Patchwork

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J'ai envie d'écrire un truc vrai, un truc vrai et profond, plein de maximes qui font du sens, de la romance et plein de misère sociale, dépeindre un tableau cru de la vie comme on la voit pas, tu sais cette vie qui n'a plus de sens, qui avance comme elle peut, ou comme elle veut peut-être, je sais pas, on s'en fout, c'est la même chose tout le temps, on croit tout savoir mais on existe pas, et après on mange de la viande crue pleine de tiques qui te sucent le sang au bord des lèvres, parce qu'elles le peuvent et qu'elles vont le faire de toute façon, j'en peut plus de ce monde merdique où tout est nul à chier, où les oiseaux sont cons comme une boite de chaussure, ce monde me saoule à toujours vouloir faire des trucs qui impressionnent, à se saper la place tout le temps, mais qui va venir me chercher quand ce qu'on recherche, c'est une pizzeria minable au fond de la rue là bas, une de celle qui a fermé à cause du Covid, connerie de l'époque comme la peste hier, putain de geôle de merde, tes barreaux sont de l'air et du vent, tu vas devenir fou avec tes inepties à force de répéter sans arrêt la même chose, tu vas te lâcher un flop si tu continues, ça suffit, arrête, tu peux t'arrêter, mets un point à ce terme, allez vas-y, maintenant.

Rave-Party

Ta planète c'est ma bite. Ton boule c'est ma galaxie. Ta sueur ma piscine, les murs s'étiolent, l'extasy fond dans mes sucs sous mon t-shirt fluo, lourd à porter sous la chaleur de ces caissons. Je ferme les yeux et tout est blanc autour, je vois encore les gens comme si rien ne changeait. Une teufeuse mets la main sur mon épaule pour passer devant et disparaître dans la foule mouvante. Les murs ont totalement disparu, je vois le cosmos tout entier à l'arrière. Mon corps n'est plus qu'une étape, je tourbillonne dans le monde des esprits tandis que des flash de lasers aspergent ma chemise hawaïenne. Je vois un type passer, avec un chapeau en forme de lapin, amusé, je le suis. D'un geste du bras, il me montre un trou d'humains par lequel se faufiler. Je traverse une foule de gens qui dansent au ralenti, au rythme d'un son d'acidcore frénétique. J'ai soudain l'impression que nous sommes immortels, que je suis âgé de cent-mille ans. J'observe ma main dont les détails s'épanouissent, bougent puis s'évaporent. J'ai soudain la peau d'une momie, mes doigts flétrissent et je regarde les autres. Je vois leurs traits les plus grossiers. Leurs visages se transforment. Un type se met à porter des masques de démons asiatiques, d'autres deviennent des squelettes en sweatshirt. Nous sommes toujours en train d'avancer mais mon esprit se répète en boucle comme une cassette. Le déjà-vu me fait réaliser que le temps n'existe pas et soudainement mon corps se dilate, devient plus grand de deux mètres, et je vois tête de lapin qui discute avec d'autres illustres inconnus. Je leur parle au loin comme si nous nous frôlions tant nous étions proches.

J'avance à grand pas, mollement mais surement en trébuchant de temps à autre. Le paysage a l'air d'être fait en lego un bref instant et je sens soudain le vent autour de moi, nous sommes sur un chemin de forêt, il n'y a plus que le son et les lyres pour nous rappeler où nous étions.

Trigger Content

La frénésie. La lumière est trouble, le sang gicle autour de mon couteau qui tournoie dans l'espace. Les corps tombent l'un après l'autre, personne ne peux me stopper. Je sais que c'est mon dernier coup. Des renforts arrivent. Mais je me suis préparé. Armé jusqu'aux dents, j'en explose un à la tête avant qu'il me demande d'arrêter. Dans un ballet disgrâcieux et sanglant, le sang se mêle aux larmes et les chairs se fendent dans une violence hystérique. Les gens se figent. Même si ça hurle d'effroi, je sais que la plupart jubile. Dans ma passion du meurtre, je leur transmet mon plaisir. Ceux qui ne mourront pas exploseront leur libido ce soir. Quant à ceux à qui j'aurai buté l'âme sœur, c'est le jackpot. Les gens que je termine ont tous une famille ou quelqu'un à aimer, et meurent sous ma main sans avoir pu se dire au revoir. L'air conditionné devient franchement glacial. Ça me fait doucement sourire. La sirène stridente et la lumière rouge et bleue de la police m'avertit de mes nouveaux camarades de jeu. Une 22 à la main, je choisis de vider mon chargeur. Des innocents tombent et des coupables clamsent, terrifiés par le chaos ou résignés par leur sort, fuyant ou figés, quelques fous tentent l'attaque et meurent un peu plus vite. Les flash lumineux de la mitrailleuse marque une ombre dans le rictus de mon visage... Je jubile du spectacle. Cet instant presque irréel se fige dans ma pensée. Les premières balles des poulets frappent mon armure. Une côte se brise. Ça ne suffit pas à me faire flancher. Au contraire bande d'enfoirés. Vous allez trimer pour m'avoir. J'honorerai l'homme qui m'a appris à haïr, qui tua mes proches, pénétra mon corps, dont le meurtre aura soulagé mon être. Vous regretterez de m'avoir enlevé ma vengeance. Les balles s'abattent en pluie sur mon corps, j'entends le bruit sourd des impacts qui brisent mes os et mes muscles, mais je tiens debout, je m'en tape, j'ôterai la vie jusqu'à ma mort. C'est mon acte final. Je me jette sur les bleus pour en finir à la lame, ils sont à peine réactifs, je suis une bête sauvage. Une balle perce mon armure, je la sens me traverser, comme une pointe incandescente qui empale un spartiate en pleine furie. Cette sensation traverse les âges, revient dans ma mémoire comme un souvenir familier. Ce déchirement, cet embrasement ultime que la douleur même ne peut décrire. J'arrive connard. A cause de toi je ne me souviens que du trou béant que tu auras fait au visage de ma mère. J'aurai laissé un fils sur cette terre, mais combien d'âmes aurais-je emporté dans ma tombe ? des dizaines. Le monde oubliera mon nom. Mais les dégâts imprimeront à jamais les traces de mon passage. Le temps n'effacera pas cette plaie.

L'étang aux grenouillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant