Chapitre 8

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Bastien était heureux. Depuis l'altercation avec Alexandre, quelque jours plus tôt, le jeune homme était heureux. Alexandre n'était pas réapparu à la boulangerie, et, surtout, il avait à présent de nombreuses conversations avec Adèle. Lorsque la jeune fille arrivait le matin, elle entamait une petite conversation, ils parlaient alors du temps, du travail de Bastien, du petit-déjeuner d'Adèle, de certains clients, de pâtisseries, des fêtes qui arrivaient, des études d'Adèle. Ce n'était pas grand-chose, quelques minutes à peine, le temps de préparer le chocolat chaud d'Adèle. Mais les quelques mots échangés avec la jeune fille, chacun des sourires qu'elle avait, ou encore les moments où leurs regards se croisaient, suffisaient à mettre Bastien sur un petit nuage pour toute la journée. Mais ça ne pouvait pas durer.

Ce matin-là, la clochette de la porte carillonna joyeusement lorsque Adèle entra, le visage rayonnant. La veille, la jeune fille avait décidé de partir passer les jours de fête chez ses grand-parents, et depuis, sa bonne humeur ne partait pas. En outre, la jeune fille se sentait profondément bien lorsqu'elle venait à la boulangerie. C'était, bien sûr, la fierté d'avoir réussi à avoir une conversation avec Bastien -elle connaissait son prénom maintenant- mais aussi la sécurité de savoir que, ici, Alexandre ne pouvait pas l'atteindre. Pourtant, son sourire se fana légèrement lorsqu'elle s'aperçut que ce n'était pas Bastien qui tenait la boulangerie, mais un autre jeune homme, qu'elle n'avait vu que de très rares fois. Le jeune boulanger était bien plus mat de peau, et il semblait nerveux, peu à l'aise. Derrière ses grandes lunettes rondes, il avait le regard constamment baissé. Machinalement, il redressa ses lunettes sur l'arête de son nez.

- Bonjour, salua Adèle.

Le boulanger répondit un vague "b'jour" à peine perceptible. La jeune fille se dépêcha de commander, l'esprit occupé. Où était Bastien ? Étrangement, Adèle avait été déçue de ne pas le voir, et à présent, elle se demandait pourquoi n'était-il pas là. Adèle s'était attachée à leurs conversations matinales. C'était idiot, bien sûr, mais Bastien était devenu, d'une certaine façon, un nouveau point de repère. Le jeune homme faisait partie intégrante de son quotidien et son absence imprévue laissait une étrange impression de vide sur la jeune fille.

- Mademoiselle ? demanda le jeune boulanger.

Adèle eut un léger sursaut, revint sur terre. Elle prit quelques secondes à comprendre que sa tasse de chocolat chaud et son croissant l'attendait, sur le plateau posé devant son nez. Avec un sourire contrit, elle remercia et partit s'installer à sa place habituelle.

La tasse chaude entre les mains, Adèle avait le regard perdu dehors. De l'autre côté de la vitre pleine de buée, le jour commençait à peine à se lever, et quelques habitants se pressaient déjà dans les rues, emmitouflés dans plusieurs épaisseurs de vêtements pour se protéger du froid et de l'humidité. Certaines décorations et lumières étaient encore allumées, Adèle avait l'impression de regarder une scène de conte de fées. La jeune fille porta sa tasse à ses lèvres, et ne pus s'empêcher de remarquer que le chocolat était bien moins bon que d'habitude. Où était donc Bastien ? Était-il malade ? Avait-il pris un jour de congé ? Voire une semaine de congé ? Ou deux semaines ? Les fêtes de Noël et du Nouvel An étaient dans quelques jours à peine, peut-être le jeune homme avait tout simplement prit des vacances pour profiter des fêtes avec ses proches. Probablement avec ses parents, il sembla également à la jeune fille que Bastien avait mentionné une sœur, plus jeune. Peut-être même avec sa petite amie. En avait-il une ? Adèle se mordit la lèvre, contrariée de n'avoir aucune réponse et des questions qui s'entassaient. Elle secoua la tête, décidée à écarter Bastien de ses pensées tant qu'elle ne pouvait pas en savoir plus.

Chocolat chaud & CaféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant