Chapitre 3

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Adèle resserra son écharpe autour de son coup et sortit du bâtiment, se retrouvant prise d'assaut par la météo caractéristique de l'hiver. Le vent froid de novembre s'était levé, balayant pour de bon les vestiges de beaux jours d'été. Voilà plusieurs jours que des nuages gris et lourds surplombaient la ville, imposants et immenses, ils semblaient les couper du monde. A vrai dire, le brune ne regrettait pas l'été. Les rues balayées de feuilles qui volaient dans tout les sens, les bourrasques qui s'engouffraient dans ses cheveux bruns, l'humidité et le froid qui planaient sur la ville... Tout ça lui rappelait avec nostalgie les hivers de son enfance, dans son petit village de campagne. Mais, ce matin, la campagnarde aurait quand même aimé un peu moins de vent. Et, pour ne rien arranger, une pluie torrentielle s'abattit soudain alors qu'elle n'était dehors que depuis deux minutes. La jeune femme pesta entre ses dents, et se précipita, en faisant attention à ne pas glisser sur les trottoirs - ce qui s'avérait bien plus difficile que prévu.

La douce chaleur de la boulangerie et la sécurité d'être au sec apaisèrent la jeune fille au moment où la petite clochette retentit. Adèle jeta un coup d'œil à son reflet dans la vitre, et se désola de voir ses cheveux en pagaille, et son visage encore ruisselant d'eau. Un soupir s'échappa des lèvres de la jeune fille, et elle se raccrocha à l'idée de son petit déjeuner qui l'attendait pour garder le moral. Elle s'avança néanmoins vers le comptoir en lançant son « bonjour » habituel, et crut surprendre un coup d'œil moqueur du jeune homme, mais avant de pouvoir en être certaine, il avait détourné les yeux. Adèle ne sut pas quoi faire de ce qu'elle avait cru voir -mais avait-elle vraiment eu assez de temps pour identifier la moquerie du regard ?- aussi elle opta pour la solution la plus intelligente : faire comme si de rien n'était.

Adèle commanda donc son déjeuner habituel, et alla s'assoir à sa place habituelle et sortit ses affaires pour travailler. Bastien vint lui déposer sa tasse de chocolat et son croissant, mais, au lieu de repartir, il adressa un sourire aimable à l'étudiante -mais la jeune fille était sûre qu'il y avait un peu de moquerie derrière- et le jeune homme ne put s'empêcher d'ajouter :

— Ça me rappelle la première fois où tu es venue dans la boulangerie.

Bastien se mordit aussitôt la lèvre. Qu'est-ce qu'il lui a pris ?

— Tu te rappelles du premier jour où je suis venue ici ? remarqua Adèle.

Sors-toi de là correctement mon vieux, pensa Bastien.

— Et bien... commença Bastien, ce n'est pas tous les jours qu'une petite brune débarque le matin en demandant « le truc le plus chaud que vous avez parce que je me les caille vraiment ».

Adèle rougit et ne sut pas vraiment quoi répondre.

— Et bien je... je ne m'en rappelais pas, avoua la jeune fille.

Le fait est qu'elle se rappelait parfaitement ce matin là, où, nouvelle arrivante, elle avait dû attendre près de 40 minutes sous la pluie que son propriétaire vienne lui ouvrir. Une fois sa valise montée dans l'appartement, la jeune fille ne pensait qu'a prendre une douche brûlante, mais le malheur avait fait qu'il n'y avait plus d'eau chaude. Sur les conseils de son propriétaire, l'étudiante avait donc atterri dans cette boulangerie. Occupée à se remémorer cette aventure, Adèle laissa le silence s'étirer, et Bastien eut peur d'avoir vexé la jeune fille.

— Je me rappelle de ce jour parce que c'était inhabituel, reprit le jeune boulanger, mais je suis bien content que ce soit arrivé.

Sur ce, Bastien alla accueillir un nouveau client, en priant pour que ce dernier n'entende pas ses battements de cœur -bien trop bruyants selon le jeune homme- alors que dans son dos Adèle essayait en vain de comprendre l'échange qu'elle venait d'avoir avec le jeune boulanger.

Chocolat chaud & CaféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant