Chapitre 14

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Les vibrations de l'appareil, accompagnées d'une mélodie aussi insupportable qu'incessante, réveillèrent tant bien que mal le jeune homme. S'extirpant difficilement du sommeil, Bastien tâtonna à l'aveugle pour trouver son téléphone. Le silence se refit enfin dans la chambre, et il replongea aussitôt dans ses songes. Le répit ne fut que de courte durée, un nouvel appel s'afficha sur l'écran.

- Mais bon sang ?!

Le cri de colère mourut sur ses lèvres lorsqu'il reconnut le nom du correspondant. Une longue décharge d'adrénaline traversa son corps, et c'est complètement éveillé que Bastien répondit à l'appel.

- Allô ?

- Bastien, c'est toi ? Oh, je suis tellement contente, je... je sais qu'il est tard, est-ce que je t'ai réveillé ?

Le jeune homme jeta un coup d'oeil à son réveil. 3 h 03. Il grimaça.

- Non vraiment pas, j'étais pas encore couché, dit-il en étouffant un bâillement, mais dis-moi ce que...

- Je te rappelle demain non ? Tu dois sûrement aller dormir, je ne sais même pas pourquoi je t'ai appelé, désolée.

- Adèle, attends.

À l'autre bout du fil, la jeune fille se tut, ravalant un sanglot. Bastien reprit, sa joie ayant disparu pour être remplacée par de l'inquiétude.

- Adèle, reprit Bastien, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je... Rien, il ne s'est rien passé. Je ne sais pas ce qui m'a pris, désolée de t'avoir dérangé.

Même si ces mots étaient dits avec un calme apparent, c'était loin de rassurer le jeune homme.

- Tu ne me déranges pas, à vrai dire je suis content que tu m'aies appelé.

- Toi aussi tu aurais pu m'appeler.

La semi-accusation derrière les paroles blessa le jeune homme en plein cœur, mais il ne pouvait donner tort à Adèle.

- Je sais... commença le jeune homme, j'aurai dû t'appeler.

- Pourquoi ?

- De quoi ?

- Pourquoi tu ne m'appelles pas, pourquoi est-ce que j'ai tellement peur de ne plus jamais te revoir que j'en fais des cauchemars la nuit ? Et surtout, pourquoi est-ce que c'est tant important pour moi ?

- Adèle, écoute, j'ai pas l'impression que c'est le meilleur moment pour parler de ça.

- Si au contraire, rétorqua la jeune fille sèchement, ce serait quand le meilleur moment selon toi ? Quand on aura totalement perdu contact ? Je vais te dire la vérité Bastien, parce que j'en ai marre. J'en ai marre de penser à toi, de me demander si je te reverrais un jour, s'il y a des choses que j'aurais dû changer. Tu peux comprendre ça ?

Un silence, durant lequel la jeune fille reprit son souffle. Mais cela faisait bien trop longtemps qu'elle gardait tout cela, elle ne pouvait tout simplement plus rester silencieuse. Maintenant qu'elle était partie, elle devait tout dire. S'il ne se rendait pas encore compte de l'ampleur des non-dits d'Adèle, Bastien comprenait parfaitement qu'elle n'avait pas fini de parler. De raison, elle reprit de plus belle.

- La vérité, c'est que ce fameux soir, où tu m'as sorti qu'on était amis, j'ai été déçue. Déçue, parce que je pensais qu'il y avait plus entre nous, parce que, peut-être que moi, je voulais plus. Et puis tu es parti, sans me laisser le temps de comprendre, d'agir, de décider.

- Adèle, je suis désolé...

- Et toi alors Bastien, qu'est-ce que tu veux ?

- Je...

Bastien marqua une pause. Que voulait-il vraiment ? Pouvait-il le dire ?

- Je... reprit le jeune homme.

Nouvelle pause.

- Je veux te voir, fit-il enfin.


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