La quête

1 0 0
                                    


Captivés par notre discussion, nous avions traversé toute la ville sans nous en apercevoir. Et bizarrement, DEB n'avait jamais trébuché. Ses pieds savaient où se poser. Il dégageait une assurance et une sérénité que je découvrais. Les brumes qui nous entouraient paraissaient moins épaisses, plus translucides, comme si elles étaient dissipées par une sorte de luminosité. Pourtant, le ciel était parfaitement comme d'habitude : gris.

Cela m'interpella.

BULLE :

On dirait que le brouillard est moins dense tout à coup. Je ne sais pas depuis combien de temps on marche, mais, j'ai l'impression qu'il n'est pas partout pareil.

DEB' s'arrêta de marcher et jeta un coup d'œil autour de lui :

Effectivement, mais pourquoi ?

BULLE :

Bah, je ne sais pas trop si c'est ça, mais... on dirait que les brumes s'éloignent de nous depuis un petit moment. On y voit plus clair tu ne trouves pas ?

DEB :

Laisse-moi réfléchir...

Euh... attends...

DEB' semblait tout excité. Il tournait sur lui-même et se mit à marcher de long en large en regardant en l'air.

Non ! Mais ce n'est pas possible... Ce ne peut pas être ça !

Comment ne l'ai-je pas vu plus tôt ? !

Mais bien sûr, ça saute aux yeux !

BULLE :

Ça quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire. DEB', tu es flippant là !

Qu'est-ce qui t'arrive ?

DEB' :

Tu ne vois pas ce qui se passe ? Regarde !

Là, il n'y a pas de nuages !

BULLE :

Oui ! Et... donc ?

DEB' se déplace en courant vers une zone plus dense.

Et bien, observe bien le phénomène...

Tadam, ben là non plus, il n'y en a pas !

Alors qu'il y a dix secondes, il y en avait !

Tu as compris ?

BULLE :

Euh, bah non ! Toujours pas !

DEB recommença son expérience de « saute-mouton » plusieurs fois et finit par se planter devant moi, les yeux écarquillés et le sourcil retroussé. Je n'avais toujours pas compris.

DEB' :

Mais enfin, Bulle, tu as quand même bien remarqué que c'est moi qui fais fuir le nuage de brumes ? C'est moi ! Et puis toi aussi !

Bulle :

Moi ? Non !

DEB' :

Ben oui, toi ! Tu n'es pas dans ta bulle et il n'y a pas de nuages collés à toi !

Tu ne trouves pas ça étrange ?

BULLE :

Oh ! Si... Oh ! Mais ça veut dire... que... Ooooooh !

Nous étions surexcités, totalement choqués par notre découverte. Nous avions vécu dans les brumes toute notre vie.

Enfin, pas tout à fait pour ma part.

Nous n'avions jamais supposé qu'il puisse en être autrement.

Si le brouillard était à certains endroits et pas à d'autres, alors, cela voulait dire qu'il pouvait y avoir un endroit quelque part où il ne serait pas du tout. S'il s'était modifié sur notre passage et en fonction de nos déplacements ou comportements, alors, cela signifiait que nous pouvions avoir une action sur lui et modifier sa structure. Le brouillard était fugace et "vivant".

Moi qui avais souhaité sortir le monde du crachin, je ne m'attendais pas à ce que ma métaphore soit réalisable. Et je m'aperçus que les percées de ciel que j'avais guettées toute mon enfance n'étaient pas le simple fruit de mon imagination ou une lubie de rêveuse, ni même une illusion de ma bulle pour me dorer la vie. Elles étaient une réalité et je l'avais toujours su.

Nous découvrions par le plus grand des hasards que notre brouillard avait son propre fonctionnement. Il pouvait apparaître et disparaître. Si notre théorie était prouvée, nous pourrions peut-être nous débarrasser de lui et enfin permettre au soleil, « L'astre lÉgendaire », d'illuminer le sol. (Car oui, certains avaient déjà commencé à affirmer que le soleil n'avait jamais existé et qu'il n'était que le fantasme d'irrationnels. Que si on ne le voyait pas, c'est qu'il n'existait pas)

Si tout ceci s'avérait juste, les gens pourraient alors vivre sans avoir besoin de protections. Nous pourrions jeter aux oubliettes « armures et carapaces, bulles et coquilles ». Tout deviendrait différent. Tout serait possible.

Mais avant cela, Il nous faudrait comprendre d'avantage. Il nous faudrait apprendre, étudier ce phénomène.

D'oÙ provient-il ?

Y a-t-il un endroit où il n'est pas présent ?

Comment réagit-il ?

Qu'est-ce qui le fait fuir ou inversement, qu'est-ce qui l'attire ?

Pourquoi il est là, autour de nous ! ?

Le monde serait-il capable de croire en ce "possible" ?

C'est là, dans cette ruelle dépeuplée, que nous avons décidé de partir en quête de réponses. Et notre première action serait de trouver un endroit vide de brumes et faire la preuve que le soleil existe.

Cette théorie nous permit de commencer notre enquête :

« Là où il y a moins de monde,

le brouillard est plus clair et moins dense... »

Il faut bien commencer par quelque chose,

et chaque problème n'est-il pas le point de départ d'une solution

la BulleWhere stories live. Discover now