide et se défendait à coup de mots sélectionnés avec soin pour détruire son ennemi. Il l'avait lui-même vécu. Des mots cruels qui, aujourd'hui, lui avait permis d'en ressortir plus fort.

Les mots avaient un pouvoir divin. Sa sœur était ainsi une arme redoutable et prête à l'usage en tout instant.

— Je suis un monstre...

Et voilà, l'ivrogne se remettait à pleurer.

— J'ai dit des trucs que je ne pensais pas... Enfin si, je les pensais. Mais j'avais appris à garder ce que je vois dans ma tête. Là c'est sortie tout seul. J'étais en colère... Je n'ai pas le droit d'être en colère... Elle doit me détester...

— On s'en fout qu'elle t'aime pas, la grosse. T'as qu'à rentrer à la maison. Papa s'ra content.

Elle leva ses yeux vers lui et se remit à pleurer de plus belle. Bon sang, c'était vraiment difficile de s'occuper d'une personne bourrée.

— Vous me détestez aussi, j'ai gâché votre vie. A cause de moi, les méchants veulent vous tuer.

— Combien de fois je dois te le dire pour que ça rentre ? Je peux tuer ton mec sans que personne ne puisse le retrouver, anéantir son gang sans que jamais mon nom ne soit cité.

— C'est pas gentil d'être méchant. Et tuer des gens c'est méchant.

— Tu allais torturer ce connard tout à l'heure.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant