Chapitre 10

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On opta pour le chalet de l'infirmerie car celui-ci possédait deux portes, ce qui nous permettrait de nous enfuir plus facilement si besoin.

On se recroquevilla dans un angle de la pièce, serrées l'une contre l'autre, comme si le simple fait d'être ensemble pouvait nous protéger de l'horreur. Nous restions aux aguets, prêtes à réagir au moindre bruit suspect.

-Je comptais pas faire ça, murmura alors Ziggy dans un souffle. Quand on était dans les toilettes, tu m'as dit de m'enfuir. Je veux que tu saches que je ne t'aurais pas laissée tomber, ajouta-t-elle les yeux brillants.

-C'est adorable Ziggy mais...si jamais...si jamais il arrive quelque chose...tu dois te sauver, chuchotais-je, une larme roulant sur ma joue.

-Non, non, non, arrête de dire-

-Promets-le-moi, la coupai-je en lui saisissant délicatement la main. Il faut que tu t'en sortes.

-On s'en sortira toutes les deux. On dégagera d'ici et on ira s'empiffrer de crackers et...et j'écouterais avec toi ses chansons d'amour que je déteste, jusqu'à ce mon cerveau ne puisse plus le supporter, répondit la rousse en pressant son front contre le mien.

Le bref début d'un minuscule rire s'échappa de ma gorge, tandis que mon visage se retrouvait humidifié par mon trop-plein d'émotions.

-J'adorerais que tu fasses ça. Moi, je montrerais au monde entier que tu es la personne que j'aime. Je me ficherais complètement de ce que les gens pourraient en penser, renchéris-je alors que Ziggy séchait ma peau à l'aide de ses pouces.

-J'adore ton idée aussi, lâcha la rousse avec un sourire douloureux.

C'est alors que le fracas d'une porte que l'on claquait avec beaucoup de violence, nous parvint.

On se figea, retenant le son de nos respirations, faisant de notre mieux pour ne pas nous faire repérer.

Durant plusieurs secondes, qui me paraissaient une éternité absolue, il ne se passa rien.

Soudain, Ziggy se mit à crier. Je me rendis compte que Tommy l'avait saisi par la cheville et la traînait vers lui. Je savais qu'il comptait l'abattre et il fallait que je réagisse.

Je n'avais plus le temps de réfléchir, mon sang ne fit qu'un tour et je fonçai sauvagement en visant ses jambes, dans l'espoir de le renverser.

À mon plus grand soulagement, ma tactique fonctionna et je me redressai en lâchant un son de triomphe. Ni une, ni deux, la rousse et moi nous ruâmes à l'extérieur, ignorant comment est-ce qu'on allait bien pouvoir continuer à lui échapper.

On pouvait s'estimer chanceuses. Après deux tentatives d'assassinat, nous étions encore vivantes, mais j'ignorais si on allait réussir à le rester encore longtemps.

Une douleur sourde commença subitement à se réveiller au niveau de mon bras droit. En y dirigeant mon regard, je m'aperçus avec une affreuse stupeur, que la lame m'avait atteint. Le sang affluait, se déversant sur mon sillage.

-Fait chier ! pestais-je d'un ton amer et dépité.

Un bus venait tout juste de partir lorsqu'on ralentit au niveau de l'entrée du camp. On fixa en silence ses feux arrière, jusqu'à ce qu'il disparaisse de notre champ de vision. Il était déjà trop loin pour que les occupants puissent nous remarquer.

-De toute façon, tu serais jamais partie sans Cindy, pas vrai ? questionnais-je, prenant appui contre le tronc d'un arbre, après que nous nous soyons retranchées au niveau du bois pour rester à couvert.

-Non. Je ne compte pas la laisser pourrir ici. Tu avais raison. J'ai été une sœur merdique et il a fallu que je sois sur le point de crever pour m'en rendre compte, cracha Ziggy, l'air énervée contre elle-même.

Cauchemar Sanglant ➞ Ziggy BermanWhere stories live. Discover now