Chapitre 18

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Des phares percent la nuit et foncent sur le chemin de terre en face de moi. Je suis toujours assise au sol et claque maintenant des dents.

Le véhicule à peine arrêté, Ulysse se précipite vers moi et s'agenouille.

Son visage est tendu, blanc, il me prend les mains.

- Olympe ! Comment ça va ?

Je tremble de peur et de froid.

- Je ne sais pas...

Il me soutient pour me mettre debout et m'accompagne vers sa voiture. Une fois assise, je pose mes paumes sur la ventilation du chauffage en marche.

Mon voisin ouvre son coffre et vient prendre place à côté de moi, puis m'enroule dans une couverture.

Je respire enfin et ferme les paupières.

- Je vous amène à l'hôpital.

- Non ! Je veux rentrer chez moi.

- Ce n'est pas comme ça qu'on fait après un enlèvement ! On doit vous examiner ! Vous avez pu être violentée !

Je me tourne vers lui les yeux rouges et en ayant le nez qui coule.

- Je m'en fous de votre protocole à la con ! Je vais bien. Je veux rentrer chez moi.

Il me tend un mouchoir en papier et je me mouche bruyamment.

- Olympe, je dois...

Mais je me mets à crier.

- Ulysse, je veux rentrer chez moi !

Et je fonds en larme aussi d'un coup il m'amène contre lui et je me blottis.

Son cœur tape tellement vite dans sa poitrine qu'un moment j'ai cru que c'était le mien. Je sens qu'il respire l'odeur de mes cheveux et tout doucement, les battements se calment, ils reprennent peu à peu un rythme normal.

- D'accord.

Je me détache alors lentement de lui et le regarde : il me sourit tendrement.

Puis je me cale contre son siège lorsqu'il met le contact.

Les cinq minutes qui ont suivi étaient silencieuses puis d'un coup :

- Vous pouvez me dire comment ça s'est passé.

J'inspire avec force avant de donner des détails, enfin ceux dont je me souviens.

- Je suis sortie vers 23h avec les recettes du club d'une semaine en espèces dans mon sac...

- Pardon ?

- J'avais, donc, les recettes d'une semaine...

- J'ai bien compris, vous vous baladez en pleine nuit avec autant de frics ! Vous êtes folle !

Je n'aime pas le ton qu'il prend tout à coup, et ce n'est pas le moment d'en rajouter.

- Oui, et bien, je fais ça tout le temps ! Et puis, je n'ai franchement pas besoin de me faire sermonner !

Il se ravise.

- Bon, ensuite ?

- Ensuite, tout est allé très vite. Il y avait deux hommes cagoulés. L'un d'entre eux m'a posé un truc sur le visage, je l'ai respiré et je me suis endormie. Je me suis réveillée perdue en rase campagne.

- Bon, je ferai mon enquête là-dessus dès demain.

Nous nous garons et nous prenons l'ascenseur, pourtant devant le seuil de mon appartement je frissonne.

Mon voisin se place devant moi pour me dire :

- Où est monsieur parfait ?

Je baisse les yeux et comme je ne réponds pas, il me saisit fermement la main et me fait monter un étage.

Une fois dans son appartement, je respire.

OK, il a tout à fait compris que je n'avais pas envie de rester toute seule à attendre Luca après ce qui vient de se produire.

Mon voisin s'active dans la cuisine et je prends place sur son canapé. C'est la première fois que je détaille son appartement : stricte et froid.

C'est tout lui...

Une tasse de tisane bien chaude m'est proposée puis je le regarde retirer ses chaussures.

- Quand rentre votre fiancé ?

- Luca ?

Il se tourne vers moi un étrange sourire aux lèvres.

- Oui, qui d'autre ?

Je remonte la couverture sur moi et bois une gorgée.

- Je ne sais pas, peut-être dans 1 ou 2 heures, peut-être pas. Dans ce cas, il me prévient.

Il vient d'assoir à côté de moi.

- C'est un homme manifestement très pris...

- Oui en effet...

Il me fixe avec intensité et porte le mug à ses lèvres.

Un long silence s'installe puis lorsque je pose ma tasse vide :

- Vous en voulez un autre ?

- Non, merci.

- OK.

Puis il récupère une partie de la couverture pour se mettre dessous.

- Vous êtes étonnante Olympe.

- Ha ?

- Oui, après ce que vous avez subit la plupart des personnes seraient complètement affolées.

- Je ne suis pas en danger maintenant que je suis avec vous.

- Croyez-vous ?

Soudain, tout se mélange dans ma tête, l'enlèvement, lui, l'arme qui git sur la table du salon... et je perds mon sourire au profit d'un mauvais rictus.

- Quoi ?

Voyant mon attitude, il se met à rire.

- Non, je plaisante. Désolé. Ça doit être la fatigue.

Il s'étend alors et je lâche un petit bâillement.

- Venez.

Il se lève et me demande de le suivre dans sa chambre.

- Allongez-vous, je vais rester dans le salon et faire un somme. Si vous voulez un t-shirt, vous en trouverez dans l'armoire. La salle de bain est juste là.

Je regarde le lit et me tourne pour le remercier avant qu'il ne m'abandonne. Exténuée, j'ouvre le placard pour récupérer un vêtement assez grand qui fera parfaitement l'affaire.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me respire à plein poumon son odeur comme s'il s'agissait d'une drogue.

Cela me rassure tellement puis, je me mets au lit...

MB MORGANE - Mon voisin est un pauvre #%@$ ! [Terminé]Where stories live. Discover now