Chapitre 5

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Assise en tailleur sur un tapis de gym, je pris une profonde inspiration avant de relâcher la tension de mes épaules. Joan avait insisté pour que je participe à son cour de yoga et, ayant du temps libre cet après-midi, j'avais fini par accepter.

J'avais du mal à ressentir une détente absolue mais je faisais de mon mieux, pour reproduire correctement les différentes positions que nous enseignaient Joan. J'avais la chance de posséder une certaine souplesse qui me rendait la tâche moins difficile, même si je trouvais parfois les poses assez...inconfortables.

Tout à l'heure, j'avais brièvement discuté avec Ziggy tandis que nous préparions nos sandwichs. La conversation était assez fluide et naturelle mais, je m'étais rendu compte, qu'elle semblait se retenir d'aborder un sujet plus profond que nos échanges de banalités du style: "Quelle est ta nourriture préférée ?" ou, lorsque je lui ai demandé comment elle s'était débrouillée pour libérer les lapins de leur enclot, sans que personne ne s'en aperçoive sur le moment. D'ailleurs, je sais que je n'aurais pas dû avoir l'air si fière lorsqu'elle m'a raconté son "exploit" mais, pour le coup, je trouvais que c'était une bonne action.

À deux reprises, je la surpris à s'humecter les lèvres et à les garder pincées l'une contre l'autre, comme si elle hésitait à me confier ce qui lui traversait l'esprit.

C'est alors que Cindy Berman apparut sur le seuil de la pièce. En nous voyant, elle fronça les sourcils et ses yeux naviguèrent entre Ziggy et moi, avec une sorte de suspicion étrange. Elle évoqua la dispute dont elle avait entendue parler et je pris automatiquement la défense de Ziggy, en expliquant à sa sœur que cette fois-ci, c'était bel et bien de ma faute et que les choses s'étaient arrangées.

Cindy avait lâché un :

"Hum je vois ça," avant de me prendre à part pour savoir si j'allais mieux depuis hier, car son planning de la matinée ayant été chargée, nous n'avions pas vraiment eu l'occasion de nous parler. À l'évidence, elle avait envie d'en savoir plus à propos de la soirée et de Charlie. Je voyais qu'elle essayait de se renseigner avec subtilité mais ça ne suffisait pas à masquer sa sincère curiosité. Je lui répondis la vérité, tout en omettant certains détails évidemment susceptibles d'impliquer Ziggy. Pendant que je discutais avec sa sœur, la rousse avait visiblement décidé de s'en aller. Je continuais donc à échanger avec Cindy, jusqu'à ce que celle-ci s'éclipse pour aller voir Tommy. Je la taquinais légèrement comme à mon habitude, avant que Joan vienne me trouver pour m'inciter à rejoindre son cour.

Voilà qui expliquait que je me trouvais à présent, en train de pratiquer la posture du pigeon. Je devais paraître ridicule mais bon, je n'étais pas la seule à le faire alors ça me réconfortait. Une fois la corvée terminée, j'empruntai la direction de l'infirmerie car un poste téléphonique s'y trouvait. J'avais envie d'appeler ma famille et de prendre de leurs nouvelles.

Je remontai donc le petit sentier de terre pendant quelques minutes, croisant ci-et-là, la route d'enfants chahuteurs, jusqu'à parvenir à ma destination.

La clochette retentit lors de mon entrée et je ne pris donc pas la peine de m'annoncer.

-Ah madame Lane, vous voi-s'interrompit une voix familière, émergeant du bureau de l'infirmière en question.

Surgissant énergiquement à mon encontre, je tombai sur Ziggy qui faillit littéralement me rentrer dedans. Elle eut un mouvement de recul et plissa le front de confusion, lorsqu'elle se rendit compte que je n'étais pas la personne qu'elle croyait.

-Je ne savais pas que Madame Lane t'avait autorisée à aller fouiller son bureau pendant son absence, fis-je remarquer ironiquement à la rousse.

-J'étais pas en train de fouiller ! protesta-t-elle. Je cherchais juste Madame Lane...et j'ai vu ce carnet.

Cauchemar Sanglant ➞ Ziggy BermanWhere stories live. Discover now