15 Viens-tu, mignonne ?

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Le professeur Belegind était assis sur un fauteuil, une table devant lui, dans un des bosquets de son jardin. Il occupait la partie haute de la terrasse, couverte par un auvent de bois ouvragé, et bordée par des arbustes denses assurant l'intimité de l'endroit. Le soleil commençait à chauffer la partie basse de la terrasse qui était à découvert. Océane devait arriver par-là, comme habituellement. Il avait prévu de commencer par lui faire écrire son alphabet et quelques sons basiques tirés de sa langue maternelle. Il ne savait que la calligraphie de son nom qu'il lui avait fait tracer au tout début des leçons pour mieux la connaître. Il voulait comparer ce qu'elle lui écrirait de ce qu'il avait étudié des écrits trouvés sur elle ou dans la forêt. Il apprendrait de sa langue autant qu'il lui enseignerait la sienne.

Il se leva et traversa la deuxième terrasse pour aborder une allée menant à l'entrée de son jardin

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Il se leva et traversa la deuxième terrasse pour aborder une allée menant à l'entrée de son jardin. Il s'avança pour voir s'il apercevait son élève qui ne devait plus tarder. Celle-ci était là en fait, immobile, la main sur le portail de son jardin, le regard inquiet ; elle reprit contenance dès qu'elle le vit.

— Oui, Océane ? l'interrogea Belegind.

Euh ! J'ai...

Océane ne savait pas comment lui dire ce qui venait de lui arriver sur le chemin de l'aller. Jusqu'ici Orophin l'avait amenée jusqu'au jardin du professeur et depuis quelques jours il la laissait revenir seule. Aujourd'hui, il avait voulu qu'elle se débrouille pour s'y rendre d'elle-même et en revenir. Orophin l'avait fait partir plus tôt au cas où elle ne parviendrait pas à trouver le bon chemin du premier coup, allongeant d'autant le temps qu'il lui faudrait pour arriver à destination.

Cela n'avait fait que quelques minutes qu'elle s'était mise en route lorsqu'elle avait rencontré un elfe sur une étroite coursive. Malgré son allure calme et son visage neutre, elle avait su immédiatement qu'il était en guerre. Sous son regard qui l'avait impitoyablement clouée, le cœur d'Océane s'était encagée d'effroi lorsque l'elfe lui avait parlé, posément pourtant, le visage impavide. Il était « terrible », avait-elle pensé, écrasée par l'aura et la personnalité de cet elfe. Son sac de cours serré devant elle pour seule protection, Océane avait instinctivement baissé la tête, seul mouvement dont elle avait encore été capable juste avant que la panique lui ait rendu ses sens. L'elfe avait à peine fini de parler qu'elle avait fait demi-tour et avait couru jusqu'au talain d'Orophin dans lequel elle s'était réfugiée. Mais son prince s'en était absenté. Celui-ci rapportait régulièrement les paniers-repas pris aux maisons de restauration. C'est sûrement là qu'il s'était rendu, s'était-elle dit. Elle avait dû se résoudre à ressortir du talain. Elle avait ouvert la porte avec précaution, n'avait vu aucune menace puis s'était décidée à partir à son cours. En apercevant l'étroite coursive au loin elle s'était mise en alerte mais n'y avait vu personne cette fois. Elle l'avait abordé, traversé rapidement, en regardant autour d'elle, puis avait continué sa route. Elle était parvenue sans autre incident au jardin du professeur qui l'attendait.

Egarée en Terre du MilieuOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz