la Bulle

Rocless

Qu'avait-il bien pu se passer pour en arriver là ? Qu'avions-nous omis ?

Tant de questions traversaient notre esprit. Puis elles s'évaporaient aussitôt comme si cela n'avait finalement pas tant d'importance face à l'ampleur du drame. Nous devions emmener DEB' loin de là. Nous devions le confier à quelqu'un qui saurait le sauver, le soigner. Il n'y avait pas de temps à perdre.

Nous nous dépêchions de fuir vers notre repère lorsque l'on entendit des cris. Un homme hurlant sortait du bois. Il était lourdement armuré et armé. Il avait une attitude de conquérant et avançait vers nous tel un char d'assaut. Son allure sombre et sa stature impressionnante nous incitaient à accélérer le pas. Un nuage de brume s'échappait de son attirail et commençait à envahir tout l'espace qui nous séparait. Il fut si vite là qu'il nous était à présent impossible de fuir. Il se posta devant nous, droit et imposant, guettant notre réaction.

Après nous avoir toisé un court instant, ne sachant pas quoi penser, ni quoi faire, il brandit son arme dans notre direction, l'air menaçant.

À l'évidence, il voulait des réponses et se tenait prêt à les obtenir.

Nous n'avions pas l'intention de répondre, ni d'expliquer. Il fallait que nous partions, et vite. DEB' devait être secouru et le temps nous était compté.

Paniquée, cherchant comment agir, je croisais le regard de HAZE qui apparemment avait déjà sa solution au problème. En moins de temps qu'il m'en fallut pour comprendre, il avait déjà bondi sur l'étranger pour le désarmer. HAZE était aussi grand et charpenté que l'homme mais n'était protégé par aucune armure contrairement au mercenaire. Il ne possédait à son avantage que la conviction de l'urgence. Ce fut certainement ce qui fit la différence. L'homme fut neutralisé en un mouvement.

Nous ne pouvions le laisser sur place. Nous ne voulions pas créer plus de confusion et nous attirer l'attention des brouillards. L'homme n'était peut-être pas seul. Il fallait l'emmener, même si cela nous mettait en danger. On aviserait plus tard.

Il reprit assez vite ses esprits. Il ne chercha pas à se débattre. Bien au contraire, son corps ne montrait plus aucun signe de résistance. Ses jambes semblaient avoir du mal à le tenir et il était à deux doigts de défaillir. Ses yeux étaient rivés sur la bulle et son regard fixe s'était empli d'eau. Il n'avait plus rien du mercenaire menaçant. HAZE relâcha la pression et le libéra. L'homme s'avança en titubant vers la bulle qui portait DEB' et s'effondra écrasé sous son armure. Sa tête peinait à se tenir droite. Son souffle se faisait de plus en plus court comme si on lui avait coupé l'air.

Cet homme connaissait DEB', j'en étais convaincue. Il ne pouvait en être autrement. Je compris qui il était assez vite.

Poussée par je ne sais quelle intuition, je lui soufflai à l'oreille :

ROCLESS ?

Il acquiesça, avec tout le poids de sa culpabilité, abattu par la prise de conscience de ce qu'il avait fait.