Chapitre 6

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J'émergeai du sommeil au son du timbre mélodieux de Cindy qui s'était mise à pousser la chansonnette, visiblement décidée à servir de réveil. Je laissai échapper un léger grognement de protestation et m'assis sur le rebord du matelas, avant de m'étirer et de sortir totalement de ma torpeur.

Je ne pus retenir un sourire en repensant aux événements de la nuit, tandis que je m'activai pour me préparer. Je refusais d'imaginer ce qui aurait pu se passer si quelqu'un nous avait surpris, ou si Cindy l'apprenait d'une manière ou d'une autre. 

Bizarrement, je ne ressentais pas de culpabilité, je veux dire...il n'y avait pas de raison...si ?

D'accord, c'était vrai que techniquement, vu sous un certain angle, je conservais une position qui ressemblait un peu à celle d'un professeur envers son élève. Je ne voyais, malgré tout, pas totalement les choses de cette manière car ce n'était pas exactement la même situation.

Ziggy et moi n'avions que trois minuscules années de différence, ce qui n'était rien selon moi. La seule ombre au tableau, était que beaucoup de gens pensaient qu'un couple de deux personnes du même sexe demeurait contre nature.

En ce qui me concernait, j'avais toujours eu du mal à comprendre ceux qui refusaient d'avoir une certaine ouverture d'esprit. On devrait pouvoir être libre d'aimer qui l'on voulait sans craindre les jugements ni les réactions hostiles.

De toute façon, je m'emballais sans doute trop vite à propos de Ziggy et moi. Cela faisait parfois partie de mes défauts.

Peut-être qu'elle avait simplement répondu à une envie du moment et qu'elle considérait ce baiser comme une expérience. Après tout, je préférais être sure avant de m'enflammer, et de finir par me rendre compte qu'il s'agissait d'un malencontreux quiproquo.

Ce qui m'apparaissait désormais comme une évidence, était que la rousse ne me laissait pas complètement indifférente. J'aimais sa façon de me regarder et de m'écouter, qui me donnait l'impression d'être utile et de compter pour elle. J'aimais aussi son côté rebelle, bien qu'il m'ait donné du fil à retordre à mes débuts de mon séjour au camp, mais surtout, je n'avais plus l'impression d'être seule.

J'allai récupérer la liste du groupe de campeurs que je devais accompagner au musée, et j'aperçus Charlie, tenant justement entre ses mains, le papier que j'étais venu chercher.

-Pardon mais, je crois que tu t'es trompé. C'est moi qui suis censée m'occuper de cette sortie, annonçais-je en essayant d'être la plus polie et courtoise possible.

Le jeune homme me toisa avec perplexité.

-Bon, ben apparemment on est en binômes sur ce coup-là, m'apprit-il posément.

Autant dire que ça ne m'enthousiasmait guère, vu l'ambiance dans laquelle on s'était quitté.

Je fus néanmoins soulagée de constater qu'il n'y avait aucune trace de colère ou de ressentiment, dans sa façon de se comporter en ma présence. Il fallait que je m'efforce d'y voir une manière d'arranger la situation, au lieu de me persuader que ça risquait d'empirer.

Je m'étais doutée que je n'allais pas assurer la charge des pensionnaires toute seule, durant cette visite extérieure. Je pensais seulement qu'un instructeur plus âgé assurerait à mes côtés. Je n'avais pas imaginé que Charlie aurait pu prendre part à l'excursion.

-D'accord, tu veux bien me laisser faire l'appel ? questionnais-je, prenant les devants.

-Ok et en échange, s'il y en a un qui fait l'idiot, je m'occuperais de le recadrer, répondit-il en me donnant la feuille, ainsi qu'un crayon.

Cauchemar Sanglant ➞ Ziggy BermanWhere stories live. Discover now