Chapitre 3

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L'événement se déroulait à l'intérieur de l'édifice qui faisait principalement office de salle de théâtre, bien qu'il pût aussi servir à la réalisation d'autres ateliers lorsqu'un créneau horaire était libre.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours détesté le théâtre. Je me rappelle encore les spectacles de fin d'année en primaire, qui étaient pour moi une source d'angoisse et une épreuve.

La raison plus "profonde", venait du fait que j'aimais évoluer dans l'ombre et que la discrétion me satisfaisait, à l'opposé de ma sœur, qui se délectait de chaque seconde d'attention portée sur elle. Son truc c'était le chant. Elle voulait devenir chanteuse et elle était extrêmement douée. Je ne dis pas ça parce qu'elle comptait pour moi mais parce qu'elle avait un talent incontestable. J'étais persuadée que son destin la transporterait encore et toujours plus haut sous les feux des projecteurs, mais ça, c'était avant qu'elle ne quitte ce monde.

Le moment était mal choisi pour ressasser le passé, même si ma sœur et les terribles événements ayant accompagné son décès, quittaient rarement mes pensées.

En passant par le chemin, aux côtés de Cindy, je distinguai la silhouette de Madame Lane postée devant l'infirmerie, buvant le breuvage d'une tasse qu'elle tenait à la main. Elle nous gratifia d'un petit signe de salut, que nous lui rendîmes poliment. Son visage restait malgré tout impassible et figé comme bien souvent mais personne n'osait critiquer son allure, tout le monde savait qu'elle en avait bavé et rien d'étonnant à son comportement, quand la vie ne nous a pas épargné.

En pénétrant au sein de la bâtisse, je manquai de percuter Alice qui se trimballait avec deux piles de gobelets en plastique.

-Oh tiens, salut toi. J'accepte avec plaisir que tu me donnes un coup de main princesse, fit Alice en me refourguant sans ménagement son chargement dans les bras.

Venant de sa part, je doutais que le mot "princesse" soit un compliment mais, elle avait pris l'habitude de m'appeler comme ça dès le jour de mon arrivée et je ne m'y étais pas opposée.

-Non mais tu exagères ! clama Cindy en s'adressant à son ancienne amie.

J'ignorais précisément pourquoi ces deux étaient fâchées, alors qu'apparemment elles avaient été proches durant un certain temps. À vrai dire, vu la totale différence de leurs comportements, j'avais carrément du mal à les visualiser en bon terme, alors amies, encore moins.

-Je ne t'ai pas demandé ton avis Madame la traîtresse, asséna froidement Alice à l'intention de Cindy.

Je ne pipai mot, voulant à tout prix me sortir de cette situation dont j'étais l'intruse. Je les contournai et m'échappai hâtivement, les abandonnant à leur confrontation.

J'agrippai au mieux les tours en plastique, priant mentalement pour ne rien faire tomber car j'avais conscience que le mot "maladresse" pouvait quelquefois m'être attitrée.

Ce fut un soulagement lorsque je vis Charlie s'élancer vers moi pour me décharger de mon fardeau, qui commençait à osciller dangereusement.

-Merci, j'étais à deux doigts de tout faire tomber, fis-je, annonçant l'évidence.

-C'est pas du verre de toute façon donc détend toi, m'apaisa affectueusement Charlie.

-J'ai remarqué que tu avais les bons mots pour me rassurer, heureusement que tu es là, déclarais-je gaiement en le suivant jusqu'aux tables, installées pour l'occasion.

Un fin et délicat sourire se peignit sur son visage tandis qu'il déposait les récipients, puis, ses pupilles claires se dirigèrent à nouveau dans ma direction et une lueur passa sur ses traits. Il se pinça les lèvres avant de prendre la parole :

Cauchemar Sanglant ➞ Ziggy BermanWhere stories live. Discover now