19. La demande

45 4 0
                                    


                                                     Dix-neuvième Chapitre: La demande


Je n'ai plus revu Ayoub depuis au moins trois mois. Et nous sommes en janvier présentement... Est-ce mieux comme ça? Je ne sais pas. Depuis deux mois je ressens un vide à l'intérieur de moi, et ça ne veut pas partir. J'ai eu beau travailler fort à l'école, avoir fait toutes mes prières en prenant tout mon temps, avoir lu une soûrat (un verset) du Coran ou des dua'a (prières récitées) à chaque nuit avant d'aller dormir, être sortie plusieurs fois entre amies, j'avais continuellement ce manque de quelque chose, ou peut-être de quelqu'un...?

Ça me fait peur. J'ai... peur d'aimer. J'ai peur de donner mon cœur à quelqu'un qui en abusera. Et j'ai surtout peur que cette personne me le vole et disparaisse à jamais de ma vie. C'est pour cela que j'ai une grande carapace d'indifférence. J'en ai besoin pour me protéger de ce monde si cruel et barbare. Et ce n'est certainement pas Ayoub et Taha qui me protègeraient!

En tout cas, comme je le disais, Ayoub a totalement disparu de ma vie depuis trois mois. Cependant, lorsque je revenais de l'école aujourd'hui, je l'ai vu, chez moi, habillé en complet pour homme, dans MON salon, en train de discuter avec mon PÈRE! Même qu'ils... rigolaient. Ça m'a fait quelque chose en les voyant. Je ne sais pas ce que j'ai ressentit, mais ce n'était pas désagréable. C'était même peut-être du soulagement. Pourquoi? Je n'en ai aucune idée.

Mon père me vit entrer à ce moment, et m'interpella pour que je vienne au salon. Merde. Je n'avais vraiment pas envie de voir Ayoub. En plus d'avoir mal dormi hier - donc j'avais des cernes gigantesques-, je ne me suis même pas arrangée ce matin! WOW! Bravo Nayla! Bon, je pense qu'il a dû me trouver plus laide que d'habitude, mais bon, je m'en fiche un peu de son opinion. Mon père me fixa longuement. Je me demandais même pourquoi est-ce qu'il me fixait aussi intensément, tout en m'indiquant quelque chose par des mouvements de tête.


Mon père: Lek ya Nayla! Chou nâtra la tsalmé fîh?! (Mais Nayla! Qu'est-ce que tu attends pour le saluer?!)


Moi: Oh! Eh! (Oui!) A'afwan (Pardon)... *en plaçant ma main sur mon coeur* Salâm a'alaykom Ayoub (Bonjour Ayoub).


Ayoub: *il se leva en souriant* Selem a'alaykoum Nayla (Bonjour Nayla). Lebess? (Ça va?)


Moi: Eh m'nîĥa, l'ĥamdellah (Oui bien, merci à Dieu). W enta, kîfak? (Et toi, comment vas-tu?)


Ayoub: Hamdoulillah, ça va aussi.


Moi: Bon, bah... J'vais euh... Aller me coucher! Salut.


Mais qu'est-ce que je viens de dire là, moi?! En plus, Ayoub me dévisageait.


Mon père: La' ya Nayla! (Non Nayla!) Khallîké hôn eza betrîdé! (Reste ici s'il te plait!)


Ayoub: Me'lîch a'ammî, si elle veut se reposer...


Mon père: La'! (Non!) Eza la', bala adab ya ammo (Sinon, ce n'est pas poli).


Moi: Tayyeb, ok (Ok alors). Ĥa dallé hôn (Je resterai ici).


Ayoub souriait de toutes ses dents. Pff... Bref, je me suis assise sur le canapé en face de lui. Ayoub a commencé à me poser quelques questions sur moi, et je répondais, mais partiellement. Et je faisais de même, mais ils mentait sur beaucoup d'aspects de sa vie. Il voulait cacher son côté sombre.

En tous cas, il faisait des blagues de temps en temps, et j'avoue que j'ai ris tellement elles étaient drôles. Je lui ai servis quelques douceurs et du jus à un moment donné.

Bref, Zein n'était pas à la maison de toute la soirée, et Ayoub est resté jusqu'à 6h p.m. environ. Il avait l'air de quelqu'un de sympathique au fond, mais je continuais à me méfier. Et d'ailleurs, pourquoi est-ce qu'il est venu à la maison si Zein n'était pas là?


Nayla ChehabWhere stories live. Discover now