Chapitre 56 - Cible principale

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Bérard sourit et entre volontiers dans son jeu. Son objectif n'est pas Mary-Helen. Son objectif est Louisa Conti.

Très bien. À vos 18 ans, la loi joue en votre faveur et oblige l'équipe médicale à vous relâcher. C'est ainsi que vous entrez en contact avec un ami de votre père et c'est à ce moment précis que débute votre carrière de tueuse à gage. Vous enchaînez les contrats, flambez dans les plus beaux casinos de la planète et logez dans les plus luxueux hôtels. Au total, j'ai comptabilisé 28 arrestations dans plus de 23 pays différents. La Slovénie effectivement, comme la Suisse, l'Italie, l'Allemagne, la Tunisie, les Etats-Unis, la Colombie et bien d'autres. Félicitations d'ailleurs, c'est un record.
—Merci j'en suis très fier, rétorque Hélène menotée au lit. Mais j'étais jeune et pas assez prudente.
Mais à chaque fois, les autorités doivent vous libérer. De très bons avocats sont toujours à l'œuvre pour vous éviter de rester définitivement en prison ce qui montre que vous avez toujours travaillé pour des gens puissants.
—Des gens pleins de fric, nuance.
—Cela va de soi. Mais la dernière trace que j'ai de vous est ce rapport du Vatican transmis aux douanes italiennes. Un contrat juteux pour un cardinal du Vatican...
—Qui violait des enfants, réplique sèchement Hélène.
Peu importe. Vous vous êtes déguisée en nonne pour intégrer le monastère suprême du Vatican. Cependant, la sécurité accrue vous a repéré et vous été enfermé durant quelques jours dans les geôles du Vatican. Là encore, félicitations. Une grande première depuis le XIXe siècle. Et ensuite.. plus rien, dit le lieutenant Bérard en fermant le dossier.

Hélène sourit tandis que Bérard ne la lâche pas du regard.
Il se doit de rester patient et obtenir le moindre détail, aussi futile qu'il soit, pour permettre d'atteindre sa cible principale : Louisa Conti.

Je suppose que c'est à ce moment là que vous rencontrez Alessio Del-Orti, qui vous propose gracieusement d'intégrer ALLOS au vu de vos compétences meurtrières. Mais Del-Orti était un homme très intelligent, rusé et connaissait parfaitement les rouages de l'administration. Depuis ce moment précis, vous avez disparu des écrans radars. Il vous a redonné une nouvelle identité, un nouvel anonymat, une nouvelle de chance. Vous devez lui être énormément redevable.
—Je ne suis redevable envers personne.
—Évidemment. Vous la plus grande tueuse du Royaume-Uni n'avait de compte qu'à rendre qu'à vous-même, c'est bien ça ?
Exactement.
—Et avec Louisa Conti ? Vous ne lui rendez jamais des comptes ?

Ce pic envoyé par le lieutenant n'a aucun impact sur Hélène qui reste immobile, le visage impassible, veillant à ne laisser paraître aucune émotion.

Vu votre silence, je prends ça pour un oui.
—Ah ! Alors vous allez déduire mes réponses ?
—Si vous restez enfermée dans votre silence, oui.
—Comme c'est pratique.
—Cela m'arrange, réplique Bérard avec un léger sourire provocateur. Je suppose qu'avec notre intervention musclée, on a pas facilité vos affaires avec la Norway Arctic, continue Bérard. Nous savons qu'il s'agissait d'un contrat juteux entre eux et ALLOS.
—Que vous êtes fort ! Vous avez trouvez de la paperasse par terre et encore une fois, en tant que bon enquêteur, vous déduisez vous-même les réponses à vos questions.
—Sur ce point, j'ai un avantage.
—Quel est-il ?
Nous avons Oléana Thörsen.

Hélène demeure silencieuse mais peine à cacher sa surprise.

Et je pense qu'elle parlera et nous dira tous sur vous et vos collaborateurs.

Hélène s'esclaffe de rire.

AH AH AH AH ! Parce que vous pensez vraiment qu'Oléana Thorsen restera entre vos mains ? À l'heure où on se parle, son père est déjà en train d'intervenir pour la faire sortir du territoire français. Et vous, le petit lieutenant Bérard même pas capable d'arrêter une gamine de vingt ans, pourrez rien y faire.
—Vous êtes ridicule. Votre obstination vous perdra. Vous n'avez pas idée des ordres que j'ai reçu et à quel point la traque de Louisa Conti est une question de sécurité nationale pour le pouvoir politique en place.

Bérard se lève de sa chaise.

Je pourrai écrire moi-même votre histoire et vous serez enfermée le restant de vos jours dans une cellule minable. Entre ces murs de bétons froids et humides, vous ne serez plus personne Mary-Helen. Vous demeurerez seule, isolée, loin de vos collaborateurs et surtout loin de votre chère patronne, Louisa Conti.

Sans rien dire de plus, le lieutenant Bérard clos son dossier papier et prend la direction de la sortie. La main sur la poignée, il se retourne une derrière fois.

Vous m'avez sous-estimé Mary-Helen. J'aurai la peau de Louisa Conti et de ALLOS. Vous êtes finie, conclue-t-il avant de quitter la chambre.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now