Chapitre 2

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Bastien venait juste de déposer les croissants chauds sur le présentoir lorsque la porte d'entrée s'ouvrit, faisant tinter la clochette. Le jeune boulanger releva la tête, le cœur battant, mais ce n'était pas Adèle. En effet, ce n'était pas la jeune étudiante, mais un autre habitué, M.Desmond. Le vieil homme de plus de 60 ans venait lui aussi tous les matins, prenait son café, allongé avec un sucre, l'édition du jour, puis partait s'installer à une table, au fond de la boulangerie, le plus loin possible de la porte.

Bastien afficha un sourire aimable, et salua le vieil homme. Depuis que M.Desmond avait repris un adolescent sur le respect envers les personnes âgées, Bastien prenait bien soin de toujours saluer M.Desmond en premier. Question de survie.

-Ne faites pas cette tête, enfin, elle viendra, comme tous les matins, va, s'écria soudain le vieil homme.

Bastien le regarda, interloqué.

- Excusez-moi monsieur, mais je ne...

- Bon allez, l'interrompit  M.Desmond avec sourire malicieux, j'ai bien vu le regard que vous m'avez lancé quand je suis entrée.

Bastien sentit le rouge lui monter aux joues. Il profita du fait que la machine a café se trouvait de l'autre coté du comptoir pour tourner le dos au vieillard. Le jeune homme ne savait plus où se mettre.

-Ne vous inquiétez pas, repris M.Desmond, décidément amusé de la réaction du boulanger, je ne répèterai pas votre secret. M'enfin, allez lui parler non ?

- Je ne pense pas que se soit une bonne idée, répondit calmement Bastien en déposant le café sur le comptoir.

Le vieil homme lui lança un drôle de regard, mi-interloqué mi-amusé. Il sortit de son portefeuille la monnaie pour payer. Finalement, lorsqu'il paya, il reprit de nouveau, après ce qui semblait avoir été un silence de réflexion.

- Vous savez, dit-il à Bastien, de mon temps, vous y auriez été, au moins parce que la bande de copains vous y aurait forcé. C'est quitte ou double, mais au moins, on est fixé.

Sur ce, M.Desmond attrapa le quotidien, et se dirigea vers sa table.

- Les jeunes de nos jours, ils ne savent plus quoi faire des émois du cœur, bougonna-t-il.

Bastien esquissa un sourire, amusé de voir comment s'était déroulé ce qui devait être sa plus longue discussion jamais réalisée avec M.Desmond. Alors que le vieil homme s'était plongé dans la lecture de son journal sans plus accorder d'importance à Bastien, ce dernier méditait les paroles du vieillard. Le jeune homme n'en revenait pas d'avoir été aussi transparent. Le vieil homme avait-il raison ? Peut-être que, si Bastien avait effectivement eu une bande de copains pour le pousser à franchir le pas, alors les choses auraient été plus faciles. Ou, tout du moins, moins compliquées. Mais, depuis deux ans qu'il était arrivé, le jeune méditerranéen n'avait pas développé suffisamment ses "connaissances" pour pouvoir les appeler "amis". Il y avait son voisin de palier, Eric. Était-ce un ami ? C'est à peine si les deux garçons se croisaient, le matin à 5h, quand Bastien descendait à la boulangerie, et que le blond montait les escaliers, complètement torché de sa nuit. Il y avait aussi le nouvel apprenti boulanger, Malik, mais le jeune maghrébin était tellement timide et anxieux à l'idée de faire une erreur, qu'il bafouillait dès que Bastien apparaissait, considérant celui-ci comme son supérieur, un modèle de réussite divine. Le brun secoua la tête. Il devra se débrouiller tout seul.

La clochette de la porte retentit à nouveau, et en relevant la tête, Bastien sentit son cœur manquer un battement. C'était elle.

Chocolat chaud & CaféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant