Chapitre 10

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Adèle et Bastien marchaient, côte à côte, dans le grand village de Noël installé au centre-ville. Bien sûr, ils étaient d'abord partis chercher un chocolat chaud pour Adèle et un café pour Bastien. À présent, le jeune homme regardait, amusé, la jeune fille s'émerveiller devant chacun des stands installés. Adèle tirait littéralement Bastien de maisonnette en maisonnette, s'extasiant à souhait devant les étalages de chocolats suisses, de bougies parfumées, de truffes au chocolat, de bijoux artisanaux et autres. Bastien la suivait, admirait lui aussi les étals, tout en sirotant tranquillement son café. La nuit commençait peu à peu à s'assombrir, et les lumières et guirlandes qui décoraient les stands et les arbres de la place illuminaient les deux jeunes gens de leurs couleurs multicolores. À un moment, Adèle se tourna vers lui. Bastien remarqua les points colorés dans les yeux bruns de la jeune fille, comme des paillettes. Il songea que ça lui allait bien, elle avait vraiment des paillettes dans les yeux.

- Bastien ? répéta la jeune fille, tu ne m'as pas répondu.

Bastien redescendit sur terre devant le regard inquisiteur d'Adèle.

- Pardon, je réfléchissais, tu disais ?

- Je te demandais ce que tu comptais faire maintenant que...

- Que je n'ai plus de travail, finit Bastien avec un sourire triste.

Adèle hocha la tête. D'un commun accord, ils se remirent en route et continuèrent de se balader dans le village de Noël. Mais Adèle n'était plus d'humeur à s'extasier devant tous les stands. À présent, elle s'inquiétait de ce qu'allait devenir Bastien. Le jeune homme aussi était inquiet, mais il voulait avant tout rassurer Adèle.

- À vrai dire, dit-il enfin, je ne sais pas vraiment. Je vais sûrement repartir un temps chez mes parents.

- Je comprends, histoire de savoir vers quoi tu vas aller. C'est... C'est loin d'ici ? ajouta Adèle après une pause.

- Pas très loin. Mes parents habitent dans une petite ville côtière, à trois heure et demie d'ici.

- Et tu penses rester chez eux combien de temps ?

- J'espère le moins longtemps possible. J'aime bien cette ville, j'aimerais revenir ici le plus tôt, répondit Bastien après un coup d'œil vers Adèle.

Adèle hocha la tête, incapable de répondre. La jeune fille n'arrivait plus à profiter de l'ambiance festive autour d'elle. Seules l'inquiétude et la tristesse immense de voir Bastien partir, étaient présentes. La tête baissée, Adèle se mordit la lèvre, refoulant les larmes qui menaçaient de couler. Pourquoi pleurait-elle ? C'était stupide, complètement stupide. Après tout, Bastien n'était personne, que le boulanger qu'elle voyait quotidiennement. Et elle n'était rien pour lui non plus. Mais cette pensée, au lieu de l'aider à rationaliser, ne fit qu'accentuer sa tristesse.

Soudain, Bastien s'arrêta et prit la main d'Adèle entre les siennes. Le jeune homme plongea son regard dans celui de la jeune fille. Il voulait lui dire tellement de choses. Il voulait lui dire tout ce qu'il ressentait, depuis un an qu'ils se voyaient tous les matins. Il voulait faire comprendre à Adèle combien elle était importante, combien lui aussi souffrait de devoir partir, à l'instant même où ils devenaient enfin proches. Il voulait lui dire combien il trouvait ça injuste.

Mais est-ce que ça servirait vraiment à quelque chose ? Après tout, il n'était même pas certain de revoir Adèle, ou alors pas avant... trop longtemps. Bastien prit une grande inspiration. Il ne pouvait pas prétendre commencer une histoire avec Adèle au moment même où il devait partir. Ça aurait été trop égoïste, et bien trop douloureux pour la jeune fille.

Finalement, Bastien serra une dernière fois la main chaude et douce de la jeune fille, puis la lâcha. Adèle voulut le retenir, mais Bastien s'écarta légèrement en disant :

- Quoi qu'il arrive, je suis content de t'avoir connue Adèle, et j'espère que si on se revoit, on sera toujours amis.

Sous le choc, Adèle resta silencieuse, la bouche ouverte. Elle voulut protester, mais Bastien ne lui en laissa pas le temps.

- Dis donc, tu as vu l'heure ! s'écria-t-il, je vais devoir rentrer.

- Quoi, déjà ? réussit à articuler la jeune fille.

Bastien hocha la tête et afficha le sourire le plus faux de toute son existence. Il creusa encore un peu plus l'écart entre lui et elle. D'un ton joyeux, il salua Adèle de la main.

- Bon et bien, bonne soirée Adèle, et joyeux Noël !

Puis il se retourna complètement et partit. Dès qu'il se trouva hors de vue d'Adèle, le sourire et l'air joyeux s'envolèrent, et Bastien sentit s'écraser sur son épaule l'immense poids de la culpabilité. Il savait déjà que ce poids ne le quitterait jamais.

Chocolat chaud & CaféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant