Chapitre 12

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Adèle s'essuya une énième fois les mains sur son pantalon en essayant d'arrêter ses tremblements. Elle respira profondément, priant pour avoir un peu de courage. Elle se représenta le sourire confiant de Leïla, puis sans plus attendre, poussa la porte bleue de l'immeuble. Elle monta sans plus réfléchir les escaliers et déboucha sur le palier du 5ᵉ étage. Elle s'apprêta à toquer à la porte, et encore cette fois, elle hésita. Or, ce n'était plus la timidité qui bloquait la jeune fille -enfin pas seulement- mais aussi les bruits de voix qui lui parvenaient de derrière la porte. La jeune étudiante reconnut la voix grave de Bastien, puis il y eut une voix inconnue, légèrement aigüe, aux accents chantants. Soudain, des éclats de rire se firent entendre, et Adèle renonça pour de bon. Elle ne voulait pas déranger Bastien. Tant pis, elle le reverra... Jamais, en fait. La jeune fille ravala l'idée de pleurer et se dirigea vers les escaliers.

- Adèle ? appela une voix dans son dos.

La jeune fille se figea et se retourna lentement. Elle essaya d'afficher un sourire aimable, mais elle était bel et bien prise sur le fait. Bastien s'avançait vers elle, suivit d'une femme qu'Adèle n'avait jamais vue. La jeune brune sentit la honte la submerger et baissa les yeux. Sors-toi de là Adèle.

- Salut Bastien, commença la jeune fille, je... j'étais venue te voir, mais finalement je me suis dit que c'était peut-être une mauvaise idée et...

Adèle jeta un rapide coup d'œil à la femme dans le dos de Bastien.

- ... et je voulais pas te déranger, finit-elle.

- Me déranger ? Mais pas du tout !

Bastien s'avança encore vers Adèle, le sourire aux lèvres, alors qu'Adèle elle se sentait de plus en plus mal. La jeune femme qui se trouvait derrière Bastien la mettait mal à l'aise. L'inconnue était grande, presque autant que Bastien, et deux grands yeux verts, rivés sur Adèle, étaient encadrés par de longues boucles brunes qui cascadaient jusqu'à ses hanches.

- D'ailleurs, reprit Bastien, on s'apprêtait à sortir faire un tour en ville avec Sabelle, tu voudrais venir ?

Adèle eut l'instinct de dire oui. Oui, bien sûr qu'elle avait envie de passer du temps avec Bastien. Bien sûr qu'elle voulait profiter des derniers instants avec ce jeune homme qu'elle ne reverra peut-être jamais, et qui pourtant avait tellement d'importance. Son cœur criait le "oui" qu'elle mourrait d'envie de prononcer.

- Non, dit-elle avec un sourire, je préfère te laisser profiter. Et puis, maintenant que j'y pense, j'ai... Je... Je dois finir ma valise parce que je pars chez mes grands-parents.

Adèle se mordit nerveusement la lèvre, priant pour que Bastien ne remarque pas son trouble, et surtout, qu'il n'insiste pas. La jeune fille décida de prendre les devants. Elle fouilla dans sa poche et en sortit un petit papier plié en quatre. D'un geste certain, en dissimulant son trouble derrière un sourire aimable, elle tendit le papier à Bastien. Le jeune homme le prit, surpris.

- C'est mon numéro, indiqua Adèle, si tu as le temps, passe-moi un coup de fil. Ça me fera plaisir de parler à un ami.

Sur ce, sans même laisser le temps à Bastien de répondre, elle tourna les talons et descendit l'escalier. Resté sur le palier, Bastien eu l'étrange impression que la jeune fille venait de le fuir.



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